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TOGO : Anthologie politique de Pascal BODJONA

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PASCAL AKOUSSOULELOU BODJONA, Homme politique togolais

Grand Dossier :

Présenté comme le plus grand agité et agitateur du passé, il s’est vite métamorphosé après un passage dans les fonctions diplomatiques pour se donner une peau neuve, politique. Le Premier à être nommé après l’accession, dans le tumulte absolu de Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005, Directeur de cabinet de la présidence. Pascal Bodjona engage un lobbying qui finira par agacer son mentor qui le mettra au gnouf. Sept mois de chemin de croix passée à la gendarmerie nationale, le voilà en liberté, plus convaincu et plus convaincant que jamais. Passé tumultueux, présent de grâce, quel est l’avenir du tout puissant ministre de la république. Entre le virage vers la gauche politique, la vengeance et l’homme convoité pour une transition politique au Togo, pays miné par des crises sans fin, voici Pascal Akoussoulèlou Bodjona, Hier, aujourd’hui et demain. Dossier.

Gendarmerie nationale, le grand portail venait de s’ouvrir sur un grand homme devenu tout petit dans son basin, sous un l’arbre coincé contre la porte d’un bureau servant de cellule. Le regard était hagard, mine présentant à la fois colère et révolte mais camouflé par un sourire forcé. Pascal Akoussoulèlou Bodjona tenait bon, malgré le coup porté et l’humiliation à lui infligés par des gens qu’il vénérait hier. L’ombre clairsemé du petit arbre servait donc de salle d’audience, confort exotique, loin de son somptueux bureau du Ministère de l’administration territoriale qu’il venait de quitter dans les combines de ses détracteurs. Il cligna un œil, s’est levé pour nous offrir une accolade, avant de s’engager dans un développement teinté d’émotion. « Il n’ont qu’à apporter les preuves de mon implication. Ils n’ont qu’à me montrer la plainte. C’est du n’importe quoi. Il faut attendre. Vous l’avez toujours écrit, mais j’ai toujours banalisé. Moi Bodjona, si j’ai des ambitions, ce n’est pas de la façon qu’ils imaginent que je dois procéder » ; Il haussait le ton sous l’effet de la colère avant de revenir sur terre. « J’ai peur pour ce pays. Tu vois tout ce qui se passe dans le pays? C’est inquiétant.» Il fit une pause pour tourner le bouton d’un poste radio qui était son dernier ami intime. La rapprocha de l’oreille avant de saluer le travail de la presse : « le travail que vous faites est impressionnant. Je ne manquerai pas de manifester ma gratitude à votre endroit. »

Me Talboussouma arriva, et le fond du dossier est abordé, à haute voix, pour que les espions des renseignements qui étaient à côté puissent entendre et aller rendre compte. Un petit café de circonstance servi par Aklesso brisa la glace. En face du salon qui servait de lieu de détention, une paillotte, qui donnait au lieu de détention de Pascal Bodjona une cour de maison de location. Sous l’apatam, une dame de fer. Zaïna son épouse. Cette dame a joué son rôle, pleinement. Elle était entourée des amis, membres de la famille parents etc. Elle était au petit soin de son mari, très attentionnée jusqu’aux petits détails, prête à aller trouver de qui manquait au ministre qui était réduit à mener une vie de pauvre. On reproche souvent aux femmes d’abandonner leurs époux dans les situations comparables, de difficultés. Mais la métisse libanaise de Pascal a été à la hauteur. Dans la forme et dans le fonds. Elle était même devenu la ministre, prenant les contacts, des décisions, rencontrait les amis et venait rapporter à son mari. Elle passait plus de 90% de son temps sur place à la gendarmerie. Souvent avec ses deux enfants. 30 minutes d’échanges ont abouti à une conclusion de fermeté de la part du grand homme : «  je vais sortir, et j’imagine. Vous viendrai me poser des questions sur mon avenir politique, je vous répondrai que je viens d’arriver à la maison, je vais m’occuper de ma petite famille, mais avant, je vous dire qu’on ne peut pas m’ôter ma carrière. La politique est dans le sang…. » Des phrases pleines d’assurances et de réconfort qui ont changé la mine du ministre. La foi et l’espoir donnent toujours envie de vivre dans les situations les plus désespérées. Pascal Bodjona devrait saluer ce passage obligatoire de la vie. Un purgatoire pour le mener directement dans l’accomplissement de son destin. Si c’est celui d’un grand homme d’Etat. Maintenant qu’il est purifié il peut passer à l’acte. Mais comment ? Des signes avant coureurs sont là.

