YARK: communiqué ou tissu de mensonges?
On l’attendait. Eh bien, le communiqué du ministre de la Sécurité et de la Protection civil a été rendu public en fin de journée comme c’est le cas après chaque manifestation publique réprimée par les forces de l’ordre. Communiqué, disent certains. Tissu de mensonges, affirment d’autres. Mais toujours est-il que le contenu de la note du Colonel Damehane Yark engendre beaucoup de polémiques.
« Ce jour 23 mai 2013, les groupes de manifestants se réclamant du Collectif ‘’Sauvons le Togo’’ et de la coalition Arc-en-ciel ont perpétré des actes de violence et de vandalisme en divers points de la capitale et particulièrement dans les quartiers Bè, Hanoukopé, Nyékonakpoè et Kodjoviakopé. Des barricades ont ainsi été érigées sur l’avenue Bè Pas de Souza et sur le boulevard circulaire perturbant gravement la circulation routière », peut-on lire dans les premières lignes du fameux communiqué du ministre Yark.
« Ces groupes qui tentaient de manifester sur la voie publique en violation des mesures d’interdiction prises conjointement par le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales et le ministre de la sécurité et de la protection civile, dans le souci de préserver l’ordre public, ont également détruit des biens, en particuliers des véhicules et commis des voies de fait sur des représentants des forces de l’ordre dans l’exercice de leur fonction », poursuit cette note qui ajoute qu’un brigadier de police de faction, a été grièvement blessé par les manifestants au niveau de l’ancienne Lonato, de même que des policiers en service de régulation au rond point du marché de Bè qui, dit-on, ont été agressés à la machette.
Tout en condamnant « fermement ces agissements » le ministre de la sécurité et de la protection civile a tenu à rappeler que « nul n’est au-dessus de la loi ».
Par ailleurs, vingt personnes ont été interpellées au cours des échauffourées de jeudi et seront présentés au Procureur de la République, dit le communiqué de Yark.
La version des faits telle que présenté par le ministre Yark est-elle la vraie ? La question mérite d’être posée vu qu’il y a de quoi douter du contenu du communiqué d’un ministre qui a habitué les Togolais aux mensonges.
Par ailleurs, depuis sa nomination, les enquêtes ouvertes par l’ancien Directeur général de la gendarmerie n’ont jamais abouti. Les miliciens armés de gourdins, de coupes-coupes, de haches et de machettes qui ont agressé les sympathisants du CST à Adewui le 15 septembre 2012 sont toujours en liberté, alors que le colonel Yark a dit les avoir identifié et que la justice s’en chargera. Jusqu’alors, chose étonnante, Aucun d’entre eux n’a été présenté au procureur.
Bref, quand il s’agit de faits reprochés aux militants de l’opposition, les enquêtes aboutissent très vite. Mais quand ce sont les milices du pouvoir qui s’illustrent de part leurs comportements agressifs et dangereux, ils ne sont en aucun moment inquiétés. Dans ces conditions, comment Yark Damehane voudrait-il qu’on puisse croire en sa version ?
Rodolph TOMEGAH