Qu’elles soient superficielles ou profondes, les douleurs liées à la pénétration sont un motif légitime de consultation. L’endométriose et la ménopause peuvent en être à l’origine.
Vous avez dit dyspareunie? Il y a urgence à s’informer sur l’étiologie et la prise en charge de ces douleurs ressenties par les femmes lors de la pénétration. Car elles sont diverses, et leur prise en charge diffère. «Il faut faire la différence entre les douleurs au niveau de la vulve ou de l’entrée du vagin, et celles ressenties au fond du vagin ou dans toute la région pelvienne», précise Patrice Lopès, fondateur du premier diplôme interuniversitaire de sexologie pour les CHU de l’Ouest, et aujourd’hui professeur émérite de gynécologie à l’université de Nantes.
L’endométriose, première suspecte
«Quand les douleurs pelviennes surviennent au cours des rapports sexuels lorsque la pénétration est profonde, on évoque une maladie: l’endométriose», poursuit le médecin. Près de 40% des douleurs pelviennes chroniques lui seraient imputables. Les mécanismes de cette pathologie ne sont pas encore tous élucidés- elle serait pour moitié due à des facteurs génétiques. Elle toucherait près d’une femme sur dix en âge de procréer, voire plus.
L’Association française de lutte contre l’endométriose pointe un diagnostic «fait souvent par hasard, avec un retard moyen de cinq années, durant lesquelles la maladie a eu le temps de causer des dommages notables». L’endométriose, parfois asymptomatique, se développerait, en effet, quand du sang reflue vers les trompes au moment des règles, transportant des cellules de l’endomètre hors de l’utérus. Ce tissu, sensible aux hormones ovariennes, peut alors coloniser les ovaires, avec à la clé le risque destérilité. Et si le vagin est envahi, les rapports sont douloureux.
D’autres causes possibles
D’autres facteurs peuvent occasionner des douleurs: une déchirure du périnée, des kystes, un fibrome, une tumeur, une rétroversion de l’utérus… Autant de causes potentielles d’une dyspareunie profonde, que le médecin peut investiguer suite à différents examens. Plusieurs consultations sont parfois nécessaires pour amener les femmes à évoquer un autre type de dyspareunie. Celle qu’on dit superficielle, et dont les origines peuvent s’avérer psychiques, mais pas seulement: il peut s’agir d’une infection, d’une inflammation ou encore de ce que l’on a longtemps désigné sous le terme d’atrophie vaginale.
«On parle maintenant de syndrome génito-urinaire de la ménopause», commente le Pr Pierre Marès, du CHRU de Nîmes. «On sait qu’il associe sécheresse vaginale, douleurs de type crampes ou brûlures lors des rapports, incontinence urinaire et troubles de la statique pelvienne, c’est-à-dire de descente des organes». Selon les estimations, entre 25 et 75 % des femmes ménopausées seraient concernées, les chiffres allant croissant avec l’âge. Mais le plus souvent, elles préfèrent ne pas en parler et font une croix sur leur sexualité.
«Le syndrome peut aussi s’accompagner de vaginose, un déséquilibre de la flore microbienne source de mauvaises odeurs, et tout cela pourrit la vie des femmes en détruisant leur image et leur féminité», note encore le Pr Marès. Et d’ajouter: «Il existe pourtant des traitements locaux à base d’acide hyaluronique, de lactobacilles et d’œstrogènes, voire un recours au laser. Il faut faire passer le message: la dyspareunie n’est pas une fatalité, on peut aussi la prévenir en prenant soin de son périnée!»
source: lefirago.fr