Anthologie politique de Pascal Bodjona.

Le monde sportif était en difficulté, la politique était minée par des crises incessantes, la légitimité de Faure Gnassingbé était contestée, l’éducation, la santé, l’économie étaient en péril. La diplomatie était brinquebalante. La crise est donc réelle au Togo, face à un président qui ne tenait plus, du moins visiblement et qui demandait à son plus fidèle collaborateur de dissiper les boules de nuages. Pascal Bodjona se mettait donc à l’œuvre au point de susciter autour de Faure Gnassingbé des malaises et des sentiments de jalousie et d’envie. Emmanuel Tchouko, Alex Massina, Gilbert Bawara, Tchitchao Tchalim, etc. s’étaient donc donné une mission. Déstabiliser l’homme à tout faire. Mode opératoire, la multiplication des coups bas. Plusieurs missions, des publications dans les grands journaux étrangers, des rapports mensongers de renseignements jusqu’à en former une histoire grosse comme une montagne. Fameuse affaire d’escroquerie. Tchouko jurait qu’il ne raterait pas l’homme de Kouméa, Massina avait ses menottes et se glosait de les passer lui-même aux poignets de Pascal zet de la conduire comme un bœuf à la prison, des animosités politiques qui ont finalement eu raison de Bodjona, même si les choses ne se sont pas passées comme planifiées par le consortium. Il a fallu la pression et le poids pour que l’inculpation ne conduise pas l’ancien Directeur de cabinet à la prison de Mango.

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L’argument le plus sensible servi pour convaincre qui de droit dans le but de noyer Pascal Bodjona est le fait que son nom circulait dans les milieux diplomatiques comme solution de transfert de pouvoir au cas où on était à bout de la gestion de Faure Gnassingbé. C’est vrai, Pascal était en vue, il arriver à arrimer les deux tendances politiques. Influences au sein du pouvoir, influence au sein de l’armée, bien vu dans les milieux diplomatiques, apprécié dans la plupart de ses interventions où il a finalement adopté un profil bas, contre ses collègues qui avaient plutôt la gueule puante d’insultes et de provocation. Le cas de Gilbert Bawara, son successeur à l’administration territoriale. Bref, Faure a été amené à croire que Pascal lui prenait le pouvoir. Raison de la cabale orchestrée, feuilleton dont l’une des dernières séries venait de passer le 9 avril dernier, annonce de sa libération. Hier Pascal Bodjona était sans doute contesté et contestable, bouillant agitateur des milieux estudiantins, hier, bouillant politiciens au service de Gnassingbé Eyadéma, aujourd’hui, il est l’homme conciliant qui a réussi une métamorphose politique qui lui a permis d’avoir tous avec lui. Le passage de la gendarmerie est donc celui qui lui a permis de laver son karma et de renaître nouveau. Maintenant face au destin afin un retour triomphal qui annoncer des lendemains largement commentés. Virage à gauche, retours aux vieilles amours ou carrière solo ?

Un « retour triomphal »

Même les Vuvuzela étaient de la partie cette nuit de la libération. Du Kamou et une ambiance consécutive. Tous ont défilé, les amis. Les ennemis aussi, qui sont venus constater l’échec de leur complot. Des agents espions étaient dans la foule, crispés dans des attitudes qui trahissaient. Zaina, la plus heureuse était aux anges. Embrassant tous ceux qui, d’une manière ou une autre ont soutenu la cause. Avocats, journalistes, défenseurs des droits de l’homme, prêtres, marabouts, amis de la famille étaient de la partie. Brève point de presse, suivi de réjouissances. La maison de Pascal Bodjona a retrouvé ses lettres de créances. Ambiance ordinaire qui laissait place ce jour à sept mois de domicile isolé avec des gardes désespérés et des passants qui commentaient le domicile transformé de plus en plus en un lieu historique.

Mais Pascal n’a pas laissé l’histoire le dominer. Il est sorti, et curieusement en très bonne forme.

