Les identités tranchées sont très importantes en politique au Togo; ce petit pays de l’Afrique de l’ouest où tout le monde se connaît comme dans une paroisse. C’est pourquoi il est souvent difficile de jouer à la politique d’être et de ne pas être. C’est l’épreuve à laquelle est confronté le leader de l’Union des Forces de Changement, Gilchrist Olympio. Ce politicien autrefois très populaire a réussi à perdre sa popularité et les influents cadres de son parti après avoir jugé bon que confondre son parti d’opposition avec le RPT au pouvoir lui permettrait de se voir transmis le pouvoir lorsque les tenants en seront fatigués. Énorme naïveté de l’opposant charismatique qui revendique à regret une place dans une opposition verrouillée par une coalition de 14 partis politiques, bénéficiaires légitimes des sièges de la commission électorale nationale indépendante autrefois monopolisés par le pouvoir en place.
Maintenant que la CEDEAO dans la médiation de la crise politique coupe la poire en deux, l’identité de Gilchrist Olympio devient difficile à cerner. L’opposant octogénaire lui-même a des difficultés, non seulement à se classer dans la nouvelle configuration politique mais aussi trouve des raisons de déclasser d’autres partis sans doute dans un sentiment d’aigri et de nostalgie de paradis perdu. Tout ceci à cause d’un accord mal négocié face à des partenaires du pouvoir pour qui la politique n’est pas un service d’enfant de chœur. L’éminent économiste devrait facilement comprendre qu’il a perdu la partie. Le cheval de Louis XIV n’est pas en même temps blanc et non blanc.
Carlos KETOHOU