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Faure-Fabre: Autopsie comparée

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faure fabre

La fête de l’indépendance est un moment important dans la vie politique de chaque nation. Les hommes politiques, de gauche comme de droite, du pouvoir comme de l’opposition saisissent l’occasion pour exprimer leurs préoccupations, leurs désirs et aussi leurs sentiments. C’est l’occasion de la diversité de la politique et de la divergence de l’orientation dans la vie de la nation. Alors que les uns se consacrent à faire l’apologie du développement de la nation, étant maître du jeu économique et financier, histoire de pérenniser leur pouvoir, les autres s’y opposent et semblent siffler la fin du règne. Faure incarne le pouvoir en place, Fabre incarne l’opposition .; Les deux n’ont pas manqué à la règle, mieux à la coutume de l’adresse à la nation. Ils ont présenté leurs messages. Entre attaques sibyllines  et volonté de moralisation,  s’entre mêle publicité et critiques de gouvernance. Faure a présenté un discours glacial, mais logique dans un biotope propre à son règne, Fabre s’est plutôt contenté, comme à son habitude de donner encore une fois dans le combat, en lançant quelques pics à son ancien mentor, Gilchrist Olympio. Analyse comparée des messages de Faure Gnassingbé, Chef de l’Etat et Jean Pierre Fabre, Chef de file de l’opposition.

Le mystère de la disparition des armes et munitions dans les garnisons de Pya et de Niprouma laisse planer une réelle menace sur le pouvoir de Faure Gnassingbé et la stabilité du Togo. Dans son discours, Faure Gnassingbé a tenu à engager les forces de l’ordre et de défense dans la stabilité du pays, ou plutôt dans la sauvegarde de son pouvoir en mettant un accent particulier sur le rôle, la responsabilité et l’ordre qui doit régner au sein de la grande muette : « Nos forces de défense et de sécurité sont résolument engagées aux côtés des citoyens, dans la quête du développement économique et social. Cet engagement nous impose d’adapter constamment notre système de défense et de sécurité aux nouveaux défis économiques et sociaux et à l’évolution des menaces contre la paix et la sécurité» annonce Faure Gnassingbé qui lance un défi à la garde prétorienne héritée de son père : « Ces défis sécuritaires qui se sont malheureusement amplifiés ces dernières années, appellent une vigilance de tous les instants, à nos frontières comme à l’intérieur du territoire national.»

L’armée au Togo composée en majorité de l’ethnie du chef de l’Etat joue un rôle important, un rôle d’Etat, un rôle de premier plan dans les cercles du pouvoir. C’est pourquoi, le Chef de l’Etat ne manque pas d’occasion de vanter leur mérite et de les nourrir  de louanges. Mais, dans son discours, une frustration est née entre les lignes et qui confirme que l’Etat est moins préoccupé par un corps qui à ce jour réclame un statut et brimé par les autres. Le corps de la police. Faure Gnassingbé a salué la bravoure et félicité tous les hommes en treillis en oubliant les policiers : «Je me fais donc le devoir, de rendre en votre nom à tous, un hommage particulier aux militaires, aux gendarmes et gardiens de préfecture.» Constat réel, la police est le parent pauvre des corps habillés, mais ils sont aussi autant efficaces et mieux que les autres, en fonction de la scientificité et de la subtilité de leurs recherches. ». Ils participent également aux différentes répressions contre l’opposition comme les autres. Ils sont eux aussi en avant-garde de la sécurité de l’Etat, qui vacille inexorablement.

Logique dans une atmosphère générale de suspicion qui devrait interpeller le Chef de file de l’Opposition. Celui-ci, Jean-Pierre Fabre interpelle l’Etat sur les actes, fait et gestes de ces forces de l’ordre et de la défense. Dernière en date,   la répression de la manifestation du CST ANC, interdite par les autorités togolaises, à la veille même du 54ème anniversaire de l’indépendance nationale qui met en garde : « Les autorités togolaises doivent également comprendre que l’apaisement sociopolitique dans notre pays, passe par la cessation des violations intempestives des droits et libertés des citoyens. Il s’agit de mettre un terme à la répression des manifestations publiques pacifiques organisées dans le respect des lois et procédures en vigueur. » a déclaré Jean-Pierre Fabre qui a remis sur le tapis un sujet qui fâche, celui des incendies des grands marchés de Lomé et de Kara pour lequel pouvoir et opposition se jettent la responsabilité. Faure Gnassingbé a classé dans les oubliettes ce sujet qui a affecté la nation et qui a fait des vagues pendant plus d’une année.

