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DAHUKU PERE: retour au bercail d’un égaré politique…

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La nouvelle a sans doute été la plus grande surprise il y a deux semaines. La plus grande surprise pour les observateurs de la scène politique togolaise. Dahuku Péré, ancien baron du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), ancien serviteur de Gnassingbé père, devenu opposant et président du parti ALLIANCE, a été positionné comme tête de liste de UNIR, le parti de Faure Gnassingbé, à Blitta pour les prochaines élections législatives. « Revirement spectaculaire !!! », ont crié les Togolais. Ainsi donc, le supposé opposant au régime en place vient de changer rapidement de veste mettant au grand jour son hypocrisie, sa sournoiserie et son mépris vis-à-vis des Togolais.

Les surprises, il n’en manque décidément pas à chaque échéance électorale au Togo. Les législatives prochaines n’y font pas exception. Nul ne l’avait prévu et personne ne pouvait le soupçonner.  Mêmes les plus grands analystes et observateurs de la scène politique togolaise étaient loin de l’imaginer et ont du mal à le croire jusqu’à ce jour. Pour les quelques militants du parti ALLIANCE, c’est une onde de choc et un véritable coup de massue. Et pourtant, ceci est loin d’être une plaisanterie. C’est vrai et c’est une réalité. Maurice Dahuku Péré, opposant ou supposé opposant au régime RPT depuis 2002, a fait un revirement spectaculaire la semaine dernière en se positionnant sur la liste de UNIR, le parti au pouvoir, pour les prochaines législatives. Mieux, il est tête de liste du parti à Blitta, circonscription électorale du centre du Togo dont Faure Gnassingbé, actuel chef de l’Etat, a déjà été le député.

La nouvelle a été d’autant plus surprenante que le parti ALLIANCE dont Dahuku Péré est le président,  a présenté des candidatures dans sept circonscriptions électorales à savoir Avé, Ogou, Yoto, Dankpen, Doufelgou, Sotouboua et Kozah. Mais voilà Péré qui a choisi de tourner le dos à sa propre formation politique et à ses quelques militants surpris du revirement à 180° de leur patron. A moins que ce ne soit une stratégie qu’ils ont ensemble mis en place. Car autant la nouvelle a été surprenante, autant il serait étonnant qu’aucun militant d’ALLIANCE ne soit mis au courant du plan que mijotait le président du parti.

La versatilité comme méthode…

En politique, tous les coups sont permis, dit-on souvent. Mieux encore, pensent certains, il n’y a aucune place pour l’éthique lorsqu’il s’agit de faire des calculs politiques. Même si ces assertions ne sont pas forcément vérifiées sous tous les cieux, ceux qui pensent ainsi peuvent avoir en partie raison. Toutefois, lors qu’étant opposant et de surcroît président d’un parti politique de l’opposition,  on choisit de tourner le dos à sa propre formation à la veille d’une consultation électorale des plus cruciales et d’aller se positionner tête de liste du parti au pouvoir, cela ne peut qu’être considéré comme une trahison, une trahison de taille. Le comportement de Dahuku péré s’apparente à celui d’un capitaine qui abandonne son navire à la veille d’une importante et capitale bataille pour rallier le camp adverse.

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Maurice Dahuku Péré, un traître ? Cela peut étonner certains Togolais, mais pas tous. Considéré comme une personnalité à probité morale très élevée grâce notamment à son ancien parcours de séminariste, celui dont on dit qu’il est un prêtre raté n’est en réalité, d’après ceux qui le connaissent vraiment, que l’incarnation de l’hypocrisie, de la fourberie et de la sournoiserie caractéristiques des personnes de sa nature. Silencieux, parlant très peu, révélant rarement au grand jour ses réelles intentions, Dahuku Péré a toujours ressemblé à ces personnes fermées, introverties, difficiles à cerner, souvent repliées sur elles-mêmes mais qui  mijotent toujours quelque chose dans leur petite tête. Très souvent une mauvaise surprise. Et il vient malheureusement d’en donner la preuve à ceux qui continuaient de croire qu’il faisait les choses par conviction et qu’il était un politicien sérieux.

