« Gilbert » Arthème Ahoomey-Zunu, l’étrange destin d’un politicard complexé
La Primature togolaise a infligé treize mois de traumatisme socio politique et économique au Togo. Inconstance sur toute la ligne de gestion, exacerbation des
revendications musclées, mépris pour les acteurs politiques, dédain pour la presse, arrogance face à un peuple qui attendait mieux que ce qui a été servi par l’option de pacotille de Faure Gnassingbé pour résorber la crise qui est plutôt devenue le nid à problèmes du Togo. Gilbert Bonheur Arthème Ahumey Zunu a fait un passage rocambolesque à la Primature, les courbatures y sont restées, l’homme s’en va, le dos rond comme un bossu, sans rendre compte. Portrait d’un politicard complexé.
Dans les années 80, à Paris, était volé à chaque passage d’un homme qui étudiait à Poitiers, des chocolats dans le frigidaire de son grand frère. Les enfants d’Auguste étaient stupéfaits par la disparition des chocolats chaque fois que Toton Arthème faisait escale chez leur papa. Cette histoire de chocolat volé, rappelé entre deux plaisanteries à l’homme qui est en train de quitter la Primature l’a révolté au point de le voir couper tout contact avec des frères et sœurs de la famille. C’est le début d’une rancœur sans répit pour la simple raison qu’on l’avait rappelé qu’il était un « voleur de chocolat ». Le message de félicitations à sa nomination à la primature exprimé par son frère ainé venu de France est resté sans suite et dès lors, frères et sœurs ont été suspendus de la vie d’Arthème.
La poisse comptant, le palais qu’il érigeait dans son village natal à Kpélé Tsavié à coût de milliards a été suspendu, les 35 autres frères et le mandataire légal de la famille Auguste Ahoomey Zunu ont décidé de faire cesser les travaux. Le domaine étant une propriété collective d’hérédité, l’homme n’avait aucun droit de se l’accaparer arbitrairement fut- il Premier ministre.
Le Premier Ministre n’était pas au bout de ses peines. Il était nommé quelques mois seulement après le décès de son épouse très vite remplacée par une présentatrice de télévision à lui cédée par un de ses collaborateurs, d’après les mauvaises langues. La famille de l’ex épouse continue de le poursuivre d’avoir abusé de leur fille en s’accaparant d’un domicile dans le quartier nord-est de Lomé. Habitation qu’il aurait rejointe précipitamment avec sa nouvelle cavalière, le jour même de l’annonce du décès de son épouse. Il habitait dans la maison des parents à celle-ci. Un collectif de mécontents ne cesse de le critiquer dans son ex belle famille.
Dans sa propre famille, ce n’est pas le grand amour. Toutes les audiences demandées par ses frères pour aller le voir ont été négatives. Certains persévérant ont insisté en effectuant le déplacement du domicile mais ont poireauté pendant des heures sur la terrasse avant de se voir congédier.
La famille est révoltée par l’ingratitude de cet homme politique qui a été fabriqué de toutes pièces et dont les traces visibles continuent d’étonner. Une preuve, le Premier ministre du Togo doit à ce jour le reste des 885 mille objets de prêt consenti par sa sœur Paula épouse Hoofer du sieur Dosseh Anani pour lui assurer des soins lorsqu’il a été atteint d’une maladie bizarre. Il refuse systématiquement de payer malgré les poursuites judiciaires qui ont frappé sa sœur.
Dans le milieu politique, la tête d’Ahoumé Zunu est sujette à controverse. L’opposition ne voit pas d’interlocuteur capable et disponible pour s’engager dans un dialogue franc et sincère, son parti originel, l’UTD devenu CPP d’Edem Kodjo ne lui apporte pas le soutien nécessaire pour ses multiples reconversions qui lui font plus royalistes que le roi, et même le parti qui le porte, UNIR du Chef de l’Etat le soutien avec balbutiement, l’homme ayant indisposé plus d’un dans le régime qu’il jurait hier de ne jamais approcher.