Tempérance et modération, attaque, contre-attaque

Chez Faure Gnassingbé autant chez Jean-Pierre Fabre, la provocation, le mépris n’ont pas été de mise comme de part le passé. Les termes, les mots et les expressions ont été atténués dans un style plutôt de respect pour l’adversaire et pour la nation. Chacun dans sa logique tentant de prêcher pour sa chapelle : « Après presqu’une décennie d’efforts et de dur labeur, le Togo a retrouvé la stabilité. Il a renoué avec la croissance. C’est un pays plein de promesses, à tous égards. La pleine réalisation de ces promesses requiert l’engagement résolu de tous les Togolais et surtout une vision commune et partagée de l’avenir » vante Faure Gnassingbé dans son discours alors que le N° 1 de l’opposition, après une récente tournée nationale démontre le contraire face à ce qu’il a vécu sur le terrain : « En effet, notre pays ne cesse de s’enfoncer dans les sombres dédales de la précarité, du dénuement et de la paupérisation. La tournée de l’ANC en cours sur le territoire national, avec le soutien des partis membres du FRAC et du CST, nous édifie davantage sur l’état calamiteux du pays et la détresse des populations face au manque de perspective d’amélioration de leurs conditions de vie, inexorablement rythmées au quotidien par le manque d’eau potable, d’infrastructures scolaires et sanitaires, de routes bitumées ou de pistes carrossables. »

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Pour ce faire, Jean-Pierre Fabre anticipe sur la fête des travailleurs appelant à la mobilisation des travailleurs pour l’alternance, gage du développement, du bien-être et de l’avenir radieux du Togo ; Un avenir qui est déjà couronné, selon Faure Gnassingbé avec les réalisations, les reformes menées et celles qui sont en voie. Modernisation de l’agriculture, multiplication de PMI-PME, consolidation des bases de l’économie, promotion des clubs des affaires, échanges commerciaux qui autorisent Faure Gnassingbéà se jeter des fleurs d’avoir réussi le pari  en voyant « le Togo s’affirmer dans la construction d’un label de qualité et d’un pôle de compétitivité. »

L’indépendance a toujours rimé avec une lutte atroce, marquée de sacrifices, de martyrs et de victimes.

Chaque politicien joue sur cette sensibilité pour se gaver des électeurs, d’un peuple qui appartient à chacun.

Fabre, dans son message a évoqué les vecteurs de l’indépendance dans le concept Ablodé qu’il revendique en s’inclinant devant la mémoire de compagnons tombés sur le parcours de la lutte. Les plus illustratifs, resté fidèles à ses convictions après la séparation avec l’UFC ont été honorés : Eric Armerding en l’occurrence et plus loin, Emmanuel Bob Akitani. Faure Gnassingbé s’est contenté d’accomplir un devoir d’Etat qu’il a passé sous silence il y a quelques semaines.

S’incliner devant la mémoire des victimes de l’accident en l’entrée d’Atakpamé qui a fait 47 morts. Le Chef de l’Etat a profité pour appeler au respect du code de la route et aussi des biens et patrimoines publics. L’année 2014 a donc été décrétée année de la sécurité routière.

Des centaines de personnes sont mortes sur les routes depuis le début de cette année 2014. Ce qui permet à l’Etat d’optimiser le contrôle routier en mettant à contribution les corps habillés, notamment les policiers.

La politique au sens propre

Les deux hommes ont longtemps été évasifs pour revenir de façon assez concrète sur le vrai sujet. Réflexe de politiques : les reformes constitutionnelles et institutionnelles. C’est vrai, Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre ne sont pas dans le même moule à ce sujet. Faure, au pouvoir a les commandes de l’ouverture du dialogue pour voir évoluer la politique sur la voie des reformes constitutionnelles et institutionnelles. L’engagement pour ces reformes dépendra uniquement de Faure Gnassingbé. Mais l’homme semble banaliser le sujet en appelant à la retenue et à moins de passion : « C’est pourquoi, face aux enjeux majeurs liés au reliquat des réformes politiques en cours, je voudrais inviter toute la classe politique à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates. Je voudrais inviter chacune et chacun à dépassionner le débat. A ne se laisser guider que par le souci primordial de doter notre pays d’un édifice institutionnel propice à son plein épanouissement. » En faisant ces déclarations, Faure Gnassingbé n’a rien dit à propos du dialogue qui a eu ses bases, il y a quelques mois dans une rencontre avec jean Pierre Fabre.

Le souhait, mieux l’exigence de l’opposition est que les consultations qui ont eu lieu se poursuivent et aboutissent sur les reformes constitutionnelles et institutionnelles.

Les élections présidentielles arrivent à grands pas. L’opposition est pressée, le pouvoir à la tête sur les épaules. Rien ne le presse.

Mais, ayant conditionné la transparence des élections à la réussite des reformes constitutionnelles et institutionnelles, Jean Pierre-Fabre dans son message brandit la menace. Il pense qu’aucun apaisement, celui dont parle le Président ne peut être effectif sans la tenue de ces reformes.

Le leader de l’ANC appelle à la mobilisation des populations pour répondre aux appels de manifestations pour exiger comme le 26 avril dernier  les reformes pour une alternance. Respect des libertés publiques, notamment de celles de manifester.

Là où Fabre a été très courtois, c’est sur la question de la mobilisation pour la fête nationale. Il appelle à surmonter les frustrations et les rancœurs pour célébrer dans la joie et l’allégresse la fête de l’indépendance. Même son de cloche chez le Chef de l’Etat qui exhorte le peuple à plus d’ardeur à poursuivre les reformes et à les accomplir, pour faire du Togo une nation accomplie.