Avant son exclusion en 2002 de l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement du Peuple Togolais, le natif du canton de Bohou dans la préfecture de la Kozah a été plusieurs fois ministre sous Gnassingbé père. Très proche du Général Eyadéma qui lui faisait énormément confiance, l’ « apprenti chrétien » (nom qu’il s’est donné au début des années 90) sera même secrétaire général du RPT, député et président de l’Assemblée nationale entre 1994 et 1999.

Mais en 2002, il prit le risque d’adresser une lettre, en réalité un véritable brûlot, à sa formation politique. Une note dans laquelle il étala et dénonça les méthodes de fonctionnement du RPT, son manque d’ouverture et son autoritarisme. Les esprits fertiles pensent que la diatribe qu’il avait adressée était la seconde copie du brûlot « Il est temps d’espérer » qu’Agbéyomé Kodjo avait publié. Dahuku Péré n’ayant pas la hauteur intellectuelle pour présenter un document de la sorte. Mais c’était donc lui qui l’avait assumé. Eyadéma et les cadres du RPT ne lui pardonneront pas. Il fut exclu du parti avec toutes les conséquences liées à l’acte qu’il a posé. Avec Agbéyomé Kodjo qui a été lui aussi chassé du parti et contraint à l’exil du fait d’avoir apporté son soutien à Péré, ils créeront ensemble le parti d’opposition ALLIANCE. Mais la collaboration entre les deux anciens barons du RPT sera de courte durée. Agbéyomé quittera quelque temps après l’ALLIANCE pour aller créer son propre parti, l’Organisation pour Bâtir dans l’Union une Togo Solidaire (OBUTS).

Dahuku Péré, fidèle à ses mesquineries, s’accaparera de l’ALLIANCE et en fera son parti à lui seul. Mais il aura énormément de difficulté à trouver un véritable repère politique. D’’abord opposant au régime de Faure Gnassingbé, c’est comme cela qu’il se définit, l’ancien président de l’Assemblée nationale se joindra au Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) pour soutenir la candidature de Jean-Pierre Fabre à la présidentielle de 2010. Il sera même de ceux qui ont contesté la victoire de Faure Gnassingbé après cette échéance électorale et participera aux marches hebdomadaires du FRAC jusqu’à un certain temps.

Mais, la versatilité, l’inconstance et le vacillement qui caractérisent Dahuku Péré vont finir par avoir raison de lui. Tantôt c’est lui qui critique le chef de l’Etat pour sa mauvaise gestion du pays, tantôt c’est lui qui lui jette des fleurs pour avoir  entre temps, au vu de l’instabilité de Péré, Faure Gnassingbé a compris qu’il pourra le faire facilement revenir dans le camp du parti au pouvoir. Il va le rétablir dans ses droits en lui faisant payer tous les arriérés liés à ses indemnités d’ancien président de l’Assemblée nationale.

C’est sans doute ce geste de Faure Gnassingbé à son endroit qui a fini par convaincre M. Péré de rejoindre le camp du fils. Par ailleurs, les propos tenus et les actes posés par le natif de Bohou ces derniers mois ont éclairé ceux qui doutaient encore sur ses réelles intentions.

Dans une interview accordée en février dernier au site officiel de propagande du pouvoir, Dahuku Péré a dit n’en vouloir à personne dans les rangs du pouvoir et n’exprime aucune animosité à l’égard de Faure Gnassingbé. Au contraire, il a estimé que depuis 8 ans le Togo a beaucoup progressé, se permettant même d’affirmer que « les Togolais attendent un peu trop de leur président ».

