DÉCLARATION À LA PRESSE FAITE PAR LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SUR LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET LES GRANDS LACS
NEW YORK, 28 août 2014/African Press Organization (APO)/ — On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite aujourd’hui par le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’août, M. Mark Lyall Grant (Royaume-Uni):
Le 7 août 2014, les membres du Conseil de sécurité ont entendu des exposés du Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), Martin Kobler, de l’Envoyée spéciale sortante du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson, et du Ministre angolais de la défense, João Manuel Gonçalves Lourenço, en sa qualité de représentant du Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Ils se sont félicités de la nomination de Saïd Djinnit Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs.
Les membres du Conseil ont salué les succès enregistrés dans la lutte contre les groupes armés, en particulier la défaite militaire infligée au Mouvement du 23 mars (M23), la signature des Déclarations de Nairobi par le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le M23 et l’affaiblissement marqué des Forces démocratiques alliées – Armée nationale de libération de l’Ouganda (ADF-NALU), regrettant toutefois qu’aucune avancée significative n’ait été accomplie sur la voie de la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Ils ont pris note des premières mesures prises par le Gouvernement congolais et les gouvernements des pays de la région pour tenir les engagements pris dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, en particulier en rapport avec l’établissement de critères nationaux et régionaux. Ils ont accueilli favorablement l’action menée par les organisations régionales, en particulier la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et son président, José Eduardo dos Santos, qui a abouti à la tenue de deux minisommets des chefs d’État et de gouvernement à Luanda, les 25 mars et 14 août 2014.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur engagement en faveur de la neutralisation rapide des FDLR, en faisant un objectif prioritaire du rétablissement de la stabilité en RDC et dans la région des Grands Lacs. Ils ont rappelé que les dirigeants et membres des FDLR faisaient partie des auteurs du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, durant lequel des Hutus ou d’autres qui s’étaient opposés aux exactions avaient également trouvé la mort, et que les FDLR sont un groupe frappé de sanctions par l’ONU qui opère en RDC et continue de promouvoir et commettre des tueries à motivation ethnique ou autre au Rwanda et en RDC. Ils se sont dits profondément préoccupés par la menace que les FDLR continuent de faire peser sur le pays et la région et tout particulièrement par les récentes allégations faisant état d’incessantes atteintes aux droits de l’homme par certains de leurs membres et la poursuite des campagnes de recrutement et d’entraînement de combattants, y compris des enfants, et mis en exergue l’importance de désarmer ce groupe armé illégal et de mettre fin à la menace qu’il représente.
Les membres du Conseil ont pris note des efforts diplomatiques déployés par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Communauté de développement de l’Afrique australe pour aboutir à un consensus sur la manière de neutraliser les FDLR et de les amener à un désarmement inconditionnel. Ils ont également pris note que, le 2 juillet 2014, lors d’une réunion conjointe des ministres de la défense de la Conférence et de la Communauté, il a été décidé qu’un délai de six mois serait accordé aux FDLR, à compter du 2 juillet 2014, pour se constituer volontairement prisonnier et qu’un premier bilan serait tiré au bout de trois mois. Ils ont fait part de leur inquiétude face aux rapports du Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo indiquant que les FDLR interprètent ce délai comme un moyen de retarder les activités de démobilisation qui étaient prévues. Ils ont fait remarquer que le processus de désarmement devrait être rapidement mené à bien, assorti d’un objectif final clairement défini et étayé par une action militaire crédible. Dans le même sens, ils ont encouragé le Gouvernement congolais, en coordination avec la MONUSCO, à activement mener des opérations militaires contre les dirigeants et membres des FDLR qui ne participent pas au processus de démobilisation ou qui continuent de se livrer à des atteintes aux droits de l’homme. Ils ont rappelé que la MONUSCO avait pour mandat de neutraliser tous les groupes armés, conformément aux résolutions 2098 (2013) et 2147 (2014), et réaffirmé leur soutien à la mise en place, dans le cadre du processus de démobilisation, d’un programme DD/RRR efficace qui tienne compte de la situation des femmes et des enfants.
Les membres du Conseil ont pris note des missions techniques sous conduite congolaise menées en Ouganda et au Rwanda, respectivement en avril et juillet, pour étudier et traiter les demandes d’amnistie présentées par d’anciens combattants du M23 en prévision du rapatriement de ceux qui remplissent les conditions requises pour participer au programme de réintégration, et souligné la nécessité d’accélérer le processus de retour en RDC afin qu’il soit achevé dans les délais impartis. À cet égard, ils ont encouragé les parties à hâter la mise en œuvre du Communiqué final du Dialogue de Kampala et des Déclarations de Nairobi en vue d’une démobilisation permanente du M23.
Les membres du Conseil ont demandé au Gouvernement congolais de donner pleinement et rapidement effet aux engagements qu’il a pris au titre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération, en particulier en ce qui concerne le rétablissement de l’autorité de l’État et, d’une manière générale, les réformes des secteurs de la gouvernance, de l’économie et de la sécurité qui doivent être menées à bien pour consolider les progrès accomplis. Ils ont fait remarquer à cet égard l’importance toute particulière que revêtait la réforme du secteur de la sécurité, notamment la mise en place d’une force de réaction rapide. Ils ont rappelé que c’est au Gouvernement congolais qu’il incombe au premier chef d’assurer la sécurité, la protection des civils, la réconciliation nationale, la consolidation de la paix et le développement du pays.
Les membres du Conseil ont félicité le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo et l’Envoyée spéciale sortante du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs pour leur travail, et mis en exergue le rôle crucial que continue de jouer la MONUSCO en matière de protection des civils et de promotion de la paix et de la stabilité dans le pays. Ils ont souligné l’importance du rôle que jouent les pays fournisseurs de contingents pour permettre à la Mission de s’acquitter pleinement de son mandat, en particulier la neutralisation de tous les groupes armés par le biais de sa brigade d’intervention venant en appui aux autorités congolaises, unilatéralement ou conjointement avec les forces armées de la République démocratique du Congo, en coopération avec l’ensemble de la MONUSCO. Ils ont également insisté sur l’importance que la MONUSCO prête assistance aux autorités du pays pour arrêter et poursuivre en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ils ont également rappelé qu’il fallait continuer de renforcer l’efficacité de la Mission et dit attendre avec intérêt le résultat de l’examen stratégique qui sera fait de la MONUSCO et de l’ensemble de la présence des Nations Unies en RDC.
Les membres du Conseil ont encouragé l’ONU, l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Communauté de développement de l’Afrique australe, ainsi que d’autres organisations internationales et régionales pertinentes, à continuer de travailler main dans la main pour aider le Gouvernement congolais et les gouvernements des pays de la région à pleinement s’acquitter des engagements nationaux et régionaux pris dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.