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Tribune libre COVID 19 : Critique de la théorie des 10 paradigmes du Pr.  Robert DUSSEY

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Par Carlos KETOHOU (Lomé, le 18 mai 2020)  

C’est une véritable épistémologie des paradigmes liée à cette pandémie que le diplomate philosophe, le Professeur Robert Dussey  a exposée dans son article. Le professeur philosophe, en énumérant 10 paradigmes liés à l’apparition de la pandémie a été superficiel dans son analyse. C’est vrai, les limites tous azimuts de l’homme et de ses connaissances, les bouleversements sociopolitiques et économiques, les leçons à tirer d’une crise pandémique qui impose des actions collectives, le dégonflement de l’orgueil de dirigeants face au goût excessif de l’abondance au détriment des populations, fondement des inégalités révoltantes sont explorés dans l’article de Robert Dussey.

Seulement l’auteur  n’a pas recentré le débat autour de la théorie de la sélection naturelle. Une évidence exprimée par l’apparition de la pandémie, sans doute un peu trop impie pour l’ancien séminariste franciscain et homme politique, surtout diplomate qui sait peser les mots et maquiller les phrases.

La théorie de Darwin sur l’évolution, selon laquelle l’élimination naturelle des individus les moins aptes dans la « lutte pour la vie » permet à l’espèce de se perfectionner de génération en génération. Cette théorie semble se réaliser dans la réalité de la pandémie à la Covid 19.

Les individus les plus frappés par la maladie qui ravage des grands Etats comme la Chine, les Etats Unis, l’Italie, l’Espagne, la France, l’Angleterre etc. sont des personnes à faible résistance à la vie ; donc très fragiles. Elles sont enrayées systématiquement, victimes de la théorie darwinienne comme les dinosaures face aux changements climatiques et aux dérives  wagneriennes des continents.

En occident, ces personnes constituent naturellement, sans hypocrisie, des charges énormes pour les Etats. Les dirigeants sont obligés de le supporter en raison des lois, sociales, qui mettent l’humain au centre de la vie, même s’ils ont parfois le regret de continuer à supporter des charges à la limite inutiles : des gens qui ne produisent pas ;  que l’Etat  est obligé de faire consommer avec boulimie.  Aides médicaux d’Etat, gestion des retraites, suivis dépensiers quotidiens des personnes frappées par les maladies de vieillesse et autres cas de refugiés.

Il y a aussi, à n’en point douter des personnes à santé fragile dont le vécu quotidien affecte l’Etat, financièrement, les proches parents et amis, moralement et psychologiquement, et la personne elle–même qui subi les affres de la maladie au quotidien.

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La COVID-19 n’est elle donc pas venue effectuer cette sélection naturelle pour alléger les charges étatiques et humaines qui ralentissent le développement ? Faut-il en rire ou pleurer, dans l’optique aristotélicienne de la sélection : puisque dans tous les cas, on avance inexorablement dans les périodes d’après pandémie à la presque fermeture des maisons de retraite et à la disparition de certaines graves endémies qui continueraient d’imposer leurs trames, si COVID 19 n’y était pas intervenue.

Le professeur Dussey est libre penseur. Il annonce un nouvel ordre mondial d’après pandémie qui devrait « replacer l’homme au centre des préoccupations mondiales… ». C’est honnête, venant de la part d’un ministre du gouvernement d’un pays africain, pas n’importe lequel, le Togo.

C’est une auto flagellation, à la limite, une audace pour Monsieur Dussey qui vient de faire une sévère remontrance à ses employeurs, chefs d’Etats notamment qui classent la dignité humaine dans la rubrique des soucis subsidiaires.

En Occident, malgré le gout excessif du capitalisme, la personne humaine bénéficie du minimum de droit et de bien être, au point où, les animaux soient devenus des bénéficiaires de ces droits, droits des animaux qui les protègent plus qu’ils n’en protègent les droits de l’Homme dans la plupart des pays africains. Pour être plus simple, les animaux en occident sont plus heureux en jouissance des droits que les êtres humains en Afrique.

Le nouvel ordre mondial de Dussey devrai donc  interpeller la conscience des dirigeants africains à ce sujet. Garantir le droit de la personne.

L’ami Robert Dussey dans sa maïeutique politique  établit un lien obligatoire entre l’homme et son environnement. C’est un contraste philosophique entre l’homme et la nature en fonction des conceptions et des débats scholastiques homme et nature.

L’extrême promiscuité entre  l’homme et son environnement a prouvé que l’environnement est un loup pour l’homme.

La preuve, ce sont les chauves souris et les pangolins dit-on, qui ont entraîné l’humanité dans cette pandémie au pléonasme, meurtrière, par la contamination a ce fichu virus.

Et que dire de la motivation cartésienne qui demande à l’homme d’être maître et possesseur de la nature. En terme moderne, exercer la force et la violence sur la nature, qui, avec la COVID 19 devient une ennemie, à combattre et à abattre. Comment concilier cette fameuse contradiction, respecter l’environner et le combattre, non seulement pas pour survivre, mais aussi pour se légitime-défendre ?

