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Menace armée contre pression populaire

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Le tableaAffrontementu politique du Togo est tranché depuis l’échec de dialogue politique et le rejet par l’assemblée nationale de la loi portant sur les reformes constitutionnelles et institutionnelles. Le pouvoir se radicalise et opte pour la solution extrême, l’opposition se mobilise dans sa légendaire force de pression, les manifestations de rue. Le climat politique prend donc une nouvelle tournure, inquiétante qui interpelle les acteurs et les observateurs sur les risques. Danger à l’horizon, avions-nous annoncé, il est imminent si l’ouverture n’est pas faite et les exacerbations atténuées.

La plupart des diplomates qui ont cru à la décrispation de la crise politique togolaise à la veille du dialogue Togotélécom 2 viennent d’être rapidement désenchantés face au dernier développement, en ce qui concerne la loi sur les reformes constitutionnelles et institutionnelles.

Jeudi dernier, dans le discours marquant le 238ème anniversaire des États-Unis d’Amérique, l’ambassade des Etats Unis au Togo adressait au Chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, ses sentiments de déception face à l’échec dans la conduite des reformes.

Les reformes constitutionnelles et institutionnelles ont été évoquées solennellement en mai dernier lors de la réception de la délégation de l’Union Européenne dans le cadre de la journée de l’Europe. Ce jour, face à la sollicitude du chef de la délégation de l’UE de voir le dialogue s’ouvrir rapidement pour permettre aux acteurs politiques de faire des reformes, le ministre des affaires étrangères a rassuré qu’elles se feront.

Le groupe des cinq partenaires s’est réjoui à travers un communiqué lorsque 24h après la déclaration du ministre, les invitations ont été adressées aux différents partis.

Le dialogue est ouvert. Les différents points inscrits à l’ordre du jour ont été débattus, la satisfaction n’était pas partagée, les uns, les délégués de l’opposition dénonçaient le silence des autres du parti au pouvoir.

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C’est donc à la fin des discussions que l’archevêque a été confronté au refus des partis d’opposition de signer le rapport final issu du dialogue.

Ce fut la débandade et la déception.

Le pouvoir est resté dans sa logique politique de confier la responsabilité à l’assemblée nationale de dire la loi, de voter la loi.

Le rejet par avance dans les commissions de la loi sur la limitation de mandat présidentiel a été un premier couac qui annonçait les couleurs des intentions du pouvoir en place.

Mais les choses sont rentrées dans l’ordre lorsqu’un document additif a rejoint les textes envoyés à l’assemblée nationale. Il s’agissait de la question du mode de scrutin. Le gouvernement togolais a décidé, dans la surprise de passer du mode de scrutin de un tour à deux comme le réclamait l’opposition.

C’est sans doute un soulagement, un signe d’apaisement et de bonne foi, qui n’aura pas duré.

Au vote, c’est le rejet systématique des députés du parti UNIR au pouvoir qui ne sont pas d’accord avec la question de limitation de mandat et le mode de scrutin. C’est le tollé général qui confortait l’opposition dans son argumentation qui soutenait que le pouvoir n’était pas favorable aux reformes.

Les équations étaient compliquées, surtout que les uns et les autres se sont rendu compte de l’impasse politique dans laquelle le Togo était plongé.

C’est alors que chacun va faire recours, dans la démonstration de force à sa base militante.

Alors que l’opposition, dans sa logique de pression invitait les populations à mettre la pression avec elle dans la rue pour dénoncer le refus du pouvoir d’opérer les reformes, Faure Gnassingbé le Chef de l’Etat apportait sa bénédiction aux Forces armées togolaises  devenues des enfants gâtés de la République.

En l’espace de deux mois, le Chef de l’Etat s’est engagé à assurer l’épanouissement de l’armée togolaise et est revenu à la charge pour fonder ses promesses sur des décisions. D’ores et déjà, des rénovations sont enclenchées dans les camps, des travaux sont menés, des avantages sont accordés. C’est donc unanimement que cette armée a salué cette double sortie du Chef de l’Etat à s’intéresser à leurs conditions et aussi, dans son discours, à leurs familles respectives.

L’opinion voit ces interventions du Chef de l’Etat  à l’endroit de l’armée comme son arme, l’arme du pouvoir à contrecarrer celle de l’opposition, qui est l’arme de la pression populaire. Une interprétation logique lorsqu’on sait qu’en 2005, l’armée n’a pas été retenue dans les casernes et est allée loin dans le massacre des populations, faisant, selon le rapport de l’ONU plus de 400 morts.

L’interprétation du pouvoir est toute autre. Pour les cadres du parti UNIR, Faure Gnassingbé n’engage aucunement l’armée dans une certaine action politique.

