Nucléaire: la Corée du Sud refuse une apparente offre de dialogue de Pyongyang
La Corée du Sud a rejeté lundi une apparente offre de dialogue de la Corée du Nord sur le désarmement nucléaire transmise la semaine dernière à Pékin.
Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères Yun Byung-Se a minimisé la portée d’une lettre remise vendredi par un envoyé du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un au président chinois Xi Jinping.
« Notre position est qu’il n’y a pas de dialogue pour le simple fait de dialoguer », a-t-il dit lors d’un point-presse.
« Le plus important désormais est que la Corée du Nord démontre sa sincérité à la communauté internationale en tenant ses engagements de dénucléarisation passés », a-t-il insisté.
Selon les médias officiels chinois, Kim Jong-Un exprime dans la lettre remise au président Jinping sa volonté de reprendre les discussions à Six (les deux Corées, Etats-Unis, Russie, Japon et Chine) sur le programme nucléaire nord-coréen.
Mais la Corée du Sud y voit un effort pour apaiser Pékin, irrité de n’être plus entendu comme il le souhaiterait par Pyongyang, plutôt qu’un signe sincère de modération.
La Corée du Nord, rappelle Séoul, considère que le développement de sa force de dissuasion nucléaire n’est pas négociable ou, à tout le moins, qu’elle pourrait envisager une négociation mais sans préalable.
Washington et Séoul exigent au contraire un geste de bonne volonté de Pyongyang avant toute reprise des pourparlers.
Les médias officiels nord-coréens couvrant la visite en Chine de Choe Ryong-Hae, directeur du politburo de l’Armée populaire du Corée, n’ont fait aucun état d’une proposition de dialogue par Pyongyang.
La télévision nationale chinoise CCTV a de son côté rapporté que Choe avait dit à ses interlocuteurs chinois l’ambition de la Corée du Nord de « créer un environnement international pacifique » pour pouvoir « concentrer son énergie sur l’amélioration de son économie et des conditions de vie » de la population.
La Chine est le principal allié de la Corée du Nord, mais les relations bilatérales se sont récemment tendues, Pékin ayant voté à l’ONU le renforcement des sanctions contre Pyongyang à la suite de ses tirs de satellite – des missiles balistiques déguisés, selon les Occidentaux – et d’un nouvel essai de bombe atomique en février.
Selon certains observateurs, Choe pourrait être chargé de préparer un sommet entre Kim Jong-Un et son homologue chinois Xi Jinping, qui doit rencontrer le président américain Barack Obama les 7 et 8 juin en Californie.
Pour le ministère sud-coréen de l’Unification, « si le Nord désire sincèrement renouer le dialogue, il doit répondre à nos demandes répétées de discussions (…) sur le complexe industriel de Kaesong ».
Depuis le 3 avril, le Nord interdit aux Sud-Coréens l’accès à ce complexe commun situé à l’intérieur de ses frontières, pourtant source essentielle de devises pour le régime.
Le 8 avril, il en a retiré ses 53.000 employés à un moment où les tensions étaient très vives sur la péninsule et où Pyongyang multipliait les menaces d’attaques nucléaires contre la Corée du Sud et son allié clé, les Etats-Unis.
Le site est né dans le sillage de « la diplomatie du rayon de soleil », menée par la Corée du Sud de 1998 à 2008 aux fins d’encourager les contacts entre les deux frères ennemis qui restent techniquement en guerre puisque la Guerre de Corée (1950-53) s’est terminée par un armistice et non par un traité de paix.
AFP