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ITALIE : casse-tête face à un blocage politique qui préoccupe l’Europe

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Un nouveau gouvernement technique, un gouvernement minoritaire de gauche, des alliances improbables ou de nouvelles élections? L’Italie était toujours dans le flou vendredi après des élections qui n’ont dégagé aucune majorité claire, suscitant les inquiétudes de l’Europe.

Le temps presse, les marchés s’inquiètent, le pays, surendetté et plongé dans la récession, piétine dans l’attente de décisions urgentes et difficiles, mais aucun scénario ne prévaut dans l’immédiat.

Le vrai vainqueur du scrutin de dimanche-lundi, l’ex-humoriste Beppe Grillo, dont le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) a cristallisé le vote de protestation en remportant un quart des voix, a opposé un « non » cinglant au chef de la gauche qui lui proposait un accord sur un programme commun de réformes concrètes (coupes dans les dépenses de la politique, mesures pour chômeurs et travailleurs précaires).

Grillo a même été jusqu’à caricaturer Pier Luigi Bersani comme « un mort vivant » sur son blog, le traitant de « harceler politiquement » ses élus pour tenter de les attirer dans son camp.

Fort d’une solide majorité à la Chambre des députés, M. Bersani est minoritaire au Sénat et devrait recevoir l’appui soit du M5S qui compte 54 parlementaires dans cette chambre, soit sur la coalition de droite de Silvio Berlusconi pour passer le test du vote de confiance initial qui permet à un gouvernement d’entrer en fonction.

Le Cavaliere s’est déclaré disposé à offrir à certaines conditions son soutien à M. Bersani, une hypothèse que les militants de gauche et son entourage rejettent résolument.

Ni le Cavaliere ni M. Grillo n’envisagent en revanche une alliance entre eux.

« Beppe Grillo sera celui qui décidera, cela dépend de s’il veut de nouvelles élections ou non. Il a un rôle central, c’est lui qui a les cartes en mains », a estimé le professeur de sciences politiques Roberto D’Alimonte. Pour pimenter un peu plus le scénario italien, de nombreux militants de M5S ont contesté Beppe Grillo lorsque ce dernier a rejeté à priori un accord avec la gauche.

Pour tenter de calmer les préoccupations au sein de l’Union européenne, le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, a promis jeudi au cours d’une visite en Allemagne, que la péninsule « assumera ses responsabilités et fera sa part de sacrifices » pour la construction européenne. Il a cependant reconnu qu' »il n’y a pas de possibilité d’accélérer » la formation du gouvernement qui doit attendre la seconde moitié du mois de mars.

Avant cela, la Constitution italienne prévoit en effet une phase exploratoire où le président reçoit les différents partis pour voir si une majorité peut se former.

Le résultat des élections italiennes a plongé dans la stupeur et l’embarras l’UE en général et l’Allemagne, chantre de la rigueur, en particulier.

Il a aussi relancé le débat sur les politiques d’austérité prônées par Bruxelles et Berlin qui réclament la poursuite des efforts budgétaires des pays fragiles de la zone euro. « Une seule chose est claire après l’élection, c’est que l’Italie a une majorité contre (la chancelière Angela) Merkel ». En citant ce bon mot d’un journaliste italien, le quotidien berlinois Tagesspiegel résumait bien le malaise allemand.

Les marchés financiers ont fait preuve cependant d’une résistance surprenante, convaincus qu’une coalition se formera pour gouverner le pays.

« Le marché a maintenant appris à vivre avec ce sentiment d’incertitude politique en zone euro », a estimé Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse. Pour le professeur à la Warwick Business School, Guglielmo Meardi, « l’Italie, habituée à l’instabilité parlementaire », devrait être en mesure « de se maintenir sur les rails jusqu’à l’automne pour organiser de nouvelles élections à ce moment-là, en même temps qu’en Allemagne ».

« Après cette date, étant donné qu’il n’y aura plus d’élections en prévision (dans les grands pays de l’UE, après celles françaises, allemandes et espagnoles, ndlr), il sera possible d’organiser des discussions plus sérieuses entre les principaux pays de la zone euro sur la gouvernance économique en Europe », a conclu M. Meardi.

AFP

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