L’OTR, instrument, élevé par les autorités du Togo au rang des reformes les plus réussies n’a pas été canonisé par la banque mondiale, à juste titre. De sa trempe d’expert international avisé, de fin connaisseur des agrégats économiques et financiers, Hervé ASSAH représentant-résident de la Banque mondiale en fin de mission au Togo a vécu dans une présence professionnelle qui ne lui a pas pourtant permis de relever les grands défis économiques et financiers, de surtout d’empêcher la bêtise économique. Il a fait part des réussites. L’OTR n’était pas au rendez-vous…
Dans une interview accordée au site du gouvernement, l’homme dresse un bilan malgré lui : « l’agriculture avec des projets innovants dans le domaine de la recherche aviaire, avec le PNIASA. Je peux également citer les infrastructures, les projets de modernisation et d’accès à l’internet, le corridor Abidjan-Lagos, les programmes de développement communautaire avec par exemple l’introduction des cantines scolaires. Il y a aussi toute l’action de la Banque mondiale en direction du secteur privé. On peut citer le terminal à conteneurs au port de Lomé, le projet de facilitation du commerce, le Guichet unique, etc… » Ces différents domaines énumérés, le fonctionnaire de la banque mondiale le sait bien n’ont pas permis d’obtenir des résultats probants.
Le PNIASA piloté par le ministère de l’Agriculture a été une véritable vache-à-lait pour des membres du gouvernement qui n’ont pas mis les fonds de ce programme au service des vrais acteurs de l’agriculture.
La preuve, les outils restent rudimentaires et l’effort humain plombe cette agriculture.
Pour les projets de modernisation et d’accès à l’Internet, c’est la catastrophe avec des débits de connexion les plus exécrables de la sous région.
Quant au Terminal à conteneur, le projet LCT est appréciable, d’après des experts que nous avons interrogés.
Là, Hervé Assah pourrait se frotter les mains…. Mais là où l’expert de la BM part la gorge serrée est le nœud même des reformes qu’il a en toute responsabilité ignorer : L’OTR, l’office Togolais des Reformes présenté par le gouvernement comme la plus grande reforme économique et financière du siècle.
La Banque mondiale à l’amorce de ce projet « fou » avait tiré la sonnette d’alarme sur le gros risque et ne s’est pas impliqué dans toutes ses phases d’exécution. Le FMI avait aussi conseillé le Togo de ne pas s’engager dans cette manœuvre corrosive de l’économie et des finances.
Mais l’entêtement des autorités togolaises a conduit à la crise qui secoue actuellement l’OTR : la révision à la baisse des prévisions fiscales budgétaires, l’effet contraire de l’introduction de la facture normalisée avec son caractère ralentissant pour les entreprises, l’indisponibilité courante des commissaires pour valider les quitus de transactions des marchés aux opérateurs économiques, le coût excessif du fonctionnement de l’office, l’acheminement illégale et suspect des recettes vers les structures bancaires privées au détriment du trésor et de la BCEAO et la chute à croissance exponentielle des recettes.
Sur 152 Etats de la planète, il n’y a que deux, le Togo et le Rwanda qui trouvent nécessaires de cumuler les recettes des douanes et des impôts dans un cafouillage caractéristique de la légèreté du projet, selon des experts.
C’est pourquoi, justement, le représentant-résident partant de la banque mondiale n’a point porté au pinacle, contrairement aux discours dithyrambiques des officiels togolais, l’Office Togolais des Recettes, OTR, qui traverse actuellement une période très critique.
Le passage de Hervé ASSAH au Togo est fait de hauts et des bas. Il a subi des sommations récurrentes et ridicules du Ministre de l’économie et des finances sur plusieurs aspects du développement, il a été confronté à plusieurs situations de corruption, mais l’intellectuel africain a su jouer sa partition pour maintenir le cap.
Le passage le plus remarquable de l’Homme est celui du Club Diplomatique de Lomé (CDL) où il a proposé des solutions pour une Afrique, de Lucy à OBAMA qui peut et qui doit. Afri….can. Mais en somme, il part du Togo, la gorge serrée.
Carlos KETOHOU
Parcours
Expert international avisé des grands centres du pouvoir financier et bancaire, Hervé ASSAH, congolais de nationalité, était précédemment le Représentant Résident de la Banque Mondiale au Togo et membre de l’équipe de management de la région Afrique de la Banque Mondiale.
Avant son arrivée au Togo en 2010, il avait occupé le même poste au Nigéria de 2007 à 2010. Il a été successivement à la Banque Ouest Africaine du Développement (BOAD), à la Société Africaine de Réassurance (Africa-Ré) à Société Financière Internationale (SFI), à la BNP- Paribas, à la Citybank de Londres, chez Bankers Trust Company à Wall Street, à Thomson CSF et à Altus Finance à Paris.
Spécialiste du financement des infrastructures, Hervé ASSAH est rompu aux questions de partenariat public-privé des pays émergents pour lesquels, il a une doigtée affinée des secteurs des mines, de l’énergie, des télécommunications et d l’agro-industrie.
Sous le manteau de «Chargé des investissements» à l’International Finance Corporation (IFC), avec comme point d’ancrage le Département «Secteur Privé, Pétrole et Mines», que le Congolais a rejoint en 1996 le Groupe de la Banque Mondiale.
Fin connaisseur de l’establishment bancaire mondial, il est titulaire d’un Master of Business Administration(MBA) en Finance de la prestigieuse Wharton Business School de l’Université de Pennsylvanie.
Il est aussi détenteur d’un diplôme de Management Development Program(MDP de HEC Montréal et d’un troisième cycle d’Economie et Finance internationale à la Sorbonne à Paris.
Il est de même passionné de sciences humaines, notamment d’histoire, de géographie, de géologie, de philosophie et d’ethnologie.
Hervé ASSAH est polyglotte, pour preuve il fut conférencier à la Havard Business School et une passion très forte pour la musique.
Il est marié et père de famille.