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TOGO : OTR : LE MONSTRE EST NÉ

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ayassor
                                      

Toutes les analyses macroéconomiques recommandent des mesures spécialement draconiennes en cas de crise, ou d’austérité s’il s’agit d’une économie. La prévention de crise  dans les cas extrêmes interpelle les Etats à prendre des mesures particulières si la menace est perçue et réelle. Mais, une situation stable, plutôt florissante n’autorise en principe pas de reformes en profondeur, mais nécessite des réajustements techniques et prévisionnels pour corriger les insuffisances. Le Togo d’après les statistiques officielles connaît un taux de croissance économique exponentiel ; donc pas de panique. Mais curieusement, c’est face à cette situation de stabilité que les autorités ont décidé d’introduire un nouvel instrument qui risque, à l’allure actuelle de produire des résultats contraires aux objectifs. L’OTR, d’après nos enquêtes est une aventure ambigüe dont les effets directs et collatéraux vont affecter toute l’économie togolaise. De l’idée du lancement de cet instrument, en passant par l’accueil des personnes concernées, entre les investissements risqués pour sa mise en œuvre et l’esprit du projet, dans la foulée des missions et les personnalités qui l’incarnent, voici l’OTR, le New Deal togolais, un monstre dévastateur de l’économie.  

Le Togo a de la chance. Il possède un port en eau profonde convoité par des pays de la sous région qui se modernise dans son extension et son exploitation, l’industrie minière du Togo a le vent en poupe, avec l’extraction de minerai destiné à l’exportation. Le phosphate, le marbre, le clinker,  l’or et ses dérivés, le calcaire font du Togo un scandale géologique. Dans le domaine agricole, le Togo ravitaille en céréales des pays voisins ; les sociétés d’État, si elles étaient bien gérées apporteraient encore plus que ce qu’elles produisent comme recettes aujourd’hui. Les autorités ont donc de bonnes raisons de se réjouir de diriger un Etat qui est naturellement nanti et ont le devoir d’entretenir ces atouts avec la plus grande dextérité.

C’est sciemment que nous avons décidé de prendre l’exemple de certaines réalités économiques pour engager ce dossier. Imaginez un instant qu’en démarrant la construction du troisième quai par le groupe Bolloré, les experts de manutention décident de racler l’ensemble des infrastructures du Port autonome de Lomé, bâtiments, quais, terminaux, qui seraient jugés  anachroniques face aux réalités technologiques actuelles. L’objectif serait d’après ce postulat que nous développons de doter le port d’un look plus moderne et plus rentable. Entre temps, pendant la période des travaux, il se serait installé une latence et même une démission en attendant les nouveaux ouvrages. La perte sera énorme pour l’économie, incontestablement cela s’appelle, jeter l’enfant avec l’eau du bain. Caricature simple pour décrire le fait. Cette démonstration assez bête semble illustrer la façon dont les autorités togolaises avec à leur tête le ministre des finances introduisent dans l’économie l’Office Togolais des Recettes. C’est une idée qui germait depuis  2008 et qui est une mission kamikaze du Ministre Adji Otheth Ayassor avec la complicité d’un groupe de Burundais et Rwandais dont Henry  Byakaperi Kanyesiime qui fréquentaient régulièrement le palais de la Marina. La mauvaise idée a pris forme chez Ayassor, contaminé de force aux ministres, endormi le Chef de l’Etat pour se mettre en exécution.

C’est donc le 02 octobre 2012 que le décret de nomination du comité de pilotage a été pris pour engager la mise en œuvre du projet. C’est le début d’une aventure qui s’annonce suicidaire.

Depuis vendredi dernier donc, on connait les trois commissaires qui vont diriger le projet de l’office. Le rwandais Henry  Byakaperi Kanyesiime, commissaire général et les togolais Kodjo ADEDJE  à la douane, Adoyi Essowavana aux impôts. Ce n’est qu’une des étapes de ce long et fastidieux processus qui a encore des longs jours devant lui, dans la contestation intime et silencieuse des personnes qui sont appelées à œuvrer pour la réussite du projet, du moins de la plupart.

Mais à l’heure où nous parlons, face aux constats et aux objectifs fixés par l’OTR, à l’analyse macroéconomique des régies financières ciblées, la douane et les impôts, face aux derniers chiffres enregistrés par les deux structures, le projet d’OTR est-il opportun ? Passons aux chiffres.