Profil de vampire, Ahoumey Zunu était au carrefour de toutes les races politiques. Le régime en place le classant parmi l’opposition, l’opposition le rejetant dans le pouvoir en place, même les modérés ne lui trouvent pas de place dans leur cercle. Classé paria de l’humanité, Arthème du nom d’origine donné par son père, Gilbert parfait Bonheur a piqué un complexe aveugle pour se maintenir dans une frustration qui le ronge et qui lui fait détester tout le monde, de voir le diable partout et de se mettre en permanence dans une position offensive, voire provocante. Adorateur de fantasmes, on lui prête l’habitude de fréquenter les milieux mondains à visage découvert avant de transporter ses mêmes fantasmes jusque dans certains bureaux respectables. Affecté au pied depuis sa tendre enfance par un accident d’eau chaude versée sur son pied et qui s’est aggravé, Arthème Ahumey Zunu était aimé de ce cadre de Kpélé, son père, ancien préfet de Yoto dont feu Samon Kortho était l’adjoint avant de devenir Ministre. Naturellement, lorsqu’on a un enfant intelligent qui est frappé par un handicap, l’amour paternel s’intensifie. En toute franchise, Arthème brillait d’une intelligence par rapport à certains de ses frères. Il parcourait des distances à pied à travers les rues de Lomé avant chuter à Gbadago, dans la maison familiale. Il lisait tout ce qui lui tombait sous la main. Les papiers trainant dans la rue, les affiches, les vieux livre, le Premier ministre les dégustait ce qui lui fit acquérir une culture assez acceptable. Contre une petite galette ou les fonds de marmite de bouillie, il traitait les devoirs de ses frères et amis. Dans l’enfance, il était réputé bagarreur, se défendre contre tous ceux qui se moquaient de son handicap physique. C’était de bonne guerre. C’est donc pourquoi, le juriste mal léché a pris des airs de vengeance et d’arrogance à son arrivé à des postes de responsabilités. Ses frères aînés s’en étonnent. Exagérant qu’Arthème ne sais rien faire, rien du tout. Ils en étaient sceptiques quant à la réussite de sa mission à la Primature. C’est vrai quant un jeune frère arrive haut perché, il est difficile pour les autres de le consommer assez facilement. Les doses d’envie et de jalousie viennent s’en mêler. Mais pour certains de ses frères, le débat n’est même pas là, puisque ceux-ci estiment avoir assis leurs existence sur du travail à la sueur de front et non des détournements politiques. Bref, Mais à la Primature, Arthème n’a pas été à la hauteur et est resté dans une ombre suspecte qui mérite réflexions et analyse.
Un profil qui ne s’y prête pas
Après Komlan Mally, Ahoumey Zunu est le Premier Ministre togolais de niveau bas et dont le curriculum vitae est assez clairsemé et ambigüe. Sur le cite de la Primature ont raccourcit tout simplement le profil : une Maîtrise en Droit des Relations internationales et deux Diplômes d’études supérieures en Droit public et en Aménagement du territoire. Assez vague. Après ont présente ses fonctions respectives : membre de la CENI, Ministre puis secrétaire Général de la présidence.
A tous ces postes, il a toujours cherché ses marques et n’a jamais équilibré les administrations. Secrétaire général de la Présidence, il n’a jamais été capable d’apporter une touche innovante et particulière à la Présidence togolaise. Une fonction qui était réduite à la lecture de rares communiqués.
A la Primature, c’était la désolation. Le chef de l’Etat en était à un moment agacé par son premier Ministre qui pire que de ne pas rendre compte, s’engageait dans des projets et contrats aux contours flous et entretenait des relations suspectes. Les sorties fracassantes lors de sa tournée en Europe qui ont coûté des réactions acerbes de la communauté internationale contre le Togo et la confirmation de ses provocations sur RFI ont fini par dégouté Faure Gnassingbé qui a pris son mal en patience pour le conserver jusqu’à ce jour.
Mais son passage a laissé sur le plan diplomatique des tâches indélébiles qu’il sera difficile pour le pouvoir de Lomé d’effacer. Le bilan à la Primature n’est pas des plus reluisants, c’est d’ailleurs pourquoi, lui-même n’a pas eu le courage de présenter un quelconque bilan malgré toutes les interpellations qui lui sont faites.