Des grandes décisions ont été prises, pourvu qu’elles se concrétisent. Projets sociaux, poursuite des reformes économiques, bien être des populations, autosuffisance alimentaire étaient à la clé du discours de Faure Gnassingbé. C’est ainsi qu’il a annoncé le démarrage de 1000 logements sociaux avant la fin de cette année 2014 et l’annonce de l’amélioration de la précarité chez plus de 300.000 togolais par les fonds de finance inclusive.

C’est ce que Faure appelle le développement auquel il associe toutes et tous à suivre. Fabre dans son message est d’accord et reste dans la même vision que le Chef de l’Etat en concluant que l’ « aspiration profonde et légitime est de voir le Togo s’engager enfin sur le chemin d’une véritable démocratie et d’un développement solidaire » qui logiquement selon lui ne passera que par l’alternance, elle-même fixée sur les reformes constitutionnelles et institutionnelles.

Faure Gnassingbé n’a pas passé sous silence une situation préoccupante. L’Office togolais des recettes ? Cet instrument qui donne de l’insomnie tant aux meneurs qu’aux acteurs qui sont dans un dialogue de sourds.

Pour ce processus, le chef de l’Etat lui-même est aussi privé de beaucoup d’informations. Les lois et les textes ont été galvaudés dans ce processus faisant des agents des douanes et des impôts des victimes de la reforme.

Aujourd’hui, le Directeur général adjoint des impôts, le sieur Tofio, nommé par décret présidentiel a été prié de vider son bureau au nom de l’OTR.

Il rase les murs à continuité  dans l’immeuble des impôts. Des inspecteurs de douanes, directeurs de leurs départements ont pour certains, refusé de se faire chasser par une procédure irrégulière. Ce qui crée une situation de confusion générale au sein de cet instrument qui a du plomb dans l’aile.

Faure Gnassingbé a semblé les rassurer en leur demander de collaborer : « Je tiens toutefois à rassurer les agents des douanes et des impôts. Ils ne seront pas sacrifiés sur l’autel de la réforme. Les agents des douanes et des impôts ne sont aucunement visés par les mutations que nous devons opérer dans nos régies financières pour améliorer la mobilisation des recettes de l’Etat…C’est pourquoi je voudrais vous convier tous, mes chers compatriotes, à contribuer, chacun à son niveau au succès de la mission importante que nous avons confiée à l’Office togolais des recettes. » a convié Faure Gnassingbé face aux syndicats des douanes et des impôts qui donnent deux semaines pour lancer les hostilités si le gouvernement ne clarifie pas le jeu.

Fabre et Gilchrist Olympio

Dans son message à la nation, Jean-Pierre Fabre n’a pas manqué  de griffonner son ancien mentor Gilchrist Olympio. Tout en saluant la détermination et l’engagement de certains citoyens qui sont restés fidèles au combat politique, il condamne d’autres pour leur attitude de lâcheté. Les paroles sont claires, sans ambigüité : «… Elle nous donne enfin l’occasion de tourner la page des imposteurs qui n’ont pas hésité à rejoindre l’oppresseur avec armes et bagages et qui continuent de prétendre porter le message de l’Ablodé, alors que le minimum de dignité et de décence les oblige au silence, après le rejet cinglant du prétendu accord RPT/UFC du 26 mai 2010 par les populations. C’est le lieu de renouveler nos hommages à tous ceux qui sont restés loyaux aux valeurs de l’ABLODE et n’ont jamais accepté la compromission ». L’imposteur n’est pas loin, d’après la description ; c’est lui,  le leader de l’UFC, Gilchrist Olympio qui était il y a seulement 72 h aux côtés du Chef de l’Etat Faure Gnassingbé pour allumer le flambeau de l’indépendance.

Développement solidaire, reformes constitutionnelles et institutionnelles, alternance et état de droit, respect des libertés, croissance économique et exhortation au travail, au labeur et à la consolidation des acquis, c’est comme cela que pourraient se résumer les discours de l’un et de l’autre des leaders politiques. Le Chef de l’Etat et le Chef de fil de l’opposition.

Tous différents, tous les mêmes, pour la cause de la nation. Vivement que l’un et l’autre respecte les engagements et prend en compte les préoccupations pour un Togo épanoui.

L’indépendance a eu des meneurs qui ont donné de leur sang, de leur sueur, de leur volonté. Nous sommes nous autres des héritiers de tous ces sacrifices et notre devoir est de le reconnaître.

L’apaisement passe par le respect de soi et de l’autre, le respect du peuple et de ses acquis.

Les deux hommes ont donné dans cette voie. C’est sans doute le Togo qui gagne. Fin de l’analyse des deux discours.

Carlos KETOHOU

 

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1 Commentaire
  1. KOUETA dit

    Arrêt aux tromperies des populations. Il faut qu’on sente tout changement dans le panier de la ménagère, le traçage des voies. Je suis au Bénin

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