Robert Dussey a raison sur cet autre aspect de l’analyse. Le monde est démystifié. La science est démystifiée. Les découvertes pharmaceutiques, les firmes et les prix scientifiques distribués ça et là ont connu leurs limites avec la COVID 19.

C’est sans doute une nouvelle humiliation infligée à  l’intelligence humaine, à la science, ce que la psychanalyse qualifie des blessures narcissiques ; qui désignent en histoire des sciences, certaines ruptures épistémologiques à l’origine d’une désillusion de l’être humain quant à sa toute-puissance supposée.

C’est pour résumer, pour ma part, dans le prolongement du concept freudien, la quatrième humiliation.

Dans l’introduction à la psychanalyse du philosophe allemand, Sigmund Freud, l’Homme a subi au cours de son histoire moderne trois humiliations qui l’ont amené à repenser sa destinée.

Ces mauvaises nouvelles (humiliations) sont liées à trois découvertes scientifiques qui ont bouleversé les données.

La première, avec Nicolas Copernic qui a démontré que la terre n’est plus le centre du monde, donc l’homme n’est plus le centre de la création.

La deuxième humiliation sera avec Darwin pour qui l’homme n’est plus le fils de l’homme mais le produit d’une simple évolution sans généalogie ni plus d’histoire,

et la troisième avec Freud lui-même qui a démontré que l’homme n’est pas le maître en lui-même. « …son âme, son psychisme tout son être, ses pulsions. Il est esclave de son surmoi,…. » Comme pour résumer que le «  moi règne mais ne gouverne. »

Aujourd’hui, l’humanité vient de connaître à la suite de Freud, la quatrième humiliation :

La science et la médecine ont montré des  limites  face à l’inconnu ;  un microscopique virus baptisé Corona, qui fait des milliers de morts sans que tous les prix Nobel de la médecine et toutes les gloires pharmaceutiques n’aient pu trouver un remède adéquat, plutôt que du bricolage meublé de polémiques.

Cette blessure narcissique infligée à l’homme recentre l’objet même de la philosophie avec le père de la discipline Socrate : «  ce que je sais est que je ne sais rien… » avec une humanité que semblait tout savoir.

Revenons-en à l’inégalité. De quelle inégalité parle le diplomate Dussey ? Si c’est de celle attribuée à la gestion de la crise pandémique, je porte des réserves. L’inégalité a toujours existé, depuis la création. De toutes les situations, elle s’est illustrée et dans le concept de la COVID19, elle n’est pas extraordinaire, néanmoins, il est important de combler en partie le fossé de cette inégalité par la prise de conscience, l’humilité, et l’esprit d’engagement.

C’est peut-être ce qu’impose la solidarité entre les hommes et les nations. La générosité jamais pensée s’est invitée depuis l’apparition de la pandémie, même si elle n’obéit pas au système égalitaire, puisque l’égalité n’existe pas.

Il y en a qui sont plus forts que d’autres, puis puissants que d’autres, plus beaux que d’autres, plus riches que d’autres, plus intelligents que d’autres, et plus et plus et plus….

Mais la valeur de l’état supérieur se mesure à son partage au profit des faibles. Et ce sont les bénéficiaires qui authentifient par leur satisfaction de la portée de votre supériorité.  Plus simple, il n’y a que le pauvre à qui on donne qui peut authentifier la valeur de la fortune d’un riche.

L’égalité a d’abord pour fondement le partage osmotique des valeurs pour créer l’équilibre. C’est le principe remarqué dans la gestion de la pandémie.

La COVID-19 nous a envoyé, si nous restons dans l’optique philosophique, dans une dimension métaphysique. La MORT.

Devant la mort, tous les êtres sont égaux. Tous se plient devant la mort, tous courbent l’échine, tous ont la même peur de la mort. La COVID-19 nous met dans un spectre de la vie de la mort.

Comme si c’est une PREMIERE MORT. Si on n’y a résisté à travers l’application des gestes barrières, on connaitra la seconde mort, celle éternelle. Beaucoup de leçons à tirer.

Le professeur Robert Dussey a le mérite de diagnostiquer  avec une dextérité diplomatique, les faiblesses d’une humanité narcissique qui vient de se faire dégonfler par un micro virus, l’esprit boulimique de dirigeants réfractaires  à la création des conditions optimales pour l’égalité des êtres, et à la communion des potentialités dans la fameuse théorie des grands ensembles pour résorber la pandémie. C’est biau….

Seulement le ministre togolais des affaires étrangères  n’a pas ouvert le débat sur la volonté de puissance de chaque être à contribuer comme le personnage mythique de Nietzsche, à chercher à sauver toute l’humanité, comme le fait le Madagascar.

L’heure n’est pas seulement à la mise en commun des potentialités individuelles pour soulever les grands fardeaux, mais aussi à la  prétention gargantuesque de se sauver et de sauver l’humanité comme l’enseigne le titre du célèbre ouvrage de Jean-Paul Sartre, « l’Existentialisme est un humanisme » : tant que nous avons la chance d’exister, nous avons l’obligation d’exister pour nous et pour toute l’humanité dans l’humanisme le plus simple du terme. La COVID 19 nous l’impose. Fraternellement à toi, Robert Dussey.

Carlos KETOHOU (Lomé, le 18 mai 2020)  

 

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