Des chiffres révélateurs

De 4,9 milliards en 2008 pour la consommation des véhicules, les recettes annuelles en 2010 avec l’introduction du COTEC sont  montées  à 10,9 milliards. Depuis on a plus connu de baisse.

De 2009 à 2013, les recettes douanières ont connu un accroissement de 43,43%. De 123 milliards donc en 2009, nous en sommes arrivés à 205 milliards en fin novembre 2013.

Aux impôts, les recettes ont aussi grimpé. En 2008, les impôts ont totalisé 97,6 milliards contre 131 milliards à la fin de septembre 2013. On a avoisiné donc les 180 milliards à la fin de l’année écoulée.

Les observateurs économiques, dans les statistiques prévisionnelles ont estimé que ces chiffres pourront augmenter de plus de 40% dans les cinq prochaines années si les logiciels appliqués actuellement ont été actualisés et si la rigueur dans l’éthique, la bonne conduite et la déontologie est sérieusement suivie.

L’administration des douanes utilise actuellement le logiciel Sydonia ++ qui a permis de réduire les fraudes et les magouilles facilitées par le système manuel d’attribution des valeurs. Il permet également de suivre la traçabilité des opérations et a l’avantage d’assurer la transparence des recouvrements. La dernière version de ce logiciel plus efficace et plus performante est déjà créée. Point de question, il ne reste à la douane que de s’en procurer pour renforcer le système.

Aux impôts, c’est le logiciel dépassé de gestion des impôts qui est encore utilisé. Le logiciel GESCO, il est vrai, repose sur une technologie lourde et dépassée. Solution simple, le remplacer.

Pour renforcer le système des deux régies, il est possible comme le font déjà certains pays d’établir un guichet unique. Pour cela, l’on n’a en principe pas besoin d’un office togolais des recettes. Le système du guichet unique est déjà dans sa phase d’expérimentation et ça marche assez fort. Voilà donc les arguments qui militent en faveur  du maintien de régies financières actuelles, dans leur état, sous réserve d’un coup de balai pour redresser des imperfections. Dans ce cas, l’arrivée de l’OTR s’avère totalement inopportune.

Des craintes qui cachent une privatisation.

L’objectif de la création de l’OTR d’après le document stratégique de mission est de mettre en œuvre un système de gouvernance amélioré, des outils de management moderne et d’impliquer les partenaires. Pour le projet, la culture de la transparence, de la performance, des sanctions, de l’intégrité et la nécessité de rendre compte sont les maîtres mots de l’instrument. Mais seulement il y a mal en la demeure.

La mission et l’esprit de l’OTR sont très dangereux et suicidaires pour l’économie togolaise. L’OTR a la responsabilité et l’autorité de déterminer l’organisation de l’institution, la possibilité d’allouer son budget, l’autorité de déterminer ses objectifs,  d’engager, de renvoyer, de déterminer le niveau de salaires du personnel à l’intérieur de son budget. Il y a pire, le personnel de l’OTR, donc de la douane et des impôts n’est pas régi par le statut de la fonction publique. C’est le scandale total. Cela signifie, vendre la Douane et les impôts du Togo à un groupe de personnes. Il ne reste que ces personnes tapies dans l’ombre de ce projet soient invités à acheter des parts d’actions et le jeu est joué, les impôts et la douane deviendront la propriété privée d’un groupe d’individus rwandais, togolais et burundais. « Mais pourquoi les fonctionnaires de la douane et des impôts supportent et acceptent cette reforme. Sous d’autres cieux, ils en seront déjà dans la logique de la contestation absolue » nous a déclaré un diplomate allemand qui trouve que ce projet est un grand recul pour l’économie du pays. C’est une hérésie politicoéconomique qui aura des conséquences néfastes sur l’ensemble du pays.  

Des motifs de corruption assez fallacieux

C’est vrai, toutes les administrations togolaises sont infectées par le syndrome de la corruption. Dans un pays normal, la corruption et les malversations sont punies par la loi. Les auteurs répondent de leurs actes devant des juridictions compétentes. Le Chef de l’Etat prend ses responsabilités face aux auteurs.

