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FNFI : La finance inclusive vire à la guerre au Togo

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YVES GNABA Directeur Général de FNFI
YVES GNABA Directeur Général de FNFI

10.547 prêts en un an, seulement 119 remboursements ; des dizaines de milliards de Francs CFA mis en cause. Triste situation au FNFI au Togo. Face à la déchéance, Victoire Tomegah Dogbé, la génitrice du FNFI annonce déclarer la guerre aux mauvais payeurs. C’est la débandade. Comment en est-on arrivé là ?

 Présenté comme la formule magique pour résorber la pauvreté et donner accès aux crédits à taux d’intérêts abordables aux populations, le Fonds national de Finance Inclusive est devenu aujourd’hui  une véritable machine de strangulation pour les pauvres togolais qui n’avaient pas demandé à s’engager dans cet instrument comparable à un rouleau compresseur. L’étau se resserre de plus en plus sur les personnes ayant bénéficié de ces prêts. C’est la débandade totale sous la menace de poursuivre et d’arrêter les mauvais payeurs. Ceux qui n’ont pas honoré leurs engagements. A mi-parcours de ce projet, quel bilan les initiateurs peuvent-ils faire ? C’est le fiasco total. Un saut dans le vide qui lève le voile sur l’amateurisme et l’approximation dans la gestion des ressources de l’Etat.  

Les institutions de micro finances partenaires du FNFI s’essoufflent et courbent sous le poids de crédits non remboursés. Suivant les termes du partenariat avec l’Etat, initiateur du projet, l’argent destiné au financement du FNFI devrait être en avance mis à la disposition de ces institutions et servir à faire « l’aumône initié » par Victoire DOGBE Tomegah comme c’est le cas.

Aujourd’hui, plusieurs institutions financières ont pris le risque d’avancer ces fonds aux bénéficiaires du FNFI et ont du mal à se faire créditer. Au même moment, Elles n’ont pas les moyens de poursuivre de façon juridique les mauvais payeurs, craignant de se faire étiqueter par la Directrice de cabinet et comparses comme saboteurs d’un projet du Chef de l’Etat. La situation est donc compliquée auprès de ces institutions.

Dans une récente sortie de la génitrice du FNFI, l’aveu d’échec a été exprimé et c’est le Directeur Général de l’Institution qui a ouvert la boîte à Pandore, en faisant l’état des prêts et du remboursement pour le compte de l’année 2015.

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Selon le bilan, en 2015, 10547 personnes ont bénéficié du projet Agrisef et seul 119 ont remboursé leur crédit soit environ 0,5%.

C’est une véritable catastrophe pour un projet présenté comme salvateur, non seulement pour les bénéficiaires, mais aussi pour l’Etat et les partenaires qui engrangent des milliards pour prétendre répondre aux besoins.

Les bénéficiaires, du plateau notamment ont évoqué la mauvaise pluviométrie qui n’a pas permis d’obtenir de bonnes performances pour la saison agricole.

La ministre, embarrassée par ces chiffres a insisté sur le remboursement des crédits en question, au risque d’avoir des difficultés à poursuivre le projet.

A Kpalimé par exemple, c’est le Préfet qui a été mis à contribution pour commencer les intimidations contre les populations bernées dans cette vaste illusion : « nous allons procéder par la pression. Il y a des gens qui sont vraiment des mauvais payeurs et nous allons multiplier la pression qui qu’ils payent rapidement… » a confié le Préfet ASSAN de la Préfecture de Kloto.

La pression, elle déjà effective. Les brigades de gendarmerie sont mises à contribution pour faire le recouvrement. Certains citoyens  convoqués pour rembourser prennent tranquillement la poudre d’escampette, abandonnant leurs familles.

C’est donc l’esprit de la sensibilisation qui fait dire que la ministre de développement à la base engage une guerre contre les mauvais payeurs.

