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TOGO : Le secteur privé livré aux vautours et aux orties

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Le développement économique  de tout pays dépend du dynamisme et de la crédibilité des institutions de l’économie et de ses acteurs.  Le secteur privé joue un rôle important. Il est la vitrine de cette économie et est le porte-voix du pays auprès des investisseurs et des partenaires. Mais, le Togo s’illustre par la négativité. Le secteur privé souffre des affres de ses responsables.  Le Patronat est aujourd’hui bloqué, la chambre de commerce est gérée comme une épicerie, la caisse nationale de sécurité sociale traverse une crise d’usure et les grandes associations végètent dans  l’approximative. Entre conflits d’intérêt et de leadership, entre règlement de compte et coups de poignards, voici comment le secteur privé togolais est livré aux vautours et aux orties.

La dénonciation dans une précédente parution du projet SEGIM qui consiste pour des individus véreux à brader le patrimoine de la CNSS au profit de  leurs intérêts a soulevé une levée de bouclier. Une réunion des membres du projet prévue pour mettre en place le conseil d’administration n’a pu former le bureau et est reportée à une date ultérieure. Du coup une agitation légendaire se crée autour de la question. Les acteurs s’accusent mutuellement  d’avoir livré des informations, alors que sur la forme et le fond, il s’agit d’une opération malsaine de brader le patrimoine des représentants du secteur privé.

La bénédiction juridique attribuée au projet par le notaire Me Daniel Dosseh Adjanon pour tirer lui aussi ses bénéfices dans ces magouilles, rassure aujourd’hui les meneurs de la forfaiture qui trouvent maintenant le moyen de se débarrasser de certaines personnes gênantes du dossier.

C’est ainsi que de part et d’autre, chacun tire sur les ficelles pour sauvegarder ses  intérêts et tous les coups sont permis.

Le secteur privé devient donc, une grande mafia ou les chefs d’entreprises se livrent a des coups et des règlements de compte.

Au niveau du patronat c’est le sieur Ahlonko Stéphane Bruce qui bloque le fonctionnement du Conseil pour des motifs fallacieux. A la chambre de commerce, le débat sur la limitation de mandat est étouffé. A la caisse nationale de sécurité sociale, c’est le DG Walla qui refuse de partir, évoquant sa nomination par décret présidentiel signé du général Eyadéma.

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Ailleurs ce sont des concepts comiques et infructueux qui sont inventés au jour le jour  pour distraire l’opinion. Tout ce monde parle au nom d’un secteur privé qui a perdu tous ses repères et qui devient le poison de l’économie togolaise.

Bruce Ahlonko : un roi voyou

Ahlonko Marc-Stéphane Bruce est le  patron de la société Sigma spécialisée dans l’importation du riz et des tissus. Il est le président de l’association des importateurs du Togo donc un opérateur économique. C’est un fauteur de troubles. Après avoir semé la zizanie pendant la régence du trône royale de Gaba Sipohon, il s’est fait élire dans la contestation absolue et devient Nana Ohnikon XV. Ses pressions sont les mêmes. Il menace, intimide et argue qu’il est l’homme du Chef de l’Etat et que c’est Faure Gnassingbé qui le recommande aux populations.

Les mêmes pressions, il les exerce également au conseil national du patronat où il convoite le poste de Président. Il y a déjà plus de six mois que l’homme a été battu aux élections du patronat, il a consommé sa défaite avant de revenir saisir le tribunal pour contester les résultats.

Le  Conseil national du Patronat est une fédération d’associations professionnelles représentatives du secteur privé. Il regroupe les entreprises industrielles, de service du bâtiment et des travaux publics, des PMI et des PME. Selon les statuts, les membres lors des élections devraient être à jour de leurs cotisations avant d’être électeurs. Or, lors des dernières élections, la majorité des membres dont l’association des importateurs de Bruce n’étaient pas à jour. L’assemblée générale a donc décidé de passer outre cette disposition et de voter sans exclusive.

Au premier tour, il y a eu ballottage entre le président sortant Nakou et le sieur Bruce Ahlonko. C’est au second tour qu’une voix a basculé en faveur de Nakou qui est donc élu Président du CNP. Le candidat malheureux a d’ailleurs félicité son adversaire dans des accolades. Quelques mois après, c’est Bruce qui exhume des décombres la fameuse loi des cotisations pour lesquelles lui-même n’était pas à jour pour contester l’élection de Albert Kossi Nakou.

Il ajoute à son argumentation le refus de vote de l’association des professionnels de banque ; Or à ce niveau également, l’APB en question a suspendu depuis deux ans sa participation à la vie du Patronat. Raison simple, les représentants des banques ne sont pas les vraies propriétaires de  leurs entreprises et ne peuvent être éligibles au poste de président du Patronat. Voilà donc la vaine polémique évoquée par le sieur Bruce Ahlonko pour bloquer le fonctionnement du patronat. Dans ses dérives, il agit curieusement seul alors qu’il représente une association que devrait cautionner son action en justice.