Personne ne s’y attendait. Mais il a été mis en liberté mardi 9 avril 2012 après plus de sept mois passés dans les geôles de la Gendarmerie nationale. Des mois certes difficiles, mais qui ne sont pas arrivés à entamer le moral du « ministre grand format » sorti plus fort et avec sa bonne humeur habituelle. Mais la question ne situe pas là. Elle se focalise beaucoup plus sur les lendemains de Pascal Bodjona.

La scène méritait d’être décrite comme un « retour triomphal ». Difficile de lui donner un autre nom, car Pascal Bodjona a bel et bien été accueilli à son domicile en triomphe, ou presque. Coups de sifflet, klaxons tous azimuts, danses et cris de joie, c’est dans cette ambiance de gaité que l’ex homme à tout faire de Faure Gnassingbé a regagné son domicile de Lomé. Un domicile débordé aussi bien des membres de la famille du ministre et de son épouse que de curieux venus des quartiers environnants et d’autres coins de la capitale.

« Bienvenu à la maison papa », « Papa, ton épouse et tes enfants t’attendent », peut-on lire sur des posters accrochés aux murs de la maison Bodjona d’Adidoadin où nièces, neveux, oncles, tantes, frères, amis et autres proches du ministre étaient présents.

Il y avait de quoi se réjouir et sauter de joie ce soir du mardi 9 avril. En effet, monsieur Bodjona retrouvait son domicile et sa famille après avoir passé plus de sept longs mois à la gendarmerie de Lomé. Ce lieu que d’aucuns appellent « la prison de la gendarmerie ». Il a été arrêté le 1er septembre 2012 pour complicité dans la ténébreuse et étrange affaire d’escroquerie dans laquelle on a essayé de l’impliquer. Le 11 septembre 2012, il a été inculpé au tribunal de Lomé par le juge d’instruction de chef de complicité d’escroquerie et placé sous mandat de dépôt. Mais après examen de la demande de mise en liberté provisoire introduite par le canal de ses conseils le 05 avril 2013, indique un communiqué rendu public par le Procureur de la République, le Juge d’instruction a décidé de le mettre en liberté provisoire sous contrôle judiciaire à compter du mardi 09 avril 2013.

Aussitôt après sa libération, Pascal Bodjona s’est confié à la presse. Et ses premiers mots ont été des remerciements. « Je voudrais tout d’abord rendre grâce à Dieu qui m’a donné courage, force et santé pour supporter ce qui me paraissait impossible à supporter. Je sors d’une épreuve injuste mais qui m’a permis de me connaitre un peu plus et de connaitre l’homme. En ces circonstances particulières, mes pensées vont d’abord à mon épouse et à mes enfants, aux Togolaises et Togolais qui ont prié pour moi, aux journalistes qui se sont battus pour ma cause (…) Merci à tous les acteurs politiques qui n’avaient aucun intérêt à s’élever contre cette injustice dont j’ai été victime, mais qui ont quand même choisi de le faire. Merci à eux de s’être mis dans la prière, de s’être élevés contre l’injustice dont j’ai été victime », a déclaré l’ancien ambassadeur du Togo aux Etats-Unis à la presse.

En dépit de l’injustice dont il a été victime, injustice organisée par des mains noires dont il a sûrement connaissance, Pascal Bodjona dit n’être animé d’aucun sentiment de vengeance.

Il souhaite par ailleurs la poursuite de la procédure et se dit prêt à répondre aux convocations de la justice. « J’ai plus intérêt, aujourd’hui, à ce que cette procédure aille à son terme, pour qu’on me dise à la fin ce qu’on me reproche.Je ne me soustrairai jamais à la justice mais j’estime que je ne sais pas de quoi il s’agit », a-t-il laissé entendre.

Bodjona veut continuer en politique

En dépit de tout ce qu’il a vécu, l’ancien ministre se voit bien continuer en politique. « La politique, personne ne peut m’empêcher de la faire. On ne s’improvise pas en politique ! Quand on est devenu un homme politique, on s’y attache. Mais il faut s’y attacher avec des options. Je peux me permettre de continuer à croire que le dialogue a été l’option du président de la République. C’est pourquoi je lui demande, face à cette grogne sociale et politique, de faire attention et qu’il s’élève en bon père de famille, et qu’il puisse engager cette nation dans la voie d’un dialogue sincère, pour l’apaisement des cœurs et s’attacher au développement du pays », a laissé entendre Pascal Bodjona.

