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Italie: l’accusation réclame 6 ans de prison contre Berlusconi dans le Rubygate

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Le parquet de Milan a requis lundi une peine de six ans de prison contre Silvio Berlusconi et une interdiction à vie d’exercer toute fonction publique dans le procès Ruby, où il est accusé d’abus de pouvoir et prostitution de mineure.

La procureure Ilda Boccassini a demandé une « peine de base de cinq ans » pour le premier chef d’accusation -M. Berlusconi, alors Premier ministre, aurait utilisé sa position pour faire libérer la jeune Ruby interpellée à Milan pour un larcin-, « aggravée d’un an » pour avoir rémunéré les prestations sexuelles de cette mineure, un délit en Italie.

Mme Boccassini a assorti son réquisitoire d’une sévère requête d' »interdiction à vie d’exercer toute fonction publique » à l’encontre de l’ex-président du Conseil, ex-député, et sénateur depuis les élections de février.

M. Berlusconi a très vite réagi aux accusations de Mme Boccassini. « Conjectures, distorsions, mensonges inspirés par les préjugés et la haine, contre l’évidence, au delà de l’imagination et du ridicule », a-t-il commenté dans un communiqué. « Mais tout est autorisé sous le bouclier de la toge. Pauvre Italie! » a-t-il ajouté.

Les membres de son parti le PDL (centre-droit) se sont, eux, indignés contre « une attaque à la démocratie », « une farce », ou encore « une volonté d’éliminer Berlusconi ».

« Les peines requises sont très lourdes compte tenu des faits contestés », avait auparavant commenté l’un de ses avocats, Nicolo Ghedini. La défense s’exprimera le 3 juin et le verdict est attendu au plus tôt le 24 juin.

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Au cours d’un réquisitoire de plus de cinq heures, Mme Boccassini a dénoncé « le système de prostitution mis en place pour la satisfaction sexuelle personnelle de l’accusé Silvio Berlusconi ».

La procureure a jugé également « très grave » que l’accusé ait « abusé de sa fonction » pour faire relâcher au plus vite Ruby dans la nuit du 27 au 28 mai 2010. Selon l’accusation, le Cavaliere voulait éviter que la jeune femme révèle la nature de ses relations avec lui.

« J’ai pu démontrer au-delà de tout doute raisonnable que, cette nuit-là, les fonctionnaires de la préfecture de Milan remirent en liberté la mineure suite à une intercession du président (du Conseil) », a-t-elle dit.

Selon elle, les fonctionnaires savaient en outre que l’histoire racontée par l’entourage de M. Berlusconi sur Ruby, « nièce du président égyptien (de l’époque, ndlr) Hosni Moubarak », était « un gros mensonge ».

Tant le magnat des médias, qui dit avoir voulu aider une jeune fille en difficultés et a dénoncé des juges « politisés », que Ruby affirment ne jamais avoir eu de relations sexuelles. Dimanche, tous les deux ont parlé de soirées « complètement normales » lors d’une longue émission spéciale intitulée « La guerre de 20 ans : Ruby, dernier acte », sur Canale 5, l’une des chaînes appartenant au Cavaliere.

Selon la procureure, Ruby, comme la plupart des autres jeunes filles qui participaient aux soirées « bunga bunga » chez Silvio Berlusconi, cultivaient « un rêve italien négatif », attendant du milliardaire « de l’argent facile et la possibilité de travailler dans le monde du spectacle ».

Après être devenue « la favorite », Ruby « recevait directement de Silvio Berlusconi ce dont elle avait besoin pour vivre », a encore indiqué la procureure.

« Elle nie parce qu’elle a reçu plus de 4,5 millions d’euros » en trois mois, a martelé la procureure.

Pour Mme Boccassini, la jeune Marocaine a dormi plusieurs nuits à Arcore, la villa du milliardaire près de Milan, et « il n’y a pas de doutes que Ruby se prostituait ».

La procureure a aussi souligné que les intermédiaires du « système de prostitution » et même le Cavaliere savaient tous que Ruby était mineure, ce qui explique le vent de panique déclenché par son interpellation.

Pour confirmer ses dires, Mme Boccassini, bête noire du Cavaliere pour avoir été son accusatrice dans d’autres procès, a cité des dizaines d’appels téléphoniques et de SMS avec la position des témoins.

Les ennuis judiciaires de M. Berlusconi, condamné la semaine dernière en appel à un an de prison (en fait quatre ans dont trois s’étant soldés par une amnistie) pour fraude fiscale dans le procès Mediaset, ont provoqué des remous dans le gouvernement d’Enrico Letta, qui est le premier à unir gauche et droite depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au cours d’une retraite organisée en Toscane pour renforcer la cohésion du gouvernement, M. Letta a jugé « inacceptable » la participation de certains de ses ministres à une manifestation samedi à Brescia pour soutenir M. Berlusconi et dénoncer une magistrature « politisée ».

AFP

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