Le majordome du pape a été assigné à domicile samedi, après 53 jours de détention pour avoir volé et transmis des documents ultra-confidentiels à l’extérieur du Vatican, dans le but d' »aider » le Saint-Père et rendre l’Eglise « plus vivante » selon ses avocats. | Alberto Pizzoli
Accusé d’être à l’origine de fuites de documents ultra-confidentiels, le majordome du pape a été libéré de prison et assigné à domicile, a annoncé à la presse le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
Après un nouvel interrogatoire samedi, qui a duré sept heures, «sa détention n’est plus nécessaire», a-t-il dit. Arrêté le 23 mai en possession de documents confidentiels provenant de la correspondance privée du pape, Paolo Gabriele «résidera avec sa famille» au Vatican et ses contacts avec l’extérieur seront étroitement réglementés, précise le père Lombardi. Avant d’ajouter : «Il peut recevoir une aide médicale, spirituelle, des visites. Il peut aller à la messe accompagné.»
D’ici à début août au plus tard, la justice vaticane décidera si un procès doit être ouvert contre le majordome, précise le porte-parole. Paolo Gabriele est accusé de «vol aggravé» pour avoir pris sur le bureau de son supérieur hiérarchique, Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier du pape, de nombreux messages, lettres et mails ultra-secrets, dont certains adressés à Joseph Ratzinger lui-même, et les avoir photocopiés en secret pour les transmettre à l’extérieur du Vatican.
Depuis l’arrestation de Paolo Gabriele, les investigations se poursuivent à deux niveaux : la commission de trois cardinaux, qui est investie de larges pouvoirs et rend compte directement au pape, et l’instruction judiciaire qui doit décider s’il convient de juger M. Gabriele. En cas de procès, le majordome risque entre un et six ans de prison.Le pape peut aussi décider de le gracier.
Au cours du même point de presse dans les locaux de Radio Vatican, l’un des avocats du majordome, Carlo Fusco, a affirmé s’attendre à un renvoi en justice. «Paolo a pleinement coopéré depuis le début et ceci a permis de faire toute la lumière sur les actes dans lesquels il est impliqué», a-t-il expliqué. «Il n’y a pas de réseaux, il n’y pas de complots internes ou externes», a-t-il insisté, alors que nombre d’observateurs estiment que le majordome a pu être manipulé dans le cadre d’un règlement de comptes au sein des autorités vaticanes. «Paolo nous a répété, à nous et au juge qu’il a toujours été mû par un désir de faire quelque chose qui soit une aide, un acte d’amour à l’égard du Saint-Père», a ajouté l’avocat. Son objectif était que l’Eglise soit «plus vivante», a-t-il plaidé, assurant que son client n’avait pas agi «pour de l’argent» mais était «sous pression».
L’arrestation du majordome était intervenue en pleine tourmente alors que des fuites se multipliaient dans la presse sur des tensions au sein du Vatican, notamment sur la question de la transparence financière. Le majordome est le seul à être détenu dans le cadre de cette affaire.
Le parisien.fr