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INTERVIEW D’UN TOGOLAIS, ADJOINT AU MAIRE EN FRANCE : Romuald GBEDEY pense que la page de la dictature n’est pas tournée au Togo

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Nous avons rencontré ce Togolais de la soixantaine, respectable juriste et adjoint au Maire  Christian Pierret, ancien ministre français aujourd’hui maire de Vosges. Il a accepté de se confier à nous pour exprimer sa vision de la situation sociopolitique de son pays. Romuald Gbédey, adjoint au maire chargé à l’éducation dans cette ville française de 22 mille habitants était optimiste sur l’avenir du Togo après la disparition du Général Eyadéma. Il avait comme la plupart des Togolais placé sa confiance aux nouvelles autorités qui ont pris la tête du pays dans un monde qui bouge. Mais malheureusement, dit-il «  les attentes que la venue du nouveau président a suscitées ne sont pas comblées. » parce que la volonté des urnes n’est pas respectée. Que faire ? Partant des conditions de son intégration dans la société française, Romuald Gbédey jette un regard critique sur la situation politique togolaise et fait des propositions qui pourront permettre à ce pays de l’Afrique de l’Ouest d’émerger. Intégralité de l’entretien avec Romuald GBEDEY.

 

Mr Romuald Gbedey Bonjour

 

Bonjour

 

Vous êtes d’origine togolaise, adjoint au maire de la ville de Saint-Dié-Vosges. Comment cela est-il arrivé ?

 Je suis venu m’installer dans cette ville pour travailler et j’ai fait la connaissance de Monsieur Christian Pierret, responsable de Saint-Dié-Vosges, avec qui j’ai eu d’excellentes relations durant des années. Et aux dernières élections, il y a bientôt six ans, il m’avait demandé si j’acceptais de faire partie de sa liste. J’ai senti cela comme étant un honneur, j’ai accepté et à l’issue des élections, il m’a donné la délégation d’adjoint à l’éducation et à l’égalité des chances, ce qui témoigne de la confiance qu’il m’a accordée et qu’il continue de m’accorder. L’éducation est le premier programme de la ville de Saint-Dié-Vosges. Nous y consacrons un budget de 4 millions d’euros. Ce qui prouve que le maire accorde à l’éducation une importance toute particulière.

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Vous avez  donc la confiance du maire, et par ricochet la confiance de toute la population vosgienne ?

 

 J’ai la confiance du maire. Quant à la confiance des Vosgiens, je n’en sais rien. Mais toujours est-il que nous agissons et nous pensons que l’action que nous menons, nous la menons dans l’intérêt des élèves et des parents de notre localité.

Et quels sont les grands axes de votre plan dans le domaine de l’éducation ?

 

 Dans le domaine de l’éducation, il faut savoir que les municipalités ont en charge les écoles maternelles et les écoles élémentaires, en gros l’école primaire dépendent des municipalités.  En ce qui concerne les actions, elles vont dans le sens de l’équipement en mobilier, l’équipement en fournitures scolaires, la cantine, les activités périscolaires. Tout cela dépend de la municipalité. Donc moi j’ai à gérer cela, mais je ne peux pas le faire seul. J’ai un service de plus de 30 personnes qui est dirigé par la directrice générale  de l’éducation, de sport, de la politique de la jeunesse de la ville de Saint-Dié-Vosges. La directrice est elle-même assistée d’une directrice du service de l’éducation qui coordonne les actions. Ma charge est d’impulser ces actions, de mettre en application les décisions prises par le conseil municipal ou par le maire en direction des élèves.

Ces actions, logiquement, devraient se répercuter sur votre pays le Togo. Qu’est-ce que vous avez fait ou comptez faire pour le Togo dans le cadre du développement, de l’éducation et de tout ce que vous avez pu apprendre en France ?

 Malheureusement je dois avouer que pour l’instant je n’ai pas fait grand-chose, tout simplement parce que je n’ai pas, si j’ose le dire, de relais au Togo. La seule action que j’ai pu mener pour mon pays, mais pas en matière d’éducation, c’est que lors du dernier FIG (Festival International de Géographie) qui a été consacré à l’Afrique, j’ai suggéré à monsieur le Ministre le nom de Monsieur Edem Kodjo pour participer à cette grande rencontre et le comité scientifique a décidé de lui confier la présidence du FIG. De même, j’avais demandé et obtenu que mon pays, le Togo, soit invité. Cela nous a permis d’accueillir ici une délégation togolaise qui a participé activement au FIG.

De même, depuis des années, les élèves de l’Ecole Alpha viennent passer les épreuves du baccalauréat première  et deuxième parties à Saint-Dié-Vosges. L’Ecole Alpha est accueillie ici et le maire met tout à sa disposition pour que les choses se passent bien.

J’espère et je souhaite qu’à l’avenir, l’expérience que j’ai acquise ici en étant à la place que je suis, je puisse la mettre au service de mon pays parce que j’ai découvert un certain nombre de choses dont j’ignorais l’existence. J’ai découvert des actions qui sont menées que je ne connaissais pas, ceci grâce à la fonction que le maire m’a confiée. Moi je suis tout à fait disposé demain,  si l’occasion m’est donnée, si j’ai la possibilité, si j’ai des relais, de participer à la construction de mon pays.