Le contraire aurait bien surpris. Car on voit mal Pascal Bodjona raccrocher en politique, aussi difficile qu’a été l’épreuve qu’il a traversé ces sept derniers mois. Le monsieur est considéré comme un véritable animal politique et un fin stratège dans ce domaine. Mais dans quel camp fera-t-il cette politique désormais ? Voilà la question qui taraude l’esprit de bien d’observateurs de la scène politique togolaise.

Pascal Bodjona ou le virage à gauche…

A première vue, une telle hypothèse n’est pas exclut. Nous sommes en politique et sur un terrain politique, tout est possible. Du jour au lendemain, on peut quitter le parti au pouvoir pour l’opposition et inversement. Voilà qui explique pourquoi il n’est pas permis de balayer cette hypothèse du revers de la main.

Après sa libération mardi dernier, le premier réflexe du ministre Bodjona a été de dire « merci à tous les acteurs politiques qui n’avaient aucun intérêt à s’élever contre cette injustice, mais qui ont quand même choisi de le faire. Merci à eux de s’être mis dans la prière, de s’être élevés contre l’injustice dont j’ai été victime ». A qui s’adressait-il en parlant d’« acteurs politiques qui n’avaient aucun intérêt à s’élever contre cette injustice » ? Lui seul pourra répondre à cette question, diront certains. Mais toujours est-il que de l’avis des observateurs de la vie politique togolaise, ces remerciements de Monsieur Bodjona vont bel et bien à certains leaders de l’opposition. Et ils n’ont pas tort, dans la mesure où l’ancien ministre de l’Administration territoriale n’a reçu l’appui d’aucune personne de son camp politique, du moins ouvertement. Voilà qui n’exclut pas l’hypothèse selon laquelle Bodjona peut rejoindre l’opposition dans les semaines ou mois à venir. Car, en dehors des soutiens des membres de sa famille et d’une partie de la presse nationale, les appuis les plus indéfectibles apportés au natif de Kouméa après son arrestation sont venus de l’opposition, notamment de certains responsables du Collectif Sauvons le Togo (CST) qui n’ont pas hésité à condamner ouvertement et publiquement cet acte. Peu importe que M. Bodjona soit du parti au pouvoir, peu importe qu’il ait contribué à installer le régime de Faure Gnassingbé et peu importe qu’il ait été le maître d’œuvre des fraudes électorales de 2010.

Pour ces opposants, l’arrestation du ministre grand format ressemblait plus à une violation des droits de l’Homme qu’à une affaire de justice. Abass Kaboua, président du Mouvement des Républicains Centristes (MRC), partis membre du CST, décrira cette arrestation comme un enlèvement pur et simple orchestré par Faure Gnassingbé. Tandis que Zeus Ajavon, Isabelle Améganvi et Jil-Benoit Afangbédji, tous avocats et membres du CST, se constitueront Conseil de Pascal Bodjona, convaincus que celui-ci a été arrêté pour des raisons politiques. Ce qui leur a valu bien de critiques de la part de certains de leurs sympathisants. Ces derniers estimaient ne pas comprendre comment on peut réclamer la chute de la dictature togolaise et au même moment soutenir l’un de ses plus grands artisans qui n’a été pris que dans un piège qu’il a lui-même tendu.

Une autre raison qui n’exclut pas que Bodjona devienne opposant réside en ces liens familiaux d’une part et amicaux de l’autre qu’il entretiendrait directement ou indirectement avec certains responsables de l’opposition notamment Abass Kaboua du MRC et Isabelle Améganvi de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC).

Le premier, Abass Kaboua, bête noir du régime en place, est l’oncle de Zaïna, la femme de Bodjona. Autrement dit, Abass Kaboua est le frère de la mère de Zaïna Bodjona. Il fait donc partie de la famille Bodjona. Sans compter tous les liens que Pascal et lui ont entretenus ensemble sous Gnassingbé père. Voilà qui explique non seulement pourquoi il a défendu l’ancien ministre bec et ongle mais aussi les pas de danse qu’il esquissait et le sentiment de joie qui l’avait animé à la libération de l’ex-directeur de cabinet du chef de l’Etat.

La seconde, Isabelle Améganvi, 2ème vice-président de l’ANC, est dite très proche de la famille Bodjona en dépit de sa coloration politique. Selon certaines langues, elle serait très amie avec Zaïna, l’épouse de Pascal, qu’elle fréquenterait régulièrement. Voilà qui explique pourquoi elle n’a aucunement hésité à se constituer Conseil de Pascal Bodjona après son arrestation.

