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GILCHRIST OLYMPIO: la chute du maréchal, la fin….

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Gilchrist Olympio
Gilchrist Olympio

Les législatives du 25 juillet dernier ont donné leur verdict. UNIR, le parti au pouvoir, sera encore majoritaire au parlement car ayant obtenu les 2/3 des sièges. Pour l’ensemble de l’opposition, c’est une déception, mais pour l’Union des forces de changement (UFC), la défaite est plus que cuisante. De 27 députés en 2007, il s’est finalement retrouvé avec 3 députés. Le scrutin vient ainsi donc de mettre au grand jour le degré d’hostilité des Togolais pour l’UFC en général et Gilchrist Olympio en particulier. Adulé, aimé, et même vénéré par tout un peuple il y a encore quelques années, Fo Gil n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Pour ce monsieur, autrefois leader charismatique, c’est la déchéance totale et le début d’une véritable descente en enfer.

C’est fait. Trois jours après les législatives du 25 juillet 2013, la Commission électorale nationale indépendante a livré les résultats provisoires du scrutin portant sur la totalité des circonscriptions électorales. Ces résultats, déjà contestés par l’opposition dans son ensemble, accordent en tout 62 sièges au parti au pouvoir UNIR. Il est suivi de très loin par le Collectif Sauvons le Togo (CST) qui a obtenu 19 sièges, de la Coalition Arc-en-ciel avec 6 sièges et de l’UFC qui vient en quatrième position avec 3 sièges. Sans oublier l’indépendant Sursaut national avec 1 siège.

La cuisante défaite de l’UFC…

Les résultats sont certes décevants pour l’ensemble de l’opposition. Mais pour l’UFC, ils le sont encore plus, en raison du fait que les responsables de ce parti croyaient encore que leur formation politique a gardé sa popularité d’hier. Malheureusement, ils n’ont vu que de la poussière. De 27 sièges en 2007, l’UFC est descendue bas, très bas et n’a pu obtenir que 3 sièges au cours de ces législatives. Une situation pour le moins surprenante pour l’ancien opposant historique, Gilchrist Olympio et ses lieutenants résiduels qui, jusque-là, croyaient encore dur comme fer qu’ils avaient toujours le soutien du peuple. Alors, même si les patrons de l’UFC n’osent pas l’appeler ainsi, il s’agit bel et bien d’une sanction infligée aux « traitres » qu’ils sont.

Les raisons d’une débâcle

Défaite surprenante, camouflet cinglant, affront, humilia    tion pour Gilchrist et ses amis si tant est qu’ils continuaient sincèrement de penser que le peuple était derrière eux. Mais pour les observateurs avisés de la scène politique togolaise, cette situation était prévisible et s’explique par plusieurs raisons.

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En effet, avec la signature du fameux accord RPT-UFC en mai 2010, beaucoup de Togolais, du moins ceux dont les proches avaient sacrifié leurs vies pour l’alternance que M. Olympio semblait incarner, s’étaient vus trahis.

Et donc, toutes les tentatives de justification de cet attelage comme seul moyen de mettre fin à l’inextricable crise sociopolitique qui a mis le Togo à genoux depuis plus de deux décennies, se sont avérées stériles. Pour plusieurs, c’était une « prostitution politique », une trahison des aspirations des populations, une haute trahison en somme !

Ensuite, si au moins l’UFC avait tenu les promesses faites aux Togolais à la suite de cet accord tant contesté, peut-être qu’ils ne l’auraient pas sanctionné ainsi. Mais ce ne fut pas le cas. Depuis son entrée au gouvernement il y a plus de trois ans, le parti de Gilchrist Olympio n’a présenté aucun bilan à la population. La promesse qu’il a faite d’occuper la direction de certaines sociétés publiques et parapubliques n’a pas été tenue. Pas plus que les ambassades du Togo à l’étranger qui ont été promis au parti du « détia ».