Alors, rendez-vous souvent au Togo ? Votre dernière visite au pays date de quand ? Et vous qui êtes totalement intégré à la société française, comment vous vous sentez quand vous allez au Togo ?

 On ne perd jamais ses origines. Je suis Togolais, je vis en France, j’ai la nationalité française, je suis intégré, je me sens quotidiennement impliqué dans la vie française, mais je me sens aussi concerné quotidiennement par la vie politique et économique de mon pays le Togo. Je vais au Togo régulièrement. J’ai eu pendant quelques années la possibilité d’y aller tous les ans. Maintenant je n’y vais plus tous les ans mais j’essaie avec ma famille d’y aller tous les deux ans. Je vis depuis longtemps en France et quand c’est le cas, tu perds un peu des tissus relationnels que tu as au pays. Quand on en est éloigné on ne garde comme relation que ceux qu’on a connus avant de partir. A cause de tout ça, mes relations se limitent pour la plupart du temps aux gens que j’ai connus au lycée. Mais je me sens bien dans l’ensemble à chaque fois que je vais au pays.

Quel regard portez-vous sur la situation sociopolitique du Togo ? Vous savez très bien que le pays traverse une période de turbulence où il y a des manifestations, où on réclame le départ du président. Que pensez-vous de tout ça ?

 

 Personnellement je souhaite que les choses aillent bien, que la démocratie puisse enfin s’installer dans notre pays. C’est vrai que le Togo avait connu 39 années difficiles, chacun le sait, on a placé beaucoup d’espoir dans les dirigeants actuels. Mais je constate, en regardant ce qui se passe au pays, que les attentes que la venue du nouveau président a suscitées,  ne sont pas comblées. Je pensais personnellement qu’on allait tourner définitivement la page de la dictature et qu’on allait ouvrir une nouvelle page de démocratie intégrale avec le respect des décisions des urnes. Mais malheureusement, tel n’est pas le cas et cela est regrettable. Le Togo est un pays qui était en pointe en Afrique de l’ouest. Mais aujourd’hui, quand on jette un regard sur les pays qui nous entourent, on constate que nous avons perdu de nombreuses années, nous n’avons pas autant progressé que les autres. Il est grand temps que toutes les énergies des Togolais soient mises au service du développement. C’est ce que j’appelle de mes vœux.

Justement, vous devez aussi mettre votre expérience française au service du Togo. S’il arrive que les autorités togolaises vous appellent pour venir contribuer à l’amélioration de la situation au Togo, quelle réponse leur donnerez-vous ?

 

 Il est difficile de répondre à cette question comme çà. Nous avons écouté avec beaucoup d’intérêts l’interview du gouverneur du district d’Abidjan. La leçon que j’en ai tirée est que c’est un homme qui a de l’ambition pour son district, mais j’ai senti surtout, et c’est l’élément le plus important, que c’est quelqu’un qui a la confiance de son président et de son gouvernement. Car sans la confiance de son gouvernement, il ne peut pas entreprendre les actions qu’il envisage d’entreprendre pour le développement et le progrès du district d’Abidjan. J’ai eu le sentiment, et j’espère que c’est la vérité, que c’est quelqu’un à qui on a laissé les mains libres pour travailler. Nous avons tous des ambitions pour nos pays. Mais lorsqu’on vous appelle et vous acceptez de participer à un gouvernement ou je ne sais quoi encore et de mettre votre compétence au service de votre pays, il arrive malheureusement que l’on ne vous laisse pas les mains libres, l’on ne vous donne pas la possibilité d’entreprendre les actions que vous aviez proposées, que vous jugez utiles et nécessaires pour le progrès et le développement de votre pays. C’est ça le point le plus difficile. Alors, dire aujourd’hui que si demain les autorités togolaises m’appellent à venir mettre le peu de compétence que j’ai au service du développement de mon pays j’accepterai du coup, ce n’est pas évident.

Il y aura des conditions à poser. Si demain les autorités togolaises décident de laisser la main libre à ceux qui veulent contribuer à la construction du pays, je pense que je ne serai pas le seul à répondre à l’appel. Il y a bien de Togolais en France ou à travers le monde qui seront tout à fait disposés à rentrer pour mettre leurs compétences au service de leur pays.

Alors que souvent,  on nous dit de ne pas nous engager, de ne pas y aller parce que notre bonne volonté ne servira à rien du tout. Vous rentrez dans le système et le système vous broiera.

C’est ça le regard qu’on peut avoir. Et pourtant la politique doit être un noble service. Il faut participer au développement et à la construction de son pays. Et le problème qui se pose c’est que si tous ceux qu’on appelle pour participer à la construction du pays refusent de le faire sans prétention, on ne fera qu’appeler ceux qui n’ont pas la compétence pour le faire. Et ceux là, malheureusement, ne peuvent pas avoir une vision globale, complète et progressiste. Ils n’auront aucune volonté d’agir dans l’intérêt du pays. Celui qui veut venir, celui qui veut contribuer, le laissera-t-on agir dans l’intérêt du pays ? Telle est la question.

 

Monsieur Romuald Gbedey merci

 

Je vous en prie.

Propos recueillis en France par Carlos KETOHOU

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