L’association des journalistes pour les Droits de l’Homme JDHO a rendu public un communiqué faisant l’historique de la volonté des autorités togolaises de museler la presse à travers la modification de la loi organique et a inviter les journalistes et les organisations de presse à rompre tout partenariat avec l’équipe actuelle de la HAAC. L’organisation invite également a boycotter toutes les activités de cette institution illégitime.
Voici en intégralité le communiqué de JDHO
J D HO
Journalistes pour les Droits de l’Homme
Communiqué
(JDHO appelle au boycott et à la recomposition de la HAAC)
Le 30 octobre 2009, l’assemblée nationale togolaise a procédé à l’adoption d’une nouvelle loi organique de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) introduite par le gouvernement.
Cette nouvelle loi qui renforçait de façon illégale et abusive les pouvoirs de cette institution (constitutionnellement une autorité de régulation des médias) a suscité de vives réactions de protestation des journalistes et des organisations de presse.
La dénonciation du contenu prédateur et liberticide et l’observation de la journée sans presse par l’ensemble des médias au Togo à l’époque ont interpellé le pouvoir à réintroduire cette loi pour sa relecture.
Le 16 novembre 2009, cette relecture a été effective dans les locaux de l’assemblée nationale togolaise en présence notamment, des membres des organisations de défense de la liberté de presse dont JDHO, des commissaires du gouvernement, du secrétaire général de la présidence aujourd’hui Premier Ministre, du vice président de l’assemblée et des députés des groupes parlementaires représentés au parlement.
Après une longue journée de travail, les différents acteurs sont parvenus à l’obtention d’une loi organique définitive sur les prérogatives constitutionnelles de la HAAC ; régulation des médias, protection de la liberté de presse. Loi qui sera à nouveau adoptée par l’assemblée nationale.
Aujourd’hui, c’est avec surprise que JDHO apprend l’attitude récidiviste du gouvernement à réintroduire une nouvelle loi qui fait de la HAAC l’instrument répressif des médias et qui lui concède les pouvoirs judiciaires et policiers.
D’après la nouvelle loi, la HAAC a le plein pouvoir de suspendre, de retirer le récépissé des journaux, d’interdire à volonté les émissions, de retirer la carte de presse, de suspendre l’autorisation d’installation et d’exploitation des médias audiovisuels sans aucune forme de procès.
JDHO dénonce avec la dernière vigueur ces dispositions de la loi organique qui sont une atteinte grave à la liberté de presse au Togo.
Journalistes pour les Droits de l’Homme pense que rien n’oblige et ne presse en cette période électorale, les autorités togolaises à engager une bataille répressive contre la presse, sinon la volonté de la museler en vue d’organiser des élections frauduleuses.
Face à la gravité de la situation et tout en soutenant les actions et les initiatives de toutes les organisations qui défendent la liberté de presse, JDHO exige :
1- Le retrait pur et simple de cette nouvelle loi organique que l’assemblée nationale togolaise s’apprête à voter
2- Le respect de l’article premier de la loi organique par la recomposition de l’équipe actuelle qui n’est qu’un consortium de partis politiques
3- La relecture de la loi organique qui permette de faire désigner par les professionnels des médias eux-mêmes les membres de la HAAC
Tout en restant fidèle à ses principes de liberté, d’égalité et de justice, JDHO invite les professionnels des médias à barrer la route à tous les prédateurs de la liberté de presse.
JDHO invite les organisations de la société civile et les journalistes à se mobiliser autour du sit-in prévu ce mardi 19 février 2013 devant l’assemblée nationale, et convie les médias et les journalistes à rompre systématiquement tout partenariat avec l’équipe illégitime actuelle de la HAAC et à boycotter toutes les activités de cette institution jusqu’à nouvel ordre.
JDHO convie par ailleurs les représentations diplomatiques accréditées au Togo, le HCDH, l’Union Européenne et les organisations internationales de défense de liberté de presse à interpeller les autorités togolaises sur les dérives répressives qui portent atteinte à la liberté de presse au Togo.
Fait à Lomé, le 18 février 2013.
La secrétaire Générale
Fabbi Kouassi