Par ailleurs, le mutisme dont a fait preuve Dahuku Péré face aux récents soubresauts sociopolitiques qu’a connu le pays et au lot de conséquences qu’il a engendré en disent long sur ses réelles intentions. Réagir serait synonyme de critiquer le gouvernement. Et comme M. Péré savait qu’il préparait son retour au sein du parti au pouvoir, il a préféré se taire, cautionnant ainsi les répressions des forces de l’ordre et l’assassinat de jeunes élèves qui ne manifestaient que pour le retour à l’école de leurs professeurs en grève. Sa récompense, il l’a eue.

Pire que Gilchrist Olympio, Edem Kodjo et autres anciens opposants

La transhumance politique n’est pas une nouveauté au Togo. Le pays en a connu plus d’une fois et cela se passe de deux manières. Dans le premier cas de figure, c’est le pouvoir qui corrompt et achète des opposants à coup de billet de banque pour se donner une majorité au parlement. Ce fut le cas en 1994 où un député du Comité d’action pour le Renouveau avait rejoint le groupe parlementaire RPT permettant ainsi au pouvoir d’avoir la majorité relative à l’Assemblée nationale.

Dans le second cas de figure, c’est des opposants eux-mêmes qui, dans le souci de se remplir les poches, désertent leurs partis de leur propre volonté pour rejoindre le pouvoir. C’est le cas de Georges Aïdam qui a quitté le CAR de son propre chef  pour rejoindre UNIR, le nouveau parti de Faure Gnassingbé, parti dont il est d’ailleurs le vice-président.

Ces derniers temps, la transhumance politique semble avoir pris une autre allure. Il ne s’agit plus forcément de quitter son parti au profit du parti au pouvoir. On peut garder son statut de parti d’opposition tout en choisissant de collaborer étroitement avec le pouvoir et si possible de participer à la gouvernance du pays avec ce dernier. C’est le cas de l’Union des Forces de changement (UFC) qui, depuis mai 2010, participe à la gestion du pays avec le pouvoir après la signature de leur fameux accord. C’est aussi le cas de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) qui est aussi présent au gouvernement et dont l’ex-président et fondateur, Edem Kodjo, est actuellement l’un des conseiller du chef de l’Etat avec rang de ministre.

Gilchrist Olympio ou encore Edem Kodjo ont certes trahi la confiance du peuple togolais en s’alliant avec le régime de Lomé. Mais ils ont au moins le mérite de garder leur ligne de fidélité à leur parti. Quand à Dahuku Péré, il y a de quoi dire qu’il n’a plus aucun repère politique. Mieux, son égoïsme, son sens poussé de l’intérêt personnel et son désir ardent de se remplir les poches, l’ont complètement aveuglé. Sinon, comment expliquer que, tout en étant président d’un parti politique dit de l’opposition (parti qui participe d’ailleurs aux législatives), il se positionne comme tête de liste d’un autre parti à ce scrutin ?

Ainsi va la transhumance politique au Togo. Un pays où on peut changer de veste politique au gré de la capacité de corruption du parti au pouvoir.

Malheureusement, le statut de l’opposition togolaise voté la fois dernière au parlement ne vient pas pour arranger les choses. Puisque l’article 9 de ce statut stipule que toute personne qui désire participer au gouvernement peut le faire sans l’avis de son parti. Autrement dit, le statut de l’opposition autorise la transhumance politique à volonté. Ce qui n’est pas de nature à favoriser la stabilité des partis de l’opposition.

Dans les grandes démocraties occidentales, les transhumances politiques du genre de celles que l’on connaît au Togo sont quasi absentes. Ceci, parce que la politique est faite avec éthique et conviction. Voilà pourquoi, en France par exemple, il est rare de trouver un politique qui est tantôt de Gauche, tantôt de Droite. On choisit d’être de Gauche ou de Droite et on l’est durant toute sa carrière politique. Il en est de même aux Etats-Unis ou on est soit Démocrate, soit Républicain. Les cas de transhumance n’existent presque pas.

Par ailleurs, des dispositions sont souvent prises dans les grandes démocraties pour éviter ces genres de comportement. Pourquoi ne pas faire la même chose au Togo ?

Rodolph TOMEGAH

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