La fermeture de la frontière Nigeria-Benin est une situation qui crée des désagréments dans la sous-région et même au Nigeria. Que ce soit au Togo, au Bénin ou encore au Ghana, les échanges commerciaux sont paralysés et les commerçants sont indignés, ils crient leur ras-le-bol. Une situation qui prend d’ores et déjà des proportions inquiétantes.
La fermeture des frontières pose un réel problème au pays de la sous-région. Au Togo par exemple, c’est une situation qui pèse sur le quotidien des consommateurs, notamment pour l’approvisionnement en carburant
Emmanuel Sogadji président de l’Association des consommateurs du Togo expliquait que » La demande a été forte en un temps record. Leur stock était totalement épuisé et il n’y avait plus rien à vendre. Ce qui fait que dans les stations, il n’y avait même plus de stock pour vendre aux consommateurs. Chez les contrebandiers, on n’en trouvait pas non plus. »
Une situation qui a engendré la flambée du prix de l’essence de contrebande. Outre le secteur de l’énergie, le problème s’est fait sentir chez les commerçants du grand marché qui se plaignent du manque de marchandises. Conséquence : ils augmentent le prix des produits, ce qui revient cher aux consommateurs. Aussi la filière maraîchère a pris un coup suite à cette décision.
Des tonnes de tomates togolaises ont dû être achetées par le gouvernement togolais et l’armée pour ne pas les laisser pourrir.
Des mesures insuffisantes car les agriculteurs font face à d’énormes difficultés: » Dans la zone des lacs, la plupart des produits agricoles, le gombo, la tomate et les piments verts, sont vendus en grande partie au Nigéria. Et depuis que la frontière a été fermée, de nombreux agriculteurs ont des difficultés pour rembourser leurs dettes auprès des structures de micro finance. Et donc, tout le stock des produits qui était vendus par bassine à 2000, 5000, ou 10000 francs CFA sont revenus sans trouver preneur, même à 300 ou 500 francs CFA. » Nous a confié un responsable d’association des consommateurs.
Au Benin, dans une interview accordée sur Rfi, Aurélin Mali, analyste à l’agence de Botation Moody’s a déclaré que le Benin perd les deux tiers de ses exportations.
D’après la Banque mondiale, le commerce informel entre le Bénin et le Nigeria représenterait 20 % de son PIB. Un chiffre par nature très difficile à déterminer. Certaines études de terrain estiment même qu’il pourrait en fait atteindre 50 %. Issue essentiellement de la réexportation de véhicules d’occasion, de produits congelés, de boissons ou de riz, cette source de revenus est en tout cas considérable. D’après la Banque mondiale, « plus de 90 % de la population active » béninoise travaille dans l’informel.
Rappelons que Mohamed BUHARI a décidé de fermer les frontières du Nigeria pour préserver la sécurité économique du pays notamment dans la contrebande des marchandises l’immigration clandestine et des armes légères.
Mais ces mesures semblent ne pas avantager les nigérians. Les répercussions sont plutôt négatives au niveau des entreprises. Les responsables de ses entreprises crient leur mécontentement.
Selon les médias nigérians, le syndicat national des employés du secteur des chaussures en caoutchouc et des produits en cuir (NUCFRLANMPE), est en colère contre le gouvernement du Nigéria pour avoir fermé aussi longtemps les frontières terrestres du pays.
Le syndicat a indiqué que cette mesure gouvernementale menaçait les emplois de ses membres.
En effet, la plupart de leur production est exportée vers les pays voisins en l’occurrence vers le Benin. Goke Olatunji, président de NUCFRLANMPE, qui a répondu aux questions des journalistes à l’issue d’une réunion du conseil à Lagos, a déclaré que les entreprises de produits chimiques ne pouvaient plus exporter de marchandises vers les pays limitrophes.
Au Ghana, notamment à Kumasi toujours dans le contexte de fermeture des frontières, les commerçants en colère n’ont pas hésité à décréter la fermeture des boutiques de ressortissants Nigérians. Selon les commerçants ghanéens, ces boutiques envahissent leur espace avec des produits de moindre coût ; ce qui défavorise les produits locaux.
Partout, les pays qui entreprennent de près ou de loin les échanges commerciaux avec le Nigeria sont touchés. La libre circulation des personnes et des biens n’est plus effective. Cette situation risque de détériorer les relations entre les différents pays concernés.
Diane OLOBI