La Primature la plus traumatisante
La vie d’Ahoomey Zunu n’est faite que de vengeance et de frustration. A son arrivée à la Primature, beaucoup de choses ont changé, mais en mal. La revue de presse quotidienne commençait à l’agacer en raison des critiques qui étaient contenues dans les journaux à son encontre. Il a fini par confier à ses collaborateurs qu’il lirait lui-même les journaux et qu’iol n’a plus besoin qu’on lui fasse la revue de presse. Une faiblesse professionnelle sans doute pour une institution. Ensuite, il a souhaité que certains organes de presse soient retirés du projet d’éducation civique initié par son prédécesseur ; Devant l’impossibilité de mener cette discrimination il a demandé de suspendre le projet, pour dilapider les fonds qui étaient affectés par la Primature. Pour lui, le fait pour certains journaux de dénoncer certaines scènes de pornographies dans les locaux de la présidence était une manière de dénoncer ce qu’il faisait lorsqu’il était secretaire général. Alors vengeance contre la presse, le projet est supprimé. Les relations avec ses collaborateurs à la Primature n’étaient pas au beau fixe. Même au gouvernement il avait des problèmes avec beaucoup de ministres pour sa tendance a rejeter a priori toute initiative qui ne venait pas de lui.
Arthème Ahoumey Zunu a fondé son programme de politique générale sur quatre axes. Les orientations sont axées sur l’approfondissement du dialogue démocratique, le respect des règles de bonne gouvernance, la promotion d’une société internationale pacifique et la protection des citoyens contre l’insécurité ainsi que le développement de l’économie de proximité.
Sur ces orientations, il n’y a pas grand-chose à mettre à l’actif d’un bilan. Le dialogue politique n’a jamais réuni les protagonistes autour d’un consensus. Le premier Ministre a été le premier à violer la règle de bonne gouvernance en se faisant ériger un palais couteux dans son village natal à Kpélé-Tsavié, quelques mois seulement après sa prise de fonction. Son salaire et son train de vie qu’on connaissait ne lui permettait pas cette folie. Son arrogance, son mépris et son manque de dynamisme et de charisme ont réussi à faire fuir des investisseurs étrangers. Ils n’avaient pas confiance à une personnalité aussi impopulaire et indécise sur les grandes orientations.
La participation du Togo en Afrique du sud à la coupe d’Afrique des Nations a été un véritable scandale. Il. La délégation togolaise a dû passer des nuits blanches à la belle étoile pour être la risée du monde entier. En sa qualité de président du comité d’organisation, il a donné dans le copinage en confiant des rôles importants à son neveu, Sergio Bénissan. Celui-ci a pris le temps d’organiser toutes les magouilles qui restent impunies. Aucun compte n’a été fait sur la participation du Togo à la CAN malgré l’insistance des acteurs du football. Sur ce plan donc, le Premier ministre a failli à sa mission.
Le poste de Premier Ministre étant lui-même une coquille vide, il n’a pas été capable de suivre les actions de développement. Chaque ministre ayant réussi, en raison de son manque de personnalité, à se tailler une certaine autonomie pour gérer les projets de développement socio économique et rendre compte directement au président de la République.
Arthème n’avait le contrôle sur rien. La crise estudiantine, les grèves syndicales, les manifestations politiques, les pressions diplomatiques ont totalement échappé au premier Ministre.
Ce qui a sclérosé pendant 13 mois, l’évolution de tout un pays. A son actif, l’organisation des élections législatives dans un véritable cafouillage. Il a fallu d’autres acteurs, notamment la CENI et des ministres du gouvernement plus influents que lui pour montrer patte blanche. Il peut crier à la victoire sur ce chapitre, mais une victoire à la Pyrrhus. Celle à laquelle, il n’aura contribué en rien, ne sachant, selon son propre entourage rien faire faire, rien du tout.
Maintenant qu’il est a remis sa démission au Chef de l’Etat, il reste dans l’attente d’une suite favorable. Son sort est murmuré dans les couloirs. Il lui sera confié un poste ministériel sous un nouveau Premier ministre où il retournera à la présidence pour arpenter les murs décolorés du palais de la marina.
Il n’est pas exclut, Faure Gnassingbé pourrait lui renouveler sa confiance, occasion d’avoir une Primature de façade avec un homme, Ahumey Zunu Arthème qui aura plus du temps à poursuivre ses gaffes et ses provocations.
Mais l’homme n’aura pas qu’un bilan négatif dans sa vie. Il a réussi à conquérir le cœur d’une présentatrice de télévision, à organiser les fiançailles à attendant le mariage où beaucoup de ses challengers présents ou passés seront attendus. Pas mal comme bilan de vie.
Carlos KETOHOU