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GUATEMALA: l’ancien dictateur Rios Montt jugé pour génocide

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« Ils utilisaient la tête comme un ballon, je ne l’ai jamais oublié et je ne l’oublierai jamais », a raconté cette semaine un survivant des massacres perpétrés par l’armée durant la guerre civile au Guatemala lors du procès pour génocide ouvert depuis 15 jours à l’encontre de l’ancien dictateur Efrain Rios Montt (1982-1983).

Pour la première fois de l’histoire de ce petit pays d’Amérique centrale qui a connu une violente guerre civile entre 1960 et 1996 – faisant 200.000 morts et disparus, d’après l’ONU – un ancien dirigeant est poursuivi pour génocide depuis le 19 mars.

Efrain Rios Montt, 86 ans, est en effet accusé d’être responsable du massacre de 1.770 indiens mayas de l’ethnie des ixiles dans le département de Quiché (nord), épicentre de la guerre civile. Selon ses défenseurs, il ignorait tout des agissements de l’armée.

A « une vieille dame aux cheveux longs, ils ont coupé la tête et l’ont apportée à la cantine des militaires », en signe d’avertissement pour les cuisinières civiles, a aussi expliqué jeudi par visioconférence Julio Velasco, témoin protégé. Il a précisé avoir vécu cette scène dans un camp militaire lorsqu’il avait huit ans, après avoir été capturé par l’armée.

Après son arrivée au pouvoir suite à un coup d’Etat militaire en 1982, l’ex-général Rios Montt avait appliqué la politique de la « terre brûlée » à l’encontre de populations autochtones accusées de soutenir la guérilla de gauche, en pleine guerre froide.

Julio Velasco a assuré que dans ce camp, « il n’y avait aucune pitié à l’égard des personnes âgées, ni des enfants ou des femmes enceintes (…) Parfois les enfants étaient jetés vivants avec leur mère dans des fosses » communes.

Il était parvenu à s’enfuir caché dans un pneu de tracteur, grâce à l’aide d’un ingénieur militaire, Hugo Leonardo Reyes, également témoin protégé à ce procès.

C’est lui qui jeudi a accusé le président de la République, le général à la retraite Otto Perez, d’être également impliqué dans des massacres d’indiens perpétrés entre 1982 et 1983, alors que ce dernier était en charge des opérations de l’armée dans le Quiché. Des accusations « fausses, fabriquées et inventées », s’est défendu l’intéressé vendredi, assurant qu’il n’avait alors de cesse « de secourir la population et de combattre les unités armées de la guérilla ».

« Partout, il y a eu génocide », a affirmé à son tour un ex-membre de patrouilles paramilitaires, Pedro Herrera Bernal.

Ces patrouilles constituées de civils enrôlés dans des zones rurales ont été utilisées par l’armée durant toute la guerre civile comme auxiliaires pour la lutte contre-insurrectionnelle et ont été également accusées de graves violations des droits de l’homme.

« L’armée nous obligeait à patrouiller car nous n’avions déjà plus ni maison, ni nourriture », a expliqué M. Herrera Bernal.

Plus tôt dans la semaine, plusieurs femmes étaient venues témoigner des viols collectifs dont elles avaient été victimes de la part de militaires.

Une indienne de la localité de Chajul, dont l’identité est également gardée secrète, a raconté comment elle avait été enlevée par des soldats et emmenée dans un camp où on a abusé d’elle à plusieurs reprises, après avoir brûlé sa maison, causant la mort de son nourrisson de 30 jours.

Les soldats « m’ont violée et j’étais enceinte de six mois. Au bout de 15 jours, j’ai accouché, mais mon fils était déjà mort lorsqu’il est né », a raconté au 8e jour d’audience une autre survivante, qui affirme avoir été violée par 30 soldats en même temps que sa fille de 12 ans.

Dans un autre témoignage, une femme de 58 ans s’est souvenue qu’en 1982, des militaires avaient réuni plusieurs femmes dans l’église de Cotzal, dans la province de Quiché, et les ont violées. Un des soldats a dit qu’elles se trouvaient dans ce lieu « car le président Rios Montt a dit qu’il fallait jeter à la poubelle tous ceux des communautés ixiles, parce qu’ils collaboraient avec la guérilla », a-t-elle indiqué.

Ce procès se déroulera sur plusieurs mois, au cours desquels 130 témoins doivent déposer. Aux arrêts domiciliaires depuis un an, Efrain Rios Montt comparaît avec un autre ex-général, Jose Rodriguez, ancien responsable des services secrets, jugé pour des chefs d’inculpation identiques.

AFP

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