Une guerre au sens propre du terme, voudra dire qu’il y aura des victimes dans tous les sens. La ministre cache mal son malaise à voir le projet tant vanté filer entre les doigts que de l’eau de rivière : « Nous avons convenu avec les différents acteurs de nous engager à plus de sensibilisation pour que les bénéficiaires comprennent que ces produits sont mis en place pour les aider à sortir de la pauvreté, à développer des activités génératrices de revenus. Donc, travailler avec ces différents crédits pour rembourser dans les délais, et permettre ainsi à d’autres d’en bénéficier à leur tour. » se plaint dame Sidémeho.

 Mais le niveau auquel nous sommes aujourd’hui est critique. La chaîne mise en place par Victoire Dogbé a perdu déjà des maillons et le blocage est certain. Qu’adviendra-t- il si les milliers de personnes n’ont pu rembourser les dizaines de milliards engagés ?

Les fausses promesses et les illusions

Le projet du Fonds National de Finance Inclusive est comparable à un puits sans fond. Il y a tellement de hasard dans la constitution du projet qu’il n’a aucune chance de réussir. Les économistes ont exprimé cette crainte mais se sont heurté à la témérité naïve de la Directrice de cabinet qui en entrainé le Chef de l’Etat dans cette aventure hasardeuse.

Le fait même de confondre le projet aux actions et récompenses politiques est une fausse note de départ.

En disant aux populations que c’est parce que le Chef de l’Etat est soucieux de leur pauvreté, c’est pourquoi il a engagé de l’argent pour les aider donne l’impression à ces populations comme il s’agissait d’un cadeau personnel du président.

Et comme c’est le cas, on n’est pas obligé de rembourser, surtout si on prend le soin de décorer le projet pour lequel l’argent a été emprunté en couleurs bleu Unir caractéristique  du parti du Président.

L’impunité va donc régner et les populations vont se sentir dans le droit absolu de garder cet argent jusqu’à la dernière limite de pression.

D’après nos informations, ces différents fonds ne servent pas à grand-chose que d’achat des biens personnels. Les uns les engagent dans les biens personnels, et les autres initient une activité de saupoudrage pour obtenir la première tranche et dès qu’ils sont en possession de la seconde tranche, on l’engage dans l’achat d’un bien immobilier et dans le luxe.

Le remboursement dans ce cas est difficile.

Ailleurs, le copinage et le népotisme caractéristique de la ministre du développement à la base fait que les bénéficiaires se retrouvent beaucoup plus dans les milieux favorables à elle ou à ses proches.

Toutes les opacités sont donc permises et les interventions tous azimuts ne peuvent permettre de poursuivre comme il faut pour recouvrer.

Ce sont des situations difficiles qui mettront un terme à ce chantier hasardeux qui finira non seulement par ruiner l’argent de l’Etat et des partenaires financiers, mais aussi créer une relation tumultueuse entre les bénéficiaires poursuivis et la politique du Chef de l’Etat qui est mis en vedette dans la promotion du Projet.

La crainte de Victoire DOGBE est réelle. Si sur plus de 10 000 bénéficiaires, il  n’y a que 119 qui ont remboursé en un an, il sera difficile d’atteindre la prévision des 2 millions faite pour l’année 2018. La courbe est descendante. La fin du FNFI est donc proche.

Dans sa définition liminaire, le FNFI est une initiative qui permet selon les promoteurs de développer au profit du secteur de la finance inclusive, des interventions spécifiques destinées à promouvoir dans la durée, la mise en place au niveau des partenaires financiers de proximité, des approches novatrices et des produits pertinents et fortement adaptés, répondant aux besoins pratiques en services financiers des personnes pauvres ou à revenus intermédiaires.

AGRISEF, APSEF et AJSEF sont les piliers d’un projet qui n’est nullement prometteur et qui risque de créer dans les jours à venir plus de problème qu’il n’en résolve.

Carlos KETOHOU

 

 

 

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