Si l’ancien ministre devrait rejoindre l’opposition un jour, ce serait peut-être grâce aux relations directes ou indirectes qu’il entretient avec ces deux personnes. Ou aussi grâce aux relations plus ou moins agréables qu’il entretient avec l’ensemble de la classe de l’opposition. Contrairement à un certain Gilbert Bawara, les opposants n’ont pas une si mauvaise perception de Pascal Bodjona. Autant de choses qui pourront lui permettre de rejoindre l’opposition, pas exclu.

Mais, choisir une telle option peut se révéler très périlleux pour Pascal Bodjona. Car le régime de Lomé n’a jamais toléré et ne tolérera sans doute jamais qu’un animal politique de son envergure, qui plus est originaire de la partie septentrionale du pays notamment de la Kozah, se permettent de rallier l’opposition. Tout sera fait pour lui mettre le bâton dans les roues. Kofi Yamgnane de Sursaut-Togo l’a appris à ses dépends lorsqu’il avait déposé sa candidature pour le scrutin présidentiel de 2010. Cette candidature fut rejetée par la Cour constitutionnelle parce que ne remplissant pas les conditions requises. Mais en réalité, tout le monde le sait, Monsieur Yamgnane avait été écarté pour ne pas être un obstacle au parti au pouvoir dans le nord du pays. Lui qui est originaire de Bassar.

Hypothèse de retour au bercail…

Une telle hypothèse n’est pas non plus à exclure, vu qu’à sa libération, Pascal Bodjona a fait un clin d’œil à son patron enlui demandant, face à cette grogne sociale et politique, de faire attention et de s’élever en bon père de famille afin d’engager cette nation dans la voie d’un dialogue sincère, pour l’apaisement des cœurs et s’attacher au développement du pays.

Le retour de Bodjona vers son camp politique peut être aussi envisagé compte tenu des longues années d’amitié qui le lient à son mentor. Entre Faure Gnassingbé et Pascal Bodjona, c’est plusieurs années de complicité qui a commencé d’abord aux Etats-Unis, puis s’est poursuivi au Togo où le natif de Kouméa est devenu le bras droit et l’homme à tout faire de son patron depuis sa prise du pouvoir en 2005. Directeur de cabinet de la présidence de la République, ministre de l’Administration territoriale, homme de tous les dossiers, sans compter les nombreuses fois où il a lutté pour maintenir Faure au pouvoir. En 2010, c’est Bodjona qui a joué le grand rôle. C’est grâce à lui que le tour de passe-passe a été joué de manière très habile pour donner la victoire d’un autre fils de Gnassingbé Eyadéma. En somme, autant Faure a été utile à Pascal, autant ce dernier a été utile à Faure. Une telle amitié ne se dissipe pas aussi facilement.

Il ne faut pas non plus oublier que Pascal Bodjona a été libéré alors que personne ne s’y attendait. Il a été relâché au moment où certains continuaient de croire que Faure Gnassingbé n’envisage même pas donner l’ordre pour sa libération. Au vue de tout ça, il n’est pas exclu que l’ancien ministre ait été libéré pour une raison bien déterminée. A-t-il conclu un deal secret avec ses amis du pouvoir pour revenir aux affaires vu que d’importantes échéances électorales se pointent à l’horizon ? Cette libération a-t-il été ordonnée à dessein par le pouvoir pour éviter de se mettre à dos les populations de Kouméa et les sympathisants de Bodjona lors des législatives prochaines ? Dans le premier cas comme dans le second, tout est possible.

Mais encore faut-il que Faure Gnassingbé soit prêt à collaborer de nouveau avec Pascal Bodjona après toute cette tempête. Car, qu’on le veuille ou pas, cette affaire a laissé des traces et empreinte qui seront difficiles à effacer. Les insultes proférées par les proches et sympathisants de l’ancien ministre contre le chef de l’Etat après son arrestation, les défis à lui lancés par ceux-ci sont autant de choses que Faure ne pourra pas oublier de si tôt.

Ajouté aux rumeurs selon lesquelles la vraie raison de l’arrestation de Bodjona serait, non la fameuse affaire d’escroquerie internationale, mais le soutien financier apporté par ce dernier au CST, on peut dire qu’il y a de quoi pourrir l’atmosphère entre les deux amis et briser définitivement la confiance qu’ils avaient l’un en l’autre.

