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Faure vs Kadanga : La nuit des longs couteaux

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Le Chef d’Etat-major Général de l’armée du Togo a changé de commandement depuis le week-end dernier. Le tout puissant Général Félix Kadanga cède sa place à un ancien officier promu Général de Brigade puis Chef d’Etat-major. Loin de banaliser un acte qui est posé dans un contexte de crise politique marqué  par l’interpellation d’opposants pour atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, le limogeage de Félix Kadanga vient exposer en plein jour un feuilleton qui a connu plusieurs épisodes. D’autres suivront sans doute et l’opinion attend jusqu’où ira la nuit des longs couteaux.

La détermination avec laquelle le général Abalo Félix Kadanga avait pris d’assaut en 2009 le domicile de Kpatcha Gnassingbé, accusé et détenu depuis lors pour atteinte à la sûreté de l’Etat laissait croire à un acte de l’officier de Tchitchao pour démontrer qu’il le faisait avec foi et conviction. Le zèle a grandi par la suite, s’est développé et s’est transformé en obsession qui laissait penser à un moment à un jeu dont lui seul maîtrisait les règles. Trop de zèle tue le zèle et crée la suspicion. L’histoire qui a toujours fait son chemin avec des supputations et des exagérations, a raconté que le Général en 2009 partageait le grief de la famille Gnassingbé contre le frère président qui se serait à lui seul accaparé du patrimoine de Papa Gnassingbé Eyadéma. Naturellement, et en sa qualité de gendre de la famille pour avoir épousé une des filles Gnassingbé, devrait nourrir les mêmes ambitions et céder aux mêmes complots. Mais très vite, l’on n’a pas su par quelle habileté, il a fait volte-face pour combattre le complot, s’il y en a eu un.

Le jeu du pouvoir n’étant pas statique, les jeux d’intérêt n’ayant pas de frontières et les relations belle-mère et beau-fils cachant des complicités, le Général Kadanga a sans doute succombé à la tentation d’être plus royaliste que le roi.

Des airs pris à des périodes données, ont trahi ces ambitions et créé auprès du Chef de l’Etat une certaine méfiance. L’assassinat du jeune mécanicien dans les manifestations de l’opposition en 2017 et celui du Colonel Bitala Madjoulba ont fait ouvrir la boîte de Pandore.

Les informations issues de nos investigations ou suscité beaucoup d’interrogations autour de l’investiture de Faure Gnassingbé jusqu’à l’assassinat du Colonel Madjoulba : Pourquoi le Général avait tenté d’annuler l’investiture du Chef de l’Etat prévue pour l’après-midi du  04 mai et ramenée in extremis dans la matinée ? Pourquoi le général avait véhémentement reproché au Commandant de la BIR, Toussaint Madjoulba d’avoir rencontré le Chef de l’Etat sans son avis  et les motifs de leurs discussions ? Quel lien peut-on établir entre le déguerpissement manu militari du camp de la belle-mère du Général Kadanga du camp RIT et sa situation de disgrâce actuelle? Pourquoi le limogeage du Général Kadanga coïncide avec l’accusation portée contre des responsables de la Dynamique Kpodzro d’atteinte à la sûreté de l’Etat ? Pourquoi donc à sa nomination au gouvernement, Dame Gnakadé était pressée de balayer tout le système de l’Etat-major fidèle au Général Kadanga ? Pourquoi les résultats d’enquête sur l’assassinat du Colonel ne sont pas rendus publics malgré l’identification de l’auteur ?  Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Toutes ces interrogations ne trouveront leurs réponses que dans la suite réservée à ce qu’il convient d’appeler le feuilleton des Forces armées togolaises, animée par une épuration organisationnelle systématique.

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Faure Gnassingbé d’après des analyses, ne semble plus faire confiance aux officiers de son ethnie de la préfecture de la Kozah. Il préfère se confier aux officiers et cadres de la préfecture de la Binah, une préfecture originellement et hautement  fidèle à Gnassingbé Eyadéma et Faure Gnassingbé par la suite et des officiers du Sud.

En témoigne la nomination à l’Etat-major du désormais Général  Dadja Manganawé. La Binah pour être plus clair, c’est Solitoki Esso, c’est Le Général Manganawé et l’ancien Ministre Manganawé ; la Binah, c’est Massina Yotroféi, DG de la Gendarmerie, la Binah, c’est le Ministre, ancien Directeur de cabinet de la Primature, actuellement affecté à la Présidence, Simfetchéou Pré. La Binah, c’est encore plusieurs et plusieurs cadres dans l’administration Faure Gnassingbé, restés fidèles des fidèles.

Abalo Félix Kadanga est un officier des plus influents qui a quitté la tête de l’Etat-major de l’armée de terre en décembre 2013 pour prendre le commandement de l’Etat-major général. C’est justement en ce mois de décembre 2020 qu’il sera viré de son poste alors qu’il lui reste encore 3 ans pour être admis à la retraite. Un amer anniversaire. Des informations concordantes font part que dans sa situation actuelle, les trois seront un véritable calvaire pour lui, en raison des suspicions qui pèsent sur ses faits et gestes. Des suspicions qui radicalisent la Ministre des armées qui prennent d’audacieuses responsabilités.

Dans l’apparence, Essosimna Gnakadé est présentée comme une femme qui ne pourra que faire figuration.   Dans la réalité, c’est une dame de fer, mieux formée que les bérets rouges de son défunt mari Ernest Gnassingbé et les officiers de commandement.

La ministre des armées, d’après nos enquêtes, a passé le clair de sa vie au camp. Fille d’un officier, femme d’un puissant controversé d’officier le colonel Ernest Gnassingbé, lui-même fils du Président Eyadéma, Général Chef de l’Etat.

Elle en a vu et appris de tout sur l’armée. La tendance dans sa vision pour l’armée au service de la famille rapprochée sera de rallier comme elle l’a déjà fait les para-commandos, corps de son défunt mari. Les bérets verts de la garde présidentielle sont déjà totalement sous contrôle, les autres corps avec les reformes et la nomination des personnes sûres  vont renforcer le système militaire autour de Faure Gnassingbé et c’est l’attente  de la nuit des longs couteaux. Le réseau Kadanga sera-t-il totalement neutralisé ou se soumettra de lui-même ? Nouvelle interrogation surtout qu’après avoir obtenu le pouvoir militaire et se retrouver au Togo comme le seul Général en fonction, il ambitionnait d’asseoir un pouvoir financier, à quelle fin ?  La nomination au titre de Colonels de l’armée des civils d’une importante régie financière laissait penser à la construction d’un empire financier. Cela attirait naturellement l’attention de Faure Gnassingbé et de ses conseillers.

Dans tous les cas, les prochains jours réservent des surprises sur la responsabilité de tous les acteurs impliqués et cités dans la mort de Toussaint Madjoulba et la réorganisation du système de sécurité autour de Faure Gnassingbé. La nuit des longs couteaux.

 

Carlos KETOHOU  

 

www.independantexpress.net

 

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