Par ailleurs, à la signature de l’accord avec le RPT d’alors en 2010, Gilchrist avait promis la mise en œuvre des réformes institutionnelles et constitutionnelles préconisées par l’Accord politique global dans un délai de six mois. Mais une fois à la mangeoire, Olympio fils s’est si bien bourré le ventre qu’il a oublié avoir fait ces promesses.

Pire, en complicité avec le pouvoir, il a changé de langage en reléguant la mise en œuvre des réformes aux calendes grecques : « La bouffe d’abord, les réformes après », voilà en quoi se sont résumés les objectifs de Gilchrist Olympio. Voilà pourquoi, plus de trois ans après l’accord RPT-UFC, aucune de ces réformes importantes pour l’avenir du Togo et la survie de sa démocratie n’a été faite. Autrement dit, le président de l’ex-parti de l’opposition le plus populaire n’a pas su taper du point sur la table au moment où il devait le faire. Bien que disposant des arguments pour faire pression sur le pouvoir de Lomé.

Si l’UFC a été aussi bien sanctionnée, c’est aussi parce qu’on ne lui a pas pardonné un certain nombre de choses dans certaines localités. Tenez, comment expliquer par exemple que la préfecture de l’Avé préfère UNIR à l’UFC alors même que le député sortant natif du milieu, Nicodème Habia est un bien-aimé de sa population de par ses actions durant ces cinq années au parlement? Il se donne même le titre de taliban. Que la population de l’Avé vote pour le CST, cela est logique, mais que Nicodème Habia perde son siège à Kévé au profit d’un candidat UNIR pourtant décrié par la population, cela n’a pas d’autre nom qu’un vote sanction. Sanction parce que les populations de l’Avé n’ont pas encore digéré la mort d’Etienne Yakanou, un ancien militant de l’ANC/CST, originaire du milieu, décédé dans la ténébreuse affaire des incendies. Avé n’a donc pas voté contre Nicodème Habia, mais contre l’UFC. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Une dernière raison, très importante, qui explique la débâcle de l’UFC est qu’au Togo, les mentalités sont telles que quiconque ose s’associer au parti au pouvoir, surtout quand ceci n’est pas fait dans les règles de l’art comme c’est le cas de Gilchrist Olympio, le paye cash. Léopold Gnininvi, Yawovi Agboyibo sont passés par là, même si leur cas est tout différent. Mais après leur collaboration avec Faure Gnassingbé, tout le monde sait ce qu’ils sont devenus sur la scène politique togolaise. On ne peut faire de la politique sans tenir compte des aspirations du peuple. Gilchrist Olympio et ses amis doivent revoir leur copie en restructurant le parti. Une concentration sur l’organisation des élections locales pourrait les aider à tirer les marrons du feu. Mais en attendant, Jean Pierre Fabre, lui, peut fièrement arborer la casquette du chef de file de l’opposition togolaise.

La déchéance d’un leader charismatique

Gilchrist Olympio, beaucoup de Togolais, qu’ils le veulent ou non, se souviendront encore longtemps de ce nom qui s’apprête à entrer dans la poubelle de l’histoire. Ce nom qui a fait rêver tout un peuple pendant de longues années et dont tout le monde était fier.

En effet, avec près de quatre décennies passées dans la lutte politique pour l’avènement de la démocratie au Togo, Gilchrist Olympio en était devenu une figure de proue pour de milliers de ses compatriotes Togolais qui ont décidé de le suivre, parfois au risque de leur vie.

C’est ainsi qu’il était adulé et respecté surtout du vivant de Gnassingbé Eyadéma où il n’était presque pas autorisé à entrer sur le territoire togolais. Ces rarissimes venues dans son pays natal étaient alors des instants de fête et de joie intense. Gilchrist était accueilli par des centaines de milliers de Togolais à la frontière de Kodjoviakopé dans une atmosphère surexcitée et avec des cris de joie.

