Guinée équatoriale: faible affluence pour des législatives sans surprise
L’affluence était relativement faible dans les bureaux de vote de Guinée équatoriale, dimanche à la mi-journée, pour les élections parlementaires et locales qui semblaient jouées d’avance en faveur du régime de Teodoro Obiang, au pouvoir depuis 33 ans.
Quelque 300.000 électeurs étaient appelés à renouveler les conseils municipaux et l’Assemblée nationale – où ne siège actuellement qu’un seul député d’opposition -, et à désigner pour la première fois les 70 membres du Sénat voulu par la nouvelle Constitution.
Le scrutin a débuté vers 8 heures locales (07H00 GMT) dans ce petit pays d’Afrique centrale, ex-Guinée espagnole indépendante depuis 1968.
A l’école primaire de Namper, dans le quartier populaire de Semu à Malabo, les rangs des électeurs étaient clairsemés à la mi-journée, a constaté un journaliste de l’AFP. On y comptait 150 votants sur 700 inscrits. Et au bureau de vote du quartier plus huppé de Malabo 2, une quarantaine d’électeurs – sur 200 inscrits – s’étaient déplacés.
« Je viens voter pour qu’on me laisse tranquille pour faire des affaires. On ne peut pas se permettre de rester neutre dans un régime pareil, il faut faire semblant », glissait un commerçant en sortant de l’isoloir. Carlotta Mikue, vendeuse de légumes au marché, affirmait « voter PDGE » (Parti Démocratique de Guinée équatoriale, au pouvoir), parce que c’est le parti qui apporte du développement » dans le pays.
Contacté par téléphone, l’avocat Fabian Nsué, proche de l’opposition, a assuré de son côté: « ce n’est pas la peine de voter, les résultats sont connus d’avance, le parti au pouvoir va se tailler la part du lion ».
A Bata, la capitale économique, les bureaux de vote avaient déjà fermé à 13 heures, en raison de la très faible affluence, a indiqué à l’AFP un observateur mandaté par la Commission électorale nationale, Agustin Esono.
L’issue du scrutin ne fait aucun doute: le PDGE a formé une coalition électorale regroupant la quasi-totalité des partis du pays. Seuls deux partis d’opposition, la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) et l’Action populaire (AP), présentent des candidats indépendants.
Opposants emprisonnés
Actuellement, 99 députés sur 100 sont membres du PDGE, formation fondée en 1987 par le président Obiang.
« Ce sont des élections bidons, comme les autres scrutins organisés par la dictature d’Obiang. Si je me présente, c’est pour alerter l’opinion publique internationale », a affirmé à l’AFP Placido Mico, l’unique député d’opposition à l’Assemblée. « Une heure après l’ouverture des bureaux de vote, j’ai été informé qu’il y a déjà des irrégularités et des fraudes un peu partout. Il y a des gens du PDGE qui votent quatre fois, et dans certains bureaux en province, il n’y a qu’un seul bulletin du PDGE, celui de mon parti (CPDS) a disparu », a-t-il accusé.
Dimanche, une forte présence militaire était visible dans Malabo et la circulation automobile était coupée sur les grandes artères de la capitale.
Aucun incident n’avait été signalé à la mi-journée mais le scrutin se déroulait dans un climat tendu avec l’opposition, une manifestation contre le régime ayant été empêchée le 15 mai. Plusieurs opposants arrêtés ces dernières semaines restent par ailleurs emprisonnés.
« Nous sommes un pays de paix et nous ne voulons pas d’ingérence dans nos affaires », avait averti le 14 mai le président Obiang, dans une intervention à la télévision nationale. « Les ambassadeurs des Etats-Unis et de la France doivent s’abstenir de se mêler des affaires de ce pays (…), nous ne recevons de leçon de personne », avait-il mis en garde.
Aujourd’hui âgé de 70 ans, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo avait été porté au pouvoir en août 1979 par un coup d’Etat militaire qui avait renversé son oncle Francisco Macias Nguema, exécuté le mois suivant. Puis l’ancien militaire a été élu président à quatre reprises, avec des scores officiels dépassant à chaque fois les 95%.
Le chef de l’Etat tente depuis quelques années de modifier l’image de son petit pays pétrolier de 700.000 habitants, souvent qualifié de « dictature » par les défenseurs des droits de l’Homme.
AFP