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MALI : Diango Cissoko, nouveau Premier ministre

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Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a été contraint mardi à la démission par d’anciens officiers putschistes hostiles à une intervention étrangère contre les islamistes qui occupent le Nord du Mali, et le président par intérim a désigné son successeur.

Selon un décret lu par la chaîne de télévision publique malienne ORTM, le président par intérim, Dioncounda Traoré, a nommé au poste de Premier ministre le médiateur de la République, Diango Cissoko.

Agé de 62 ans, M. Cissoko était médiateur de la République depuis mai 2011.

« La priorité, c’est la récupération du nord et l’organisation des élections (…) Je veux faire un gouvernement d’union nationale », a affirmé mardi soir à l’AFP le nouveau Premier ministre.

M. Diarra a annoncé à l’aube sa démission et celle de son gouvernement après avoir été arrêté dans la nuit par une vingtaine de militaires, sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex-junte qui avait renversé en mars le président Amadou Toumani Touré.

M. Diarra a fait cette annonce au cours d’une brève allocution à la télévision malienne, sans fournir d’explications. Il se trouvait mardi en résidence surveillée chez lui à Bamako, selon un membre de sa famille. Les habitants de la capitale vaquaient normalement à leurs occupations.

Le départ forcé du Premier ministre survient au lendemain de la décision de l’Union européenne d’envoyer au Mali 400 militaires début 2013 pour former l’armée malienne en vue de rétablir le contrôle de Bamako sur le Nord du pays, occupé depuis huit mois par des islamistes armés.

Cet envoi sera la première concrétisation d’un engagement étranger sur le terrain, alors qu’est attendu avant Noël un feu vert de l’ONU sur le déploiement d’une force internationale.

Le capitaine Sanogo, chef des putschistes, a justifié son action mardi soir dans un entretien à la télévision publique malienne.

« Rien ne marchait » avec M. Diarra comme Premier ministre, « au lieu d’être le chef d’équipe pour conduire, il était quand même le point de blocage », a affirmé le capitaine Sanogo à l’antenne de l’ORTM.

Le capitaine Sanogo assure que l’ex-Premier ministre « va très bien », « qu’il est chez lui depuis hier soir ». Il dément que M. Diarra ait été placé en résidence surveillée à son domicile comme l’a affirmé à l’AFP mardi matin un membre de la famille de M. Diarra. « Il n’est ni arrêté ni en résidence surveillée », a déclaré l’officier.

Le capitaine Sanogo a par ailleurs démenti être « opposé » au déploiement d’une force internationale dans le nord du Mali. « Nous ne nous sommes jamais opposés à quoi que soit (…) Nous en avons besoin tant que ça peut sauver des populations maliennes », a-t-il déclaré.

Le nouveau coup de force des putschistes survient alors que le Mali et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONUd’autoriser rapidement le déploiement d’une force internationale de 3.300 hommes dans le pays.

Lundi, l’UE a mis sur les rails sa mission de 400 militaires, dont 250 formateurs qui devront dès le premier trimestre 2013 réorganiser une armée malienne en piteux état depuis sa débâcle face aux groupes armés.

Alors que M. Diarra s’était prononcé à plusieurs reprises en faveur d’une intervention étrangère rapide, le capitaine Sanogo, devenu chef d’un comité de réforme de l’armée, l’avait acceptée du bout des lèvres, disant préférer compter sur l’armée malienne pour reconquérir le Nord.

La démission de M. Diarra sous la pression des putschistes a suscité la réprobation en Afrique et en Occident.

La Cédéao « condamne tout agissement, en particulier celui de militaires, contre toute personnalité de la transition » au Mali, a déclaré à Abidjan le président de la commission de cette organisation, Désiré Kadré Ouédraogo.

Elle a appelé à ce que la sécurité de M. Diarra soit assurée. « Nous tenons ceux qui entraveraient ses mouvements pour responsables de sa sécurité », a déclaré à l’AFP M. Ouédraogo.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est lui déclaré « troublé » par le coup de force et a « appelé une nouvelle fois à la fin de l’ingérence des militaires dans la politique ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est dit « prêt à envisager des mesures appropriées, dont des sanctions ciblées contre ceux qui empêchent la restauration de l’ordre constitutionnel et agissent pour miner la stabilité du Mali ».

Sur la même ligne, le département d’Etat américain a « condamné cet acte commis par la junte militaire », qu’il a exhortée à « cesser ses ingérences perpétuelles dans les affaires politiques et gouvernementales maliennes ».

L’UE a appelé l’armée « à cesser d’interférer dans la vie politique », et la France a demandé la formation rapide d’un « nouveau gouvernement représentatif ».

Ce nouvel épisode de la crise au Mali prouve la fragilité des autorités civiles de transition.

La France et les Africains souhaitent une adoption rapide à l’ONU de la résolution sur le déploiement de la force internationale, mais Washington doute des capacités du Mali et de ses voisins à mener à bien l’opération.

AFP

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