Fo Gil et les Togolais filaient le parfait amour jusqu’à la mort d’Eyadéma en 2005 et l’avènement de son fils au pouvoir.

En dépit des positions de plus en plus ambigües du vieil opposant, le peuple continuait à lui faire confiance. Mais, 2010, année de la dernière élection présidentielle, mettra définitivement un terme à cette aventure amoureuse.

Candidat de l’UFC au scrutin présidentiel qui se tenant cette année là, Gilchrist n’a pu finalement déposer sa candidature pour des raisons de santé. Mais c’est à peine qu’il a apporté son soutien au secrétaire national de son parti, Jean-Pierre Fabre, choisi pour le remplacer. Certains parleront d’un soutien tardif et timide. Ce comportement, Olympio fils le payera sans monnaie: se rendant à un meeting organisé par le Front républicain pour l’alternance et le changement, il fut chassé à coup de pierres par des jeunes militants qui le considéraient désormais comme un traitre. Ayant tenté de se donner un bain de foule au quartier Sagbado, il a été chassé comme un chien galeux.

C’est ainsi que le fils de Sylvanus décida de se venger de la plus vilaine des manières. Il conclura un accord avec le RPT (à l’époque) faisant entrer au gouvernement Houngbo II, sept ministres issus de l’UFC qui sont en vérité des ministres acquis à sa cause.

Furieux contre cette démarche solitaire de son président, le bureau de l’UFC d’alors décida d’exclure temporairement Gilchrist Olympio du parti.

« Le bureau national décide d’exclure de l’UFC avec effet immédiat, M. Gilchrist Olympio et tous ceux qui prennent part à l’aventure du RPT contre les intérêts du parti et les aspirations de la population togolaise. Par conséquent, ils ne sont plus habilités à parler et à agir au nom de l’UFC. Cet accord qui est loin de répondre aux attentes des populations (…), n’a reçu aucune caution du bureau national et n’engage nullement l’Ufc. Ces malheureuses initiatives sont des entorses graves aux règles et orientations du parti et constituent des fautes lourdes qui exposent leurs auteurs aux sanctions », peut-on lire dans le communiqué rendu public par le parti pour justifier cette exclusion.

La suite, tout le monde le connaît. Contre les règlements du partis et avec l’aide du pouvoir, Gilchrist restera président de l’UFC à la suite de l’organisation d’une Assemblée générale sans tête ni queue. La conséquence sera la scission intervenue au sein du parti engendrant le départ de certains cadres très influents, partis créer l’ANC et d’autres qui ont gardé l’UFC qui n’était plus qu’une coquille vide.

Autant d’événements et de péripéties qui ont fini par plonger Gilchrist Olympio au point de faire de lui l’un des personnages politiques les plus détestées des Togolais.

Mais le vieux ne voulait pas se faire à l’idée qu’il est rejeté par  les Togolais. Il croyait toujours dur comme fer que son parti a gardé sa popularité d’antan. Il a fallu ces législatives pour lui ouvrir les yeux. Trois députés en 2013 alors que l’UFC en a eu 27 en 2007, ça dit tout. Gilchrist Olympio ne peut plus tromper personne.

Ainsi donc, adulé et presque vénéré dans un passé récent, considéré comme un mythe et comme le sauveur de tout un peuple,  Gilchrist Olympio voit sa côte grandement chutée après ces législatives. Bref, les législatives viennent de sonner la déchéance d’un leader autrefois charismatique. Comme quoi, aussi bonnes que ce soient vos intentions, quand vous décidez de collaborer avec le pouvoir de Lomé, vous le faites à vos risques et périls.

