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MEXIQUE : la lutte anti-drogue en question après une nouvelle année de violence

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L’extrême violence des cartels de la drogue mexicains, qui n’hésitent pas à pendre ou à décapiter dans une guerre qui dit à peine son nom, a conduit les gouvernements latino-américains à explorer de nouvelles voies pour venir à bout du trafic de drogue, comme la légalisation de drogues douces.

Les troupes de la Marine de guerre mexicaine avaient frappé un grand coup en abattant Heriberto Lazcano, le 7 octobre. Mais lorsque le chef du redouté cartel des Zetas, formé dans les années 90 par d’anciens militaires d’élite, s’est retrouvé sans vie dans une maison funéraire du nord du Mexique, les autorités n’ont pas pu empêcher son corps de disparaître aux mains d’un commando armé.

Cet épisode concernant le chef sanguinaire le plus recherché du Mexique résume une année de succès dans la chasse aux narcotrafiquants assombrie par les échecs de la guerre globale contre la drogue. Si de nombreux « capos » la drogue ont été arrêtés, le nombre de groupes criminels s’est multiplié et le trafic vers les Etats-Unis n’a pas été jugulé.

Au Mexique, le bilan officieux de la guerre contre la drogue dépasse les 60.000 morts en six ans de gouvernement de Felipe Calderon (2006-2012), avec une violence toujours plus spectaculaire, corps démembrés, décapités ou pendus à des ponts.

Dans le même temps, le débat a pris de l’ampleur dans toute l’Amérique latine autour de la stratégie d’affrontement soutenue par les Etats-Unis ou sur la nécessité de légaliser certaines drogues pour limiter la criminalité qui y est associée.

« Je pense que nous allons vers un large légalisation, au moins de la marijuana, à long terme, mais ça va être une marche lente », explique à l’AFP David Shirk, directeur de L’institut Trans-Border de l’Université californienne de San Diego.

Les Etats américains de Washington et du Colorado ont voté en novembre en faveur de la légalisation de la consommation du cannabis à des fins récréatives. Le nouveau président mexicain Enrique Peña Nieto, opposé en principe à la légalisation, a toutefois indiqué à Times Magazine que ces votes ouvraient un débat « sur la voie que devrait emprunter la guerre contre la drogue ».

L’armée américaine a encore accentué récemment son implication dans la guerre anti-drogue, en déployant bateaux et avions pour lutter contre le trafic en Amérique centrale, dans le cadre d’une opération multinationale intitulée « Martillo » (marteau).

Quelque 200 Marines ont aussi été envoyé au Guatemala pour fournir un soutien en matière de communication et de transport aérien.

Mais dans le même temps, le président du Guatemala, Otto Perez, est devenu un des critiques les plus en vue de la guerre contre la drogue et un partisan de la légalisation.

« La guerre que nous avons menée au cours des 40 dernières années n’a pas donné les résultats escomptés. Pour parler franchement, c’est une guerre que nous sommes en train de perdre », a-t-il déclaré à l’AFP en avril.

Le 26 septembre, M. Perez et ses homologues du Mexique et de Colombie ont plaidé pour que soit repensée la politique sur la drogue à l’Assemblée générale des Nations unies, notant que cette stratégie n’était pas parvenue à freiner la consommation.

Au Mexique, tandis que la cocaïne, le « crystal » (méthamphétamine), l’héroïne ou la marijuana ont continué à entrer aux Etats-Unis, les cartels ont poursuivi leurs campagnes de terreur.

Au mois de mai par exemple, les autorités ont découvert 49 corps démembrés dans des sacs en plastique noir sur une route proche de la ville industrielle du nord du Mexique, Monterrey, accompagnés d’un message des Zetas.

Felipe Calderon peut se targuer d’avoir achevé son mandat le 1er décembre en étant parvenu à mettre sous les verrous ou tué 25 des 37 « capos » de la drogue les plus dangereux, mais Joaquin « El Chapo » Guzman, l’homme le plus recherché et chef du groupe criminel le plus puissant, le cartel de Sinaloa, est en fuite depuis près de douze ans, après s’être échappé de prison caché dans un panier à linge.

Et si des chefs de la drogue importants ont été arrêtés, les cartels ont mis en oeuvre des évasion massives dans les prisons du nord du Mexique.

En septembre, 131 détenus se sont échappés de la prison de Piedras Negras, près de la frontière américaine, en sortant pas la porte principale, une opération menée par les Zetas.

Le nouveau président mexicain Peña Nieto s’est engagé à infléchir la stratégie de son prédécesseur, en se donnant comme priorité de réduire le nombre de victimes, de disparitions et de rackets touchant les simples citoyens mexicains. Mais pour l’heure, les militaires vont rester dans les rues.

Selon l’institut Trans-Border, la violence a baissé dans des zones clés comme Ciudad Juarez, à la frontière des Etats-Unis, récemment connu comme étant la ville la plus violente du monde.

« Ce serait génial de pouvoir dire que la loi a pris le dessus dans ces endroits. Mais cela ne semble pas être le cas », selon M. Shirk. En outre, le nombre de victimes est difficile à estimer. Le gouvernement Calderon a mis fin aux bilans officiels de morts liées aux narcotrafiquants en septembre 2011.

AFP

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