TOGO : L’argent volé sera remboursé
L’histoire des fonds des moustiquaires détournés refait surface et semble être définitivement close avec la promesse des autorités togolaises de rembourser l’argent volé. Ce scandale qui a secoué les milieux de la santé et des partenaires n’a pas inquiété les autorités togolaises qui vont puiser dans les caisses pour payer ce que des individus ont détourné en tout impunité.
C’est à l’issue d’une réunion qui a rassemblé les partenaires du fonds mondial et des membres du gouvernement concernés par la situation que la menace a été brandie. Le gouvernement togolais, après avoir expliqué les circonstances du détournement ont reconnu la défaillance mais n’ont pas osé citer un quelconque, même si les ministres présents connaissaient bien ceux qui avaient opéré.
La discussion est devenue houleuse lorsque les autorités togolaises présentaient une mine de pitié comme pour demander aux partenaires de laisser tomber. Mais la fermeté de la délégation du fonds mondiale a vite remis les pendules à l’heure. Elle a menacé les autorités togolaises de suspendre les prochaines aides si ce remboursement n’est pas effectué. C’est ainsi que les membres du gouvernement se sont engagés, après les calculs à rembourser l’argent volé. Soit 377 millions de FCCFA.
Cet argent qui va être décaissé est un manque à gagner dans une période où les écoles sont perturbées et les hôpitaux en grève. Les enseignants et le personnel de la santé réclamant des meilleures conditions de vie et de travail, surtout en ce qui concerne leur rémunération.
Ailleurs, et c’est le plus grand scandale, les personnes qui sont sensées assumer cette situation sont totalement libres. Les uns, comme l’ancien Ministre Charles Kondi Agba a été simplement sorti du gouvernement pour rejoindre le Mécanisme Africain pour l’évaluation des Pairs (MAEP). Une institution qui, curieusement recommande la transparence et la bonne gestion des biens de l’Etat. Il se plaît d’ailleurs à accuser son prédécesseur, l’ancien premier Ministre Komlan Mally d’être au centre du détournement.
Pire, celui qui a signé l’acte d’affectation des moustiquaires, le Directeur général de la santé est libre comme un poisson dans l’eau.
Une chose pour le Togo est de rembourser les fonds issus des produits détournés et une autre est que les personnes impliquées dans ce détournement répondent de leurs actes. La lettre envoyée au ministère de la santé est assez explicite : « il est demandé “au ministre de la Santé de prendre des mesures appropriées à l’encontre des personnes responsables de l’utilisation détournée des 118 185 moustiquaires acquises avec les ressources du Fonds mondial, en raison de possibles violations du droit administratif, civil et pénal en vigueur en République du Togo”
Ce vœu des partenaires est pieu et est tombé dans les oreilles de sourds. La culture de l’impunité a le vent en poupe au Togo et le crime économique, les détournements et la corruption se sont érigées en méthode de gouvernement. Les auteurs jouissent totalement de liberté.
Dans son courrier adressé au ministère de la santé, le fonds mondial pour le Sida, la tuberculose et le paludisme saisi le gouvernement togolais via le ministre de la Santé d’alors, le Pr. Charles Kondi Agba, du détournement de 118 815 moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée. “Notre examen indique que 118 815 des moustiquaires achetées avec es ressources du Fonds mondial au titre de la subvention TGO-607-G06-M ont été détournées de leur lieu de stockage au dépôt central de la CAMEG et ont été vendues à la Fédération des mutuelles de santé ALAFIA (ALAFIA) au moyen d’une transaction officialisée par le protocole d’accord 205/2009/MS/DGS/DSSP/PNLP, signé par le Directeur général de la Santé le 2 décembre 2009″, indique le courrier. Ces transactions représentent un préjudice de 545 507 euros (près de 400 millions FCFA) pour le Fonds mondial, indique le courrier.
Les transactions frauduleuses représentent un préjudice de 574 507 euros pour le Fonds mondial. Cette somme correspond au cumul des frais liés à l’achat des 118 815 moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée initialement acquises avec les ressources du Fonds mondial et détournées de leur utilisation prévue, en violation de l’accord de subvention.
C’est donc sous la menace de suspension de la phase 2 de la subvention de la série 9 liée au paludisme que les calculs ont permis au gouvernement togolais de rembourser la bagatelle de 377 millions de Francs CFA. La bonne gouvernance n’est pas encore au rendez-vous au Togo, dirait l’autre.
Alfredo Philoména