Un film d’origine américaine dénommé « innocence des musulmans » provoque depuis quelques jours une escalade de violences dans les pays arabo-musulmans. Les manifestations violentes sont la réponse de ses auteurs à ce film islamophobe qui dépeint le prophète Mahomet comme un fils illégitime, un coureur de jupon, un homosexuel et un pédophile. Ces réactions violentes ont débuté depuis la publication sur You Tube d’une vidéo de 15 minutes qui a donc mis le feu aux poudres. Cette œuvre est jugée insultante envers l’islam. Voilà la raison pour laquelle le monde arabe est en ébullition et avec des réactions violentes matérialisées par des attaques contre les ambassades, consulats personnes physiques et autres intérêts américains. Au nombre de ces victimes de ces violences très regrettables, l’on a en esprit l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye dont la mort est une preuve de la gravité de la situation.
Et comme pour rajouter d’ingrédients à la situation tendue dans le monde islamo-arabe, l’hebdomadaire français Charlie hebdo a, dans la foulée de ces protestations contre ce film décrié, publié des caricatures du prophète Mahomet.
La conséquence est immédiate avec une tension plus vive et l’élargissement de la cible des manifestants aux intérêts français. Ce qui fait que de la Libye en passant par l’Egypte, le Pakistan, l’Iran et autres pays arabes des manifestations de colère ont été enregistrées dénonçant la diffusion de ce fameux film et les caricatures publiées par le journal français. Les pays sub-sahariens à obédience musulmane comme le Sénégal, le Nigéria ont connu des mouvements de protestation contre ce film à la seule différence que ce n’était pas avec la même véhémence.
A côté des manifestations violentes, des réactions pacifiques dénonçant le film et les caricatures comme étant une provocation à l’égard de la religion musulmane et des musulmans ont été enregistrées. Elles émanent aussi bien des intellectuels musulmans que d’officiels de pays occidentaux et d’organisations internationales.
La plus symbolique est celle du Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon qui estime que le film en question est scandaleux et honteux. Mais au-delà de toute considération partisane, la confrontation de ces types de réaction diamétralement opposés, pose deux problématiques : l’amalgame qui est fait entre l’islam et la violence d’une part, d’autre part, l’opposabilité de la liberté d’expression ou de presse aux questions religieuses en raison de leur caractère sacré.
Le monde arabo-musulman a toujours tendance à défendre les droits ou l’honneur ou même la religion par des actes de violence.
Cette attitude ne permet pas de distinguer aisément que l’islam est loin des comportements violents qui sont souvent une instrumentalisation et une transposition de la guerre sainte que le prophète avait faite en son temps.
Le monde contemporain n’a visiblement pas besoin de la violence pour faire comprendre à tous que l’islam mérite aussi le respect de ceux qui n’y croient pas.
Il est donc inutile de donner d’importance à ceux qui se cachent derrière le droit fondamental, la liberté d’expression pour ridiculiser les croyances religieuses.
Ne pas réagir violemment constitue la meilleure réponse à ceux qui abusent de leur liberté d’expression en prenant pour cible la religion.
La liberté d’expression d’accord mais delà s’attaquer au caractère sacré d’une religion et à ses valeurs ne se justifient pas.
Et c’est le Secrétaire Général Ban Ki-Moon qui est plus explicite dans sa réaction lorsqu’il déclare: La liberté d’expression, qui est un droit fondamental et un privilège, ne doit pas être utilisée abusivement, par un acte aussi scandaleux et honteux que ce film.
En clair cette liberté ne doit pas servir de prétexte pour s’attaquer aux valeurs d’une civilisation différente de celle qu’on considère à tort ou à raison comme une civilisation universelle. Ce n’est pas non plus bienséant de mettre en danger la vie humaine en répondant par la violence à des actes de provocation des gens qui méprisent la croyance des autres.