(@independantexpress.net)
Les Enseignants Volontaires sont depuis quelques temps éligibles au programme d’aide Novissi. Les femmes perçoivent 24 500 F CFA et les hommes 21 000 F CFA pour deux semaines soit un total de 49 000 F CFA pour les femmes et 42 000 F CFA pour les hommes par mois. Ce geste, quoique réconfortant ne rassure pas la plupart qui pensent que l’Etat devrait songer à une solution pérenne en régularisant par exemple le statut des Enseignants Volontaires du Togo.
Au Togo, ils sont des milliers d’Enseignants Volontaires intervenant dans les écoles privées et publiques. Avec la fermeture des écoles due à la Covid19, ils se sont retrouvés au chômage sans source de revenu. Après maintes requêtes pour une assistance sociale urgente, l’Etat a enfin décidé de les accompagner à travers le programme Novissi. Un soulagement certes mais qui soulève certaines préoccupations et inquiétudes notamment celle de savoir le sort qui leur sera réservé après la suspension du programme d’aide. «Qu’en sera-t-il de notre situation après l’état d’urgence quand les mesures d’accompagnement seront suspendues ? Est-ce à dire que nous retournerons à l’étape initiale ? Dans notre misère ?» s’interroge d’un air inquiet Dodji, un Enseignant Volontaire.
En effet, les conditions de vie et de travail des EV au Togo sont loin d’être enviables. L’enseignant volontaire ne peut pas véritablement vivre de son salaire. Leurs émoluments sont calculés sur la base du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig). Ainsi, les salaires sont compris entre 35000 et 50000 F CFA. Non seulement ils perçoivent un salaire dérisoire, ils sont souvent surexploités par leurs employeurs qui les collent des heures de cours supplémentaires la plupart du temps non rémunérées. Pour arrondir les fins de mois, ils sont contraints de dispenser les cours dans plusieurs établissements et de cumuler les répétitions.
L’avènement de l’épidémie n’a fait que péricliter leur situation. Le programme d’aide initié par l’Etat permettra aux EV de survivre en cette période de crise pandémique mais ne résoudra pas le véritable problème constate Joseph, un autre enseignant volontaire exerçant ce métier depuis plus de 5 ans « Le gouvernement doit penser autrement au lieu de nous donner un fond saisonnier. Il doit régulariser notre situation en nous intégrant à la fonction publique. L’année dernière, les résultats du concours qui avait été lancé à notre endroit n’avait été pas du tout satisfaisants pour la plupart. Seule une infime partie avait été retenue » s’indigne-t-il avant de poursuivre que « Si nous sommes aussi nombreux c’est qu’il y a un manque dans les établissements. L’Etat devrait remédier à cette situation et considérer notre demande et lancer plus souvent des concours à notre intention pour nous permettre d’intégrer la fonction publique. »
Rappelons que les Enseignants Volontaires constituent un nombre important dans le corps enseignants togolais. Chaque année, au risque d’embrasser le chômage, ils sont des milliers de jeunes diplômés à se diriger vers ce métier malgré les conditions de travail peu encourageants. Par ailleurs, les études ont montré que les conditions de vie et de travail des EV des pays voisins notamment le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire sont nettement meilleurs à ceux des Enseignants Volontaires du Togo.
Diane OLOBI
www.independantexpress.net