Le Patronat togolais n’est pas fort. Il ne vole pas aux intérêts du secteur privé. Les membres roulent pour leurs intérêts personnels. La preuve, lorsqu’ils sont envoyés pour défendre la cause des organisations patronales, ils reviennent tondus. C’est le cas à présent de Marc Stéphane et aussi de Jean-Daniel SETHO. L’ancien PDG de CFAO est envoyé par le patronat pour participer au processus de privatisation de la BIA. Au lieu de rapporter la part des entreprises patronales dans cette opération, il a pris sa part en son nom personnel et devient administrateur. Même scénario dans le fumeux dossier de SEGIM où en sa qualité de représentant du patronat, a roulé simplement pour ses intérêts en engageant des actions. Tout ceci ne concourt pas à l’efficacité du travail des représentants du secteur privé qui n’ont aucune morale pour donner l’exemple. Lorsqu’on coupe le bois dans la forêt, l’écho le répète.

Au même moment toutes ces personnes qui critiquent la gouvernance Faure en privé se glosent à le revendiquer le jour pour assouvir leurs intérêts.

Débat de mandat à la Chambre de commerce

La Chambre de commerce qui devrait aussi être la vitrine de l’économie togolaise souffre de l’usure de sa présidence. Lentement, Jonathan Fiawoo, ancien prisonnier de la commission anti-corruption tire vers la fin de son second mandat de quatre ans. Quelques soit l’ambiguïté des statuts, il devrait penser à laisser la place à d’autres opérateurs après huit ans d’exercice ; encore que le bilan de sa gestion n’est pas éloquent.

Mais, le plombier Jonathan Fiawoo est réfractaire au débat sur la limitation de mandat et s’appuie sur l’ambiguïté des statuts qui ne dit pas si le mandat est renouvelable une seule fois ou non.  Toutes les demandes faites pour se réunir et clarifier ce point des statuts sont rejetées. Dans toute institution, l’alternance est le gage de la démocratie et de la bonne gouvernance. La réticence de Fiawoo à clarifier la question de son mandat ne facilite pas un épanouissement du secteur privé. Ça déménage donc à la CCIT.

La tête de NAKOU mise à prix

De toutes ces réticences à jouer franc jeu dans le fonctionnement de ces institutions du secteur privé, se trouve la question des intérêts à préserver pour des uns et des autres et non pour le secteur privé.

Le sieur Nakou Président du Patronat a émis des réserves sur le fonctionnement du projet SEGIM qui dépouille le patrimoine du secteur privé au profit de vautours qui s’en accaparent. Ses prises de positions vis-à-vis de la chambre de commerce militent également en faveur de l’alternance.

Il devient l’ennemi public pour les patrons des deux institutions. C’est ainsi que le Dg de la caisse, Koffi Kadanga Walla qui se sent menacé par la témérité de Nakou veut avoir les mains libres en l’enlevant à la tête du patronat.

Il fera alors d’une pierre deux coups, puisque Fiawoo aussi sera libre d’opérer son règne à vie à la tête de la Chambre de commerce.

Le mercenaire pour commettre le crime est donc choisi. Bruce Ahlonko Marc Stéphane ; Ils pensent donc que c’est l’annulation du l’élection de Nakou et son arrivée à la tête du patronat qui va faciliter les pillages des ressources du secteur privé. « Ils sont méchants, ils ne se soucient pas du secteur privé qui doit être fort, mais seulement de leurs intérêts » nous a confié un investisseur français dans un restaurant chic de Lomé.

Dans les deux cas, les intérêts sont assez visibles. Au patronat, il est projeté la construction du siège de la Fédération des patronats de l’Afrique de l’ouest, la FOPAO. Ce projet à cout de milliards aiguise les appétits gourmands de certains responsables du secteur privé, ceux qui, comme Bruce Stéphane veulent prendre les commandes. D’ailleurs le statut du chef traditionnel est incompatible avec d’autres postes électifs et on ne comprend pas l’obsession du roi « frelaté et contesté » à prendre la tête du Patronat. L’autre menu qui fait saliver au patronat est le prélèvement de 0,5% sur les cotisations des opérateurs du secteur privé. Beaucoup d’argent pour faire mieux tourner SIGMA et autres entreprises.

A la Chambre de commerce, les fonds de garantie évalués à plusieurs milliards, au lieu d’être conservés pour gérer  les risques et les dommages sont dépensés par le  Président sans complexe.

Les organisations qui animent le secteur privé aujourd’hui ne sont pas fortes. Les responsables ne sont pas crédibles. Des états généraux du secteur privé, pourquoi pas? L’autorité publique, notamment le ministre des finances ou la Présidence de la république devrait assainir les milieux des affaires qui regorgent de personnages peu scrupuleux qui sombrent le secteur privé dans leur intérêts en le livrant aux vautours et orties.

On s’étonne que toutes ces personnes qui sont impliqués les uns les autres dans les scandales financiers  continuent de se réclamer du Chef de l’Etat et de le revendiquer comme parrain de leurs forfaitures.

L’autorité de l’Etat est interpellée face aux dérives constatées dans le secteur privé. Sinon toutes les reformes économiques engagées par le pouvoir de Lomé tomberont à l’eau, par la mauvaise qualité du secteur privé et de ses responsables.

Carlos KETOHOU

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