«Victoire Dogbé Tomégah est-elle toujours la toute puissante Directrice de cabinet du Président de la République comme elle le laisse croire ? », rétorque, à notre grande surprise, un opérateur économique bien installé au Togo et très introduit dans les couloirs du Palais de la Marina. « Officiellement, oui », avons-nous répondu. « Ah oui ? Vous me faites rire », poursuit-il.
Le sujet nous laisse pantois pendant quelques minutes. Selon des indiscrétions, dame Victoire Tomégah-Dogbé ne serait plus que l’ombre d’elle-même depuis quelques mois à la Présidence de la République. Devant un Faure Gnassingbé qui, en effet, supporte les derniers moments d’une dame de fer dont le règne et la puissance financière commencent à inquiéter sérieusement. Qui l’aurait crû ? Pourtant, c’est bien vrai. Victoire Tomegah-Dogbé est en disgrâce. Elle qui a juré avoir la tête de certaines personnalités. Le ministre Kako Nubukpo devrait en savoir quelque chose, puisqu’il s’est fait taper sur le doigt par la ministre du développement à la base, spécialiste des séances de distribution des houes, coupe-coupe, et dabas, en plein 21ème siècle, dans les critiques de l’ancien ministre des prospectives de ses nombreuses initiatives dont la native de Vogan est porteuse.
Aujourd’hui, le voile est levé, totalement levé sur les duperies de la dame de fer qui renforce ses réseaux pour continuer à exister aux côtés du Président et surtout à le séduire avec son titre ronflant de diplômé de l’« Université du PNUD ». Mais hélas, Dame Sidémeho a perdu ses pions.
Du développement à la base au PUDC
D’après des analystes, il n’ y a qu’au Togo qu’un seul individu, aussi intelligent soit-il puisse piloter autant de projets, de programmes et de responsabilités sans risque de les bâcler les uns les autres.
L’Histoire de Victoire DOGBE a commencé avec la dilapidation d’après ses détracteurs des fonds d’une société de plastique au Togo. Poursuivie pour malversations, elle s’enfuira se fourvoyer dans les couloirs des Nations Unies, notamment au Bénin avant de revenir en force avec la bénédiction d’un certain Gilbert Houngbo invité au Togo comme messie pour sauver une gouvernance mise en lambeau par des gougnafiers de tout acabit.
Très vite, Victoire Dogbé a réussi à s’imposer à son bienfaiteur en se taillant la part du lion au sein du gouvernement, pour se faire introniser à la direction de cabinet.
Depuis donc, elle est devenue la dame à tout faire. Ministre de développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes. Directrice de cabinet de la présidence de la République, personne en charge des marchés à la présidence, plus tard, et selon des indiscrétions Présidente du Conseil d’Administration de l’office togolais des patrimoines togolais.
Avec ces titres, dame Dogbé est devenue omniprésente et omnisciente. Elle a réussi a multiplier des avatars de programmes et de projets, qui, loin de résoudre les problèmes dans les différents domaines sont devenus la clé de voute de la misère et de la promotion de la misère.
Le FNFI, le Fonds national de finances inclusive en est une parfaite illustration. Des milliards de francs CFA octroyés, sans aucune stratégie efficace et intelligente de recouvrement qui donne lieu aujourd’hui à des menaces policières.
Les différents sigles présentés comme la panacée de l’emploi des jeunes se révèlent être des initiatives dangereuses pour le monde du travail. Dans une précédente parution, nous avons fait part du taux élevé de demande d’emploi chaque année malgré la ribambelle de programme : ANVT, PROVONAT, ANPE qui offrent des emplois précaires et humiliants, sans suivi et sans lendemain.
Des initiatives qui laissent libre court à différentes formes de magouilles et de malversations au détriment de l’Etat.
D’après nos enquêtes, plusieurs bénéficiaires, presque la moitié de l’agence nationale de promotion de l’emploi sont inscrits sur les registres, émargent tranquillement sur le budget de l’Etat, mais trimbalent à longueur de journée sans rien faire. Le système mis en place n’est pas efficace pour suivre l’effectivité du travail pour lequel ils sont affectés. Les autres programmes de l’emploi sont aussi poreux et frileux pour un monde de travail frappé par une austérité organisée dans ce secteur.