Les Togolais, notamment les militants et sympathisants de l’opposition, ne vous le pardonneront jamais et ne verront jamais une telle collaboration d’un bon œil. Lorsque l’occasion leur sera offerte à travers un scrutin, ils n’hésiteront pas à vous sanctionner et durement. Edem Kodjo de la CPP, Me Yawovi Agboyibo du CAR et Léopold Gnininvi de la CDPA en savent surement quelque chose. Gilchrist est venu donc s’ajouter à cette liste, liste de ceux qui sont considérés par les militants et sympathisants de l’opposition comme des « traitres ». Au même moment, le piteux score obtenu par son parti après ses législatives va sûrement sonner la fin de sa carrière politique.

Affaibli par l’âge, il n’aura plus la force et l’énergie de poursuivre la politique, si dure, si cruelle et si difficile à pratiquer dans un pays comme le Togo où les coups donnés par le pouvoir sont si difficiles à supporter.

Voila la fin d’un homme qui n’a d’ailleurs jamais lutté pour le peuple togolais. Son seul objectif était de se venger de Gnassingbé Eyadéma qu’il considérait comme son ennemi juré parce que ce dernier aurait tué son père, Sylvanus, le premier président du Togo. Après la mort d’Eyadéma, le combat de Gil s’est arrêté.

Mieux, il a choisi de collaborer avec le fils de son ennemi N°1 rien que pour se bourrer le ventre. Pourra-t-on en conclure que Fo Gil se soucie vraiment du bien-être du peuple ? A chacun de trouver une réponse à cette question. Seulement l’interprétation scientifique qui s’impose à la situation de Gilchrist Olympio est la loi de la sélection naturelle qui vient de le frapper. C’est la chute du Maréchal.

Quel avenir pour l’UFC ?

D’abord  l’UFC n’a plus d’avenir à priori. Du moins dans un futur proche.  Car, au vu de sa piètre performance lors de ces législatives, il lui sera très difficile de remonter la pente et d’avoir de nouveau la confiance des Togolais. La preuve, ceux qui étaient, dans un passé récent ou lointain, partis à la mangeoire comme lui, n’ont jamais pu se refaire une santé politique. Les Togolais les ont répudiés, et ce serait pour longtemps. Il en sera de même pour le parti de Gilchrist Olympio. Autant pour ses responsables oublier que les militants et sympathisants de l’opposition les porteront de nouveau un jour dans leur cœur.

Ensuite, il ne faut pas oublier que le maître mot de l’UFC après la signature de l’accord avec le pouvoir était : « alternance pacifique ». Autrement dit, Gilchrist et ses amis espéraient parvenir un jour au pouvoir grâce à l’accord signé avec le RPT. Un retour de l’ascenseur en somme. Mais à présent que les législatives ont prouvé que l’UFC n’est plus qu’une coquille vide, on se demande par quelle alchimie cela pourrait être possible si tant est que les Togolais ne veulent plus voter pour ce parti. Et même si cette hypothèse est d’actualité, encore faut-il que cet accord tienne toujours. Car, quel sens aura-t-il encore quand on sait aujourd’hui que l’UFC n’est plus le parti le plus populaire de l’opposition.

Conclusion, il y a de forte probabilité que le deal entre le pouvoir et l’UFC s’arrête. A moins que Gilchrist n’accepte bêtement de demeurer le pantin d’un régime qui, décidément, n’a plus besoin de lui.

Par ailleurs, ces législatives réduisent désormais l’UFC au rang des particules, des partis qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes : la CPP, le PDR, l’UDS-Togo et dans une moindre mesure le CAR et la CDPA pour ne donner que ces exemples. Comme quoi, aller à la mangeoire, ça ne pardonne pas au Togo.

Tout compte fait, le pouvoir a une fois de plus réussi à affaiblir un parti. Et comme le disent certains, il ne faut jamais pactiser avec le diable. Car, quand tu descends ton froc devant lui, il te plante sa longue queue et te demande à la fin si ça fait mal. Pour Gilchrist, ça doit être très douloureux ! Surement que cela lui servira de leçon et lui apprendra à ne pas prendre « des décisions arrogantes.»

Rodolph TOMEGAH

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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