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Les portes de la liberté

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La libération d’office de l’ancien ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Pascal Bodjona samedi dernier n’a pas été obtenue dans la facilité.
Elle est le fruit d’une longue bataille juridique et politique qui a connu des rebondissements divers et des contorsions spectaculaires.
La justice togolaise a brillé dans cette affaire par une exceptionnelle volonté de tordre le coup à la réalité et de prendre le contenu pour le contenant.
Il a fallu un homme qui se nomme Pascal Bodjona, influent de son état et qui a des moyens juridiques de défendre sa cause, des moyens financiers de traiter ses avocats pour que la cour de justice de la CEDEAO s’empare de l’affaire et prononcer une décision en faveur de l’homme politique togolais.
Malgré tout ce poids imposé dans ce dossier, l’homme politique a passé plus de 500 jours en prison après une escale de détention dans les locaux de la gendarmerie nationale.
Dans son communiqué en réaction à la libération de Pascal Bodjona, le Mouvement Martin Luther King a souhaité que cette libération soit élargie à plusieurs autres détenus, notamment les personnes accusées d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
C’est vrai, des avocats et plusieurs observateurs de la situation nationale et internationale ne comprennent pas pourquoi, après le jugement et la condamnation de Kpatcha Gnassingbé et de ses coaccusés, après l’arrêt de la cour de justice de la CEDEAO qui a conclu une détention arbitraire sur la base de la torture, après la décision de l’ONU qui demande de procéder à la libération des détenus, ceux-ci continuent de passer des jours tranquilles à la prison.
Pour tous ces cas, il s’agit plus ou moins de personnes publiques, qui ont une certaine influence et aussi une capacité financière à pouvoir défendre ou faire défendre leur cause.
A côté d’eux donc, ils sont nombreux, ces citoyens ordinaires, qui croupissent dans les prisons de Lomé et de plusieurs localités de l’intérieur.
Les uns sont jetés pour des délits banales de vol de poulet, de prêt, d’agression verbale, de vente de terrain, etc. dont les peines ne devraient pas dépasser l’année mais qui y séjournent depuis plus de deux à trois ans.
Les autres subissent tout simplement une détention arbitraire, parce que, n’ayant bénéficié d’aucun procès équitable pour être condamné. Abandonné à la prison, malgré l’effectif bourratif qui empêche les détenus de jouir de leurs droits.
L’indépendance de la justice est un gage de la démocratie et de l’Etat de droit.
Les magistrats, les juges, les avocats et tous les autres auxiliaires de justice en ce qui les concerne, devraient avoir en idée que leur rôle est important, leur contribution participe assez efficacement à l’instauration de cette démocratie.
Les partenaires en développement, en investissant des milliards de FCFA dans la reforme judiciaire aspirent à une justice qui permette de garantir des chances égales à tous devant la loi.
Mais, tordre le cou à la loi et infliger des procès et des condamnations arbitraires aux citoyens ne peut, en aucun cas servir l’Etat de droit.
Les portes de la prison devraient êtres ouvertes à la liberté, non seulement à ces milliers de victimes, qui ne sont pas connues, qui n’ont ni les moyens, ni l’influence pour se faire entendre mais aussi à tous ceux qui n’ont pas leur place derrière les barreaux.
Ils ont juste besoin que le droit soit dit, afin qu’ils sortent de ce milieu carcéral qui regorge de toutes les meurtrissures.
Ces portes de la liberté devrait plutôt sévir contre les ennemis de cette démocratie.
Ceux qui sont auteurs et acteurs de la torture, de la corruption, du détournement des deniers publics, bref, tous ceux abusent de leur position pour saigner l’Etat, piller la nation, compromettre la liberté aux autres citoyens.
Ce sont également les portes de la liberté pour une économie saine, pour une administration crédible et des citoyens en sécurité.
Le Chef de l’Etat, Premier magistrat du pays, devra user de ses prérogatives constitutionnelles pour appliquer cette liberté.
Il en a les moyens, de gracier les prisonniers qui le méritent, de sanctionner ceux qui pillent l’Etat et d’établir une société qui jouit pleinement de la justice, de la dignité et de la liberté.
La devise togolaise est assez riche à ce sens : Travail Liberté Patrie.
Carlos KETOHOU

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