Les marchés fantômes
Ceux qui maîtrisent le fonctionnement du choix et du processus de la construction des marchés du Togo, auraient eu pitié de l’inauguration il y a quelques semaines du marché de Kougnohou. Les jeux d’intérêt ne manquent pas, l’approche participative est absente et la démarche sociologique est royalement viciée. La preuve, plusieurs marché construits à coûts de millions ne sont pas fréquentés par les populations, ou mieux sont boycottés.
Un véritable paradoxe face à la situation de marchés célèbres qui continuent de s’animer sous des hangars de fortune exposés à toutes les intempéries.
Le nouveau marché de Tabligbo n’a jamais réussi à mobiliser les commerçants comme dans l’ancien. La raison, le choix du site est arbitraire.
Dans la préfecture de l’Ogou, c’est vraiment ridicule d’ignorer le célèbre marché de Gléi pour aller construire des hangars dans un village enclavé au nom d’Akparé. Un marché que personne ne fréquente.
Dans le Haho, on n’en parle pas. Le canton d’Asrama qui est une localité d’activités commerciales bien nourries traîne encore des apatam en paille pour abriter le marché.
Sur la route menant à Notsè, un marché construit peu avant le village de kpèlè n’a jamais connu de vendeurs.
Ce paradoxe est légion dans plusieurs préfectures du Togo et révolte les populations contre la politique présenté par dame Dogbé comme les initiatives du Chef de l’Etat.
Ce qui révolte encore plus les populations reste la méthode de construction du marché. Juste après la pose de la première pierre, un magasin écran appartenant au sérail vient s’installer pour livrer les matériaux de construction. L’eau retourne donc à la rivière. Ce commerce est souvent tenu avec facilité par des personnes présentées comme proches de la ministre.
C’est dégoûtant de continuer à tourner en bourrique son Chef, Président de la république dans ces tours de passe.
Le PUDC, la vache à lait
Le Programme d’Urgence du développement communautaire vanté comme la solution magique pour sortir le Togo de son état de sous développement est loin de par sa gestion de répondre à cet objectif.
Il érige la ministre en tout. Architecte, ingénieurs, intendant, commerçante à la limite.. Plusieurs pistes entamées et abandonnés de par le passé pour défaut de financement devraient être logiquement relancées pour ouvrir des infrastructures routières à des populations restées enclavées.
Dans le copinage, racontent les entrepreneurs, la ministre a préféré ouvrir de nouvelles pistes pour donner le marché à qui elle veut. Les critères d’appartenance politique et ethniques jouent dans l’attribution.
Le PUDC est devenu aujourd’hui une vaste illusion qui risque d’être une formule destinée à escroquer les partenaires en développement, notamment le PNUD. La preuve, alors que c’est madame la ministre qui est chargée de piloter le programme sur le terrain, c’est à sa fille qu’il revient de l’organiser dans le système du partenaire du PNUD. Un conflit d’intérêt incompréhensible et tolérée par la représentante résidente.
Victoire Dogbé Tomégah à touché la sensibilité du Président dans un gros contrat dont elle a caché certaines clauses juteuses. Aujourd’hui, le pot aux roses est découvert et créé une difficulté à expliquer chez la ministre.
Ce sont entre autres manœuvres peu honnêtes meublées du népotisme et de l’enrichissement illicite sans scrupule des frères et sœurs, cousins cousines, copains et coquins qui ont fini par faire connaître au Président le vrai visage de celle que certains gardiens de couvent appellent comme le python venimeux.
C’est vrai, elle s’est toujours vantée d’être indispensable aux côtés du Président de la république, étant femme à tout, dans des moments inédits et difficiles du Président. Rôle d’une bonne mère, souffle-elle souvent à sa confidente, Dédé Ahoéfa, également recyclée en conseillère à la présidence après le scandale de l’ivoire qui l’a emporté du ministère.
Faure Gnassingbé est très remonté, c’est vrai, mais Victoire Dogbé connaît les faiblesses de son président et est sûre d’une chose malgré toutes les gaffes. Elle est en pôle position pour la Primature prochaine, surtout qu’elle réussi à dé montrer partout ou besoin est que l’actuel locataire, Komi Klassou n’est pas à la hauteur. Ce sont les contradictions togolaises.
Carlos KETOHOU