CST : poursuite des manifestations
Les responsables du Collectif « Sauvons le Togo» ont rencontré la presse hier pour éclairer l’opinion sur les dispositions qu’ils ont prises pour la tenue du meeting du 1er Juillet qui a été réprimé par les forces de l’ordre. C’était également l’occasion pour les premiers responsables du Collectif d’informer la population sur les activités qu’ils entendent mener dans les jours à venir et la comparution des avocats prévue pour la journée de demain mercredi 04 Juillet.
Le meeting de sensibilisation du Collectif prévu pour se tenir le 1er Juillet au Stade Oscar Anthony (Béniglato) à Lomé a été empêché puis réprimé par les forces de l’Ordre. Des gaz lacrymogènes ont été lancés sans autre forme de procès sur les manifestants sortis en grand nombre pour venir écouter le Collectif. L’accès au Stade était bloqué par les forces de l’ordre qui ont bouclé très tôt les voies menant à ce stade. Devant ce constat, les manifestants qui voudraient délocaliser leur lieu de meeting pour se rendre devant l’Ambassade de France ont été également empêchés et dispersés. Et pourtant, à en croire les responsables du Collectif, les dispositions administratives ont été prises pour ce meeting. Ils ont condamné le mémorandum publié par le gouvernement dans le quotidien national du vendredi 29 Juin et qui interdit systématiquement toute manifestation du Collectif, ce qu’ils jugent « illégal ».
Le Collectif plus que jamais décidé
Malgré la répression du meeting du 1er Juillet, le Collectif est décidé d’aller jusqu’au bout de ses objectifs. Convaincu que la liberté ne s’octroie pas sur un plateau d’or mais s’arrache par une lutte acharnée, il appelle de nouveau la population à une séance de sensibilisation le Jeudi 05 Juillet à 14 heures au même endroit et maintient par ailleurs son programme de manifestations à Lomé et à l’intérieur du pays. De même, trois avocats à savoir Mes Zeus Ajavon, Raphaël Kpandé et Jil-Benoît Afangbédji sont convoqués devant le juge d’instructions le mercredi 04 Juillet dans le cadre des manifestations des 12, 13 et 14 Juin dernier.
Notons que le meeting de sensibilisation du Collectif qui était empêché visait à éclairer la population togolaise sur le contexte dans lequel se situe son combat pour sauver le Togo; la nécessité de l’assainissement de la situation sociopolitique au Togo ; la nécessité de réformes constitutionnelles et institutionnelles notamment le retour à la Constitution du 14 Octobre 1992; la nécessité de réformer le cadre électoral; la nécessité de l’ abrogation immédiate et sans condition des deux lois relatives, l’une au Code électoral, et l’autre au découpage électoral, adoptées par l’Assemblée nationale les 25 et 31 Mai 2012. Le Collectif considère que par ces coups de forces, le régime de Faure Gnassingbé est tombé sous le coup de l’Article 150 de la Constitution qui dispose que : « dans ces circonstances, pour tout Togolais, désobéir et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime constituent le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs ».
C’est pourquoi il convie les agents des secteurs publics, privés et informels, fonctionnaires, artisans, zémidjans autorités traditionnelles, autorités religieuses, femmes de marchés, militaires, policiers, gendarmes élèves et étudiants etc, à ce meeting pour s’informer sur les objectifs et les moyens d’action qu’entend se donner le Collectif pour œuvrer ensemble à l’avènement d’un Togo libre.
Par ailleurs, le Collectif tient à rappeler que la liberté de manifester reste un droit constitutionnellement acquis qui ne saurait faire l’objet d’un quelconque marchandage. Il invite les populations à participer massivement aux manifestations dans les jours et semaines à venir : meeting d’explication à Lomé le jeudi 05 Juin à partir de 14 h au Stade Terrainvi de Bèniglato ; meetings d’explication les 06, 07 et 08 Juillet dans les préfectures du Golfe, de Vo, Bas Mono, Haho, Yoto, Zio, Agou, Ogou, Anié, Sotouboua, Tchaoudjo, Tchamba, Assoli, Kozah, Bassar, Cinkassé, Tône et de l’Oti ; les marches suivies de sit-in les 10, 11, 12 et 14 Juillet 2012 à Lomé, Aného, Tsévié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara et Dapaong.
La mauvaise foi du gouvernement
L’article 30 de la Constitution togolaise du 14 Octobre 1992 stipule que « L’Etat reconnaît et garantit dans les conditions fixées par la loi, l’exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation pacifique et sans instruments de violence ». En plus de cette disposition constitutionnelle, il y a la loi de Mars 2011 qui réglemente les manifestations. Curieusement, le gouvernement a passé outre ces dispositions et est passé à la répression systématique des manifestants. Le meeting de sensibilisation prévu par le Collectif à Béniglato dans l’après-midi du dimanche 1er Juillet a été réprimé sans ménagement. Et pendant que ce meeting du Collectif a été empêché, il y a eu manifestations des partis politiques ou assimilés à l’intérieur du pays dont celles de l’Union des forces de changement (UFC) dans l’Avé et du Bloc d’action pour le changement (BAC) dans le Bas-Mono. Elles autres n’ont pas été empêchées. Cette politique de deux poids deux mesures a été dénoncée par le Collectif qui crie à la discrimination.
Rappelons que les répressions « barbares » des manifestations des 12, 13 et 14 Juin 2012 à Lomé ont occasionné plus de 119 blessés dont 52 cas graves, 78 cas d’interpellations dont 54 personnes déférées à la prison civile de Lomé, des saisies de biens et dégâts matériels. Les villes de Tsévié, Sokodé et Kara ont également subi des violences policières lors des manifestations des 20 et 21 Juin 2012. Les conséquences de ces répressions sont les trois décès enregistrés du côté des civils.
Jean-Baptiste ATTISSO