Mais malheureusement, au Togo, l’impunité sur les crimes économiques est un sport national. Gnassingbé Eyadéma, en 2001 avait mis en place une commission anti-corruption qui a fait du bon travail. Mais la suite est amère. Des hommes comme Jonathan Fiawoo, jeté en prison pour malversations financières, pavane aujourd’hui à la tête de la chambre de Commerce en toute impunité, se réclamant ami du Chef de l’Etat. Des individus comme l’ancien Ministre Boukpessi chassé du ministère pour malversations sont impliqués dans les mêmes projets de transparence en qualité de président de la commission des fiances de l’assemblée nationale.

Les impôts notoirement reconnus comme mal gérés pendant des années par le document stratégique de l’OTR voient simplement l’auteure des malversations nommée ailleurs, sans aucune forme de procès. Les exemples font légion.

On ne combat pas la corruption en ayant peur des auteurs et en inventant des concepts stupides et inefficaces de contournement. Bref, inutile de monter le ton, puisque, Barry Moussa Barqué, Ministre conseiller depuis des décennies, l’homme qui est au centre de tous les scandales  économiques et financiers se trouve être le Directeur du comité de pilotage. Dans la foulée, (voir organigramme), il est créé un conseil d’administration que le sieur Barqué s’échauffe à présider.  Le Togo est une pétaudière, un temple de troglodyte où la robe commande l’’épée et où les responsabilités d’Etat ne sont pas assumées avec rigueur.

Des acteurs contestés et contestables.

La plus grosse bévue des autorités togolaises est d’avoir nommé un commissaire général du nom de Henry Byakaperi Kanyesiime alias Gapéri. On n’amène pas un étranger dirigé les poumons de l’économie d’un pays. L’argument de l’absence de togolais dans les appels à candidatures ne tient pas. Le Togo a des compétences à faire valoir et mieux que Gapéri.

Le profil de Henry  Byakaperi Kanyesiime est drôle. Toutes les informations le concernant sur les moteurs de recherche internet sont apparues seulement que le jour  de sa nomination. Il n’a pas de background sur Internet. C’est suspect. On raconte qu’il a dirigé une banque chez lui, qu’il a dirigé l’OTR dans son pays, mais avec quels résultats et pourquoi il n’y a pas de traçabilité de ses actions dans les moteurs de recherche. Et puis, là ou le profil de ce monsieur est encore ubuesque, c’est l’abréviation de son nom. Henry  Byakaperi Kanyesiime alias Gapéri. C’est dans le monde du showbiz qu’on se permet ces sobriquets et ces alias. Un fonctionnaire international sérieux ne se permet pas ces petits écarts d’abréviation de nom. Dans le monde économique togolais, il est contesté et c’est le début de l’échec d’un instrument poreux. Pourquoi Henry  Byakaperi Kanyesiime ne continue pas à servir chez lui s’il est capable de redresser les économies ? Beaucoup d’interrogation à propos de ce type.

Nous aurons l’occasion avec  nos enquêtes  qui se poursuivent de présenter les autres membres, le sieur Kodjo ADEDZE de la douane et Adoyi Essowavana des impôts. Il semble que lui, en bon musulman, est un polygame endurci, 5 épouses déclarées, il n’était pas de mèche avec l’ex-directrice des impôts, ce qui lui a valu de fréquentes sanctions.  Bref, nous reviendrons sur ce profil.

Ailleurs dans ce comité de pilotage, on retrouve des personnalités aussi sulfureuses, les unes que les autres. L’ancien Ministre d’Etat Dadzi a eu la présence d’esprit de s’échapper de ce pétrin, de cette ambigüité qui n’a pas un avenir sûr. Les chances de réussir de l’OTR sont maigres.

Le système logiciel qui sera appliqué va fonctionner pleinement avec du web et de l’électricité en permanence. Or, il faut compter avec le réseau internet instable et les disfonctionnement de l’électricité. Le projet OTR a prévu l’achat des groupes électrogènes de relais : odieux.

Des dépenses folles qui asphyxient l’économie.

D’après les experts, les dépenses qui s’effectuent actuellement et qui restent  peuvent servir à moderniser de façon optimale les services de la douane et des impôts en vue de  maximiser les recettes de plus de 30% comparativement aux recettes prévisionnelles de l’OTR.