D’ailleurs, à la question de savoir s’il va rejoindre son bord politique, monsieur Bodjona a répondu qu’il aura tout le temps qu’il faut pour faire la réflexion en tenant compte du contexte. Une telle réponse donne matière à réflexion. L’ancien ministre aurait la volonté de retourner à la barque qu’il répondra immédiatement oui sans aucune nuance. C’est la preuve qu’il est convaincu que son arrestation et sa détention durant plus de sept mois à la gendarmerie n’ont pas été qu’une affaire de justice ou d’escroquerie internationale, mais d’adversaire mal intentionnés de son propre camp qui ont voulu le nuire. Et ces adversaires sont toujours là, autour de Faure, prêts à en découdre avec lui par tous les moyens de peur qu’il ne prenne sa revanche sur eux. Aura-t-il le courage de retourner travailler avec eux avec le risque de se mettre à leur merci ? Voilà toute la question.

Tout compte fait, il appartient à Pascal Bodjona de faire son choix. Et dans ce cas de figure, tout est possible. En 2005, Fambaré Ouattara Natchaba, alors président de l’Assemblée nationale, avait été bloqué délibérément au Bénin alors que c’est lui qui devait assumer l’intérim, selon la Constitution, à la mort de Gnassingbé Eyadéma. Il a réclamé son retour mais n’y est pas parvenu. A un moment, il a été traité de tous les noms d’oiseaux. Mais en dépit de ces malentendus, il est revenu calmement à son bord politique et y est toujours. Même s’il a été mis au garage.

En 2002, Agbéyomé Kodjo, alors Premier ministre du Togo, est tombé en disgrâce après avoir réclamé des réformes au sein du parti RPT. Poursuivi par les gourous du régime, il s’est exilé en France et a été emprisonné par le nouveau régime après son retour au Togo. A sa libération, il n’a jamais rejoint son camp politique, le Rassemblement du Peuple Togolais. Au contraire, il est devenu l’un des plus farouches opposants de Faure Gnassingbé.

Ni le régime, ni l’opposition…

Pascal Bodjona a aussi la possibilité de ne choisir ni l’une, ni l’autre option. Autrement dit, il n’est pas obligé de rejoindre l’opposition ou le pouvoir. Il peut faire cavalier et en a les moyens.

En effet, les quelques années passées en politique ont permis à l’homme de se doter d’une expérience assez solide. C’est sans doute cette expérience, ajoutée à son intelligence et à sa capacité de trouver des solutions aux équations les plus compliquées, qui lui ont valu la confiance de Faure Gnassingbé depuis son arrivée au pouvoir en 2005. A un moment donné, Bodjona était devenu l’homme de tous les dossiers. En diplomate, il intervenait dans la résolution de la plupart des crises, qu’elles soient politiques, sportives ou sociales au point de ravir la vedette à son patron.

L’autre force de Pascal Bodjona, c’est son carnet d’adresse. On dit de lui qu’il n’y a pas de porte qu’il ne puisse ouvrir. Ceci, grâce aux relations qu’il a su tisser dans les milieux diplomatiques nationaux et internationaux. Toutes ces connaissances lui ont permis de se constituer un puissant réseau. De quoi lui faciliter la tâche s’il voudrait un jour se lancer en politique dans son propre compte.

Toutefois, même en choisissant cette option, rien ne lui sera facile. Dans la mesure où le régime de Lomé ne le laissera pas faire. Kpatcha Gnassingbé avait à un moment voulu être candidat indépendant à la présidentielle de 2010. Cela lui a valu la prison.

Mais ce qui est sûr, un Pascal Bodjona qui crée un parti sera un leader qui aura drainé à gauche et à droite. Ratisser large, dit-on.

De toutes les manières, les choses n’en sont pas encore là. Pour le moment, Pascal Bodjona est en train d’offrir sa chaleur à son épouse et à ses enfants après sept difficiles mois passés loin d’eux. En attendant de voir ce que l’avenir lui réservera.

Dossier réalisé par Carlos KETOHOU et Rodolph TOMEGAH

 

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1 Commentaire
  1. LABDIEDO Abdoulamine dit

    Vrai travail de pro cet article vraiment félicitations pour ce travail!

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