Pour les défenseurs de cette cause, l’armée togolaise a besoin des moyens pour se moderniser et se professionnaliser face aux grands défis qui l’interpellent sur le continent.

L’armée togolaise doit s’y préparer en raison de son rôle de maintien de la paix qu’elle ne cesse de jouer, notamment en Côte d’Ivoire, au Mali, au Soudan, en Centrafrique etc.

Pour l’opposition, l’armée togolaise continue d’être la garde prétorienne dressée contre le peuple à qui le Chef de l’Etat confie le rôle et la responsabilité dans les échéances à venir, les échéances électorales de 2015.

 

La pomme de discorde

Les reformes constitutionnelles et institutionnelles tant clamées pourraient être résumées en deux grandes préoccupations qui justement divisent la classe politique togolaise : La question de la limitation de mandat et le mode de scrutin.

En s’engageant dans les reformes, d’après nos informations, le pouvoir politique avait l’intention, face à la pression des diplomates, de lâcher du reste en ce qui concerne l’un de ces grands points.

Une condition était jalousement posée par les cadres du parti UNIR : l’opposition devrait aussi accepter de concéder un des deux pour que l’équilibre permette aux deux partis de sortir gagnants.

Le parti au pouvoir serait prêt à accepter les deux points ; la limitation de mandat et le mode de scrutin à deux tours. Mais, selon des députés et d’autres cadres du parti, la loi sur la limitation de mandat ne devrait pas être valable pour la prochaine élection présidentielle de 2015.

En d’autres termes, le pouvoir détestait comme le coryza l’intention pour l’opposition de voir écarter Faure Gnassingbé dans la prochaine course présidentielle.

Pour ces cadres, il est possible pour leur candidat de remporter la présidentielle après un seul tour, coupant court aux jeux d’alliance sur lesquels compte l’opposition pour réclamer le mode de scrutin à deux tours.

Mais c’est lorsque l’opposition ne veut pas du tout voir Faure Gnassingbé dans la course à la Présidentielle de 2015 que le pouvoir monte sur ses ergots. C’est parole contre parole « Il a fait déjà ses dix ans à la tête du pays, il n’a qu’à partir pour laisser la place à d’autres togolais… c’est inadmissible de voir Faure Gnassingbé, fils du Général Eyadéma Gnassingbé nous diriger encore plus de dix ans alors que son père en a fait 38 avant de mourir… » dira un émient responsable de l’ANC. Rejet en bloc de la part d’un député  à l’assemblée : « Jean Pierre Fabre n’a que se mettre à notre place, à la place du chef de l’Etat. Il n’est pas possible de voter une loi qui exclut le candidat que nous portons, Faure Gnassingbé… nous sommes sûr que Fabre et ses amis, à notre place feront pire, ils ne voudront même pas chercher à évoquer ce débat comme nous autres avons le courage de l’évoquer et de le partager avec l’opposition… »

Le conseiller blanc Charles Debbasch alias Koffi Souza l’a clairement exprimé dans un éditorial publié sur le site du gouvernement : « Il existe aussi des raisons de fond au rejet. Certes toute constitution est perfectible et la constitution togolaise n’échappe pas à la règle. Mais au lieu de chercher cet aggirnamento, l’opposition n’avait qu’une idée en tête ; organiser juridiquement une inégalité pour empêcher le président sortant de se représenter à la prochaine élection présidentielle. Comment dans ces conditions, l’opposition pouvait-elle espérer que la majorité accepterait de se faire harakiri en excluant l’un des principaux compétiteurs de la course présidentielle ». Cette réflexion titrée Le rejet d’une reforme constitutionnelle d’exclusion venant de Koffi Souza dit tout sur le courroux des députés du pouvoir à rejeter en bloc la loi.

C’est donc un message fort à l’opposition de la part du pouvoir qui lui demande de mettre de l’eau dans son vin, de concéder afin d’obtenir.

L’opposition nie catégoriquement ce procès d’intention.

Dans des discussions informelles, les responsables de l’ANC arguent tout simplement que les reformes ne sont pas taillées à la mesure d’une personne mais pour atteindre une finalité d’intérêt national.

Du coup le débat est compliqué et il est difficile de couper la poire en deux pour que chacune des parties puisse s’en sortir Perdant-gagnant dans l’exécution de ces reformes qui ont beaucoup plus pour finalité d’assurer une mise à niveau de nos textes et de notre loi fondamentale afin de répondre aux standards démocratiques.

Sinon, face à une menace de la l’armée contre une pression populaire, la tension est perceptible si les interprétations logiques faites sur les sorties des deux camps sont fondées et sont susceptibles d’être mises en exécution, Danger en la demeure…

Oh Marie conçue sans Péchés, Priez pour nous qui avons recours à Vous !

Carlos KETOHOU

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