Des dizaines de milliards ont été déjà dépensées pour le recrutement de cabinet d’expertise, les missions au Rwanda, en Tanzanie, aux Iles Maurice, les recrutements. L’informatisation du système à elle seule coûte 13,5 millions de dollars soit environ 7 milliards de FCFA. La mission d’appui mise place dirigée par le super ministre Barqué semble elle-même douter des résultats c’est pourquoi dans ses conclusions, et sur la question du budget, il est dit que « le budget dépendra de la performance des recettes de l’office dans la collecte des recettes fiscales » une histoire du serpent qui mord sa queue, or, pour citer Boileau tout ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. L’économie est une science exacte et l’on n’a pas besoins de bégayer sur les chiffres en surfant sur les éventualités, c’est un échec.

Dans la foulée des dépenses folles, il est prévu la construction du siège de l’OTR, plusieurs milliards, l’indemnisation des agents de douanes et d’impôts menacés, des centaines de millions avec chagrin à la clé, des centaines de millions pour former et recycler le personnel adapté etc. Les prochaines recettes des douaniers et des impôts sont foutus, sont en danger. Alors que cet argent qui se puise dans les recettes de ces régies peut servir dans une proportion du dixième à renforcer le système actuel. L’OTR, ressemble fort à la typologie du projet Contour Global de fourniture d’énergie électrique. Le 10ème de l’argent investi dans ce projet d’après les experts,  pourra servir à créer un bon barrage hydroélectrique avec avantage de fourniture du courant en permanence, de promotion de la pêche, et de protection de l’environnement. Mais les intérêts des individus dont Barqué à pris le pas sur l’intérêt national pour accoucher un monstre nommé Contour Global.

On comprend donc pourquoi les institutions de Brettonwood ont exprimé leur réticence et leur réserve face à cette aventure périlleuse dénommée OTR.

L’opposition et les experts en finance et en macro économie ont un grand rôle pour arrêter  le l’hémorragie de l’économie togolaise. .

Pour résumer à un niveau plus bas, l’OTR est comme l’histoire des maçons qui exécutent les travaux sur un chantier sans problèmes et brusquement voient le propriétaire du chantier débarquer un nouvel entrepreneur inconnu pour imprimer une nouvelle touche  aux travaux malgré la résistance des ouvriers.

Ceux, soumis au patron acceptent et auront logiquement pour réflexe que les travaux sous le nouvel entrepreneur échouent pour donner une bonne leçon au propriétaire, et ensuite vont manifester dégout, paresse, et nonchalance face à la continuité du chantier. Cela s’appelle la contre performance et c’est ce spectre qui guette l’OTR, ce monstre enfanté par le ministre Ayassor.

Oh Marie Conçue sans péchés, Priez pour nous qui avons recours à vous !!!

Carlos KETOHOU

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2 Commentaires
  1. NaNo.net dit

    Monsieur le journaliste,
    Parlez nous un peu de la technologie dépassée du progiciel Ges’Co. Savez-vous que c’est un système temps réel où on suit à la seconde pres toutes les recettes de tous les centres des impôts du pays (puisqu’ils sont tous connectés à une seule et même base de données… a priori vous n’avez pas cette information; c’est un domaine que vous ne maîtrisez certainement pas; vous avez du écouter quelqu’un et vous avez pondu votre article)
    Avez-vous déjà fait un tour dans les pays de la sous-région (Bénin, Burkina, Sénégal, Côte d’Ivoire..) pour apprécier la qualité de leur système de gestion de la fiscalité? Avez-vous reçu des rapports d’experts du FMI, BAD, Banque mondiale qui disent qu’il faut le remplacer? Selon les infos, il a déjà fait 17 ans à gérer les recettes fiscales du pays; pas si mal pour un logiciel non
    S’il faut le remplacer, il faut le remplacer par quoi? Un système étranger qui coûterait des milliards à l’Etat(avec tout ce que ça comporte comme coût d’acquisition, d’installation, formation et les contrats de maintenance) alors qu’il y a une main d’oeuvre locale qui peut faire un travail propre à moindre frais? Ou est votre fibre patriotique?

  2. NaNo.net dit

    Un logiciel subit toujours des modifications pour son amélioration; quand Microsoft a sorti son windows 95 il y avait beaucoup de bugs; ensuite le système a beaucoup évolué; aujourd’hui on est à Windows 8. Demain ce sera une autre version. ça ne finira pas; c’est pour vous dire qu’au lieu de dire de remplacer le logiciel dont vous parlez, il vaudrait mieux parler de son amélioration…cela fait naturellement parti du cycle de vie tout logiciel.

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