Une institution de la république. La Commission Nationale des Droits de l’Homme sort un rapport sur une exécution sommaire orchestrée par la police togolaise mais voilée sous un drap de mis hors d’état de nuire de supposés malfrats. Un rapport qui mets à nu la police nationale et relance le débat des enquêtes ouvertes mais sans suite. La CNDH lance visiblement le défi.
L’on était en février 2012. La commission Nationale des Droits de l’homme dirigée à l’époque par Koffi Kounté venait de rendre public un rapport. Il s’agissait du dossier d’atteinte à la sureté intérieur de l’Etat. Dans ledit rapport de plusieurs pages, la commission n’est pas allée par le dos de la cuillère. Elle avait situé les responsabilités avec les forces de l’ordre comme 1ers responsables notamment des cas de torture sur Kpatcha Gnassingbé et coaccusés. L’Agence national des renseignements, ANR fut nommément citée. Ce rapport n’est pas sans conséquence pour le président de la CNDH d’alors. Koffi KOUNTE est contraint depuis ce temps à l’exil.
Aujourd’hui, c’est un autre rapport, toujours de la CNDH qui étale les cas de bavures et autres contrevérités des forces de l’ordre notamment de la police togolaise.
Dans un rapport en date de décembre de 2019 mais rendu public le 25 Juillet 2020 concernant de présumés braqueurs abattus froidement dans la zone de Kagni Kopé en juillet 2019, il ressort tout simplement que ces jeunes avaient été enlevés de chez eux à Akato avant d’être abattus sans procès ce jour. Une thèse qui va à l’ encontre de celle servit par la police le jour du crime.
Mais en attendant de revenir sur les suites de ce dossier, le débat que vient de lancer ce rapport de la Commission de Nakpa Polo est celui des enquêtes sans suite. Oui la liste est longue. Mais nous n’allons prendre que quelques évènements.
L’encombrant Atsoutsè AGBOLI…
Atsutsè Agbobli a-t-il été assassiné ?, c’est ce que titrait le journal panafricain ‘’Jeune Afrique’’ au soir du 18 Novembre 2008. La version officielle parle de suicide, mais la famille de l’ancien ministre, ne croit pas à cette thèse tout comme beaucoup de togolais.
Le corps de l’homme politique a été retrouvé sans vie le vendredi 15 août 2008, presque nu sur une plage de Lomé, le visage tuméfié, présentant des hématomes sur le corps. Le soir, au journal de 20h à la télévision nationale, un communiqué du ministère de la Sécurité de l’époque, le Colonel Mohamed Atcha Titikpina, informe que l’ancien ministre était mort par noyade. Mais d’une autopsie à une autre, d’un rapport à un autre, la mort du journaliste et universitaire, reste un mystère une décennie après. Oui un mystère, puisqu’aucune enquête n’a véritablement été faite pour établir les faits. Depuis 12 ans, nul ne sait ce qui est réellement arrivé à l’homme politique. Une enquête sans suite.
La milice dans la place…
Ils avaient déjà opéré en 2005 lors des élections présidentielles ayant amenées Faure Gnassingbé au pouvoir. Mais ils se sont mis en retrait à un moment donné. Mais en 2012, les vieux démons ont refait surface. Lors d’une manifestation du Collectif Sauvons le Togo CST au quartier Adéwui, une horde de jeunes miliciens armés de machettes et de gourdins, certains avec des pistolets automatiques s’invitent dans la danse. C’était le massacre. Les militants de l’opposition étaient sérieusement bastonnés avec la bénédiction des policiers et gendarmes présents ce jour pour encadrer la manifestation. Là aussi, les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête qui jusqu’aujourd’hui est restée comme telle.
Après Adewui, les miliciens ont agi sans impunité. Et même pour les faire accepter, l’autorité parle de groupe d’auto-défense dont certains se sont réunis sous la bannière de ‘’Sentinelle du peuple’’.
Le terrible incendie du grand marché de Lomé…
Les souvenirs sont encore vivaces dans les esprits, les séquelles sont sans précédent. Dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 Janvier 2013, un incendie a ravagé le grand marché de Lomé. C’était un coup dur pour l’économie nationale, des milliards partis en fumée en une nuit. Mais 24h après cet horrible évènement, la piste criminel est redoutée, un crime oui, mais venant de qui et pourquoi ?
Le samedi 13 Janvier 2013, la gendarmerie nationale procédait aux premières arrestations. L’opposition togolaise était visée. Il fallait les prendre tous sans exception. Ce qui fut fait ou presque avec le ministre de la sécurité actuel et d’alors Yark DAMEHANE qui faisait une démonstration à dormir debout, d’ailleurs c’est sa matière préférée.
Les leaders de l’opposition étaient visées, plusieurs jeunes ont été embarqués et emprisonnés durant des années pour des raisons d’enquêtes. Certains y ont même laissé leurs vies. Mais lesdites enquêtes ouvertes n’ont jamais abouti. Des innocents ont été emprisonnés pour rien. Aujourd’hui personne ne sait où se trouve ce dossier et la menace plane toujours sur les supposés coupables. L’opposition n’a cessé de clamer son innocence et accuse plutôt le pouvoir d’être le responsable de cet incendie. Aujourd’hui, les accusations sont des deux côtés. Les autorités ne sont jamais arrivées à situer les responsabilités et passées à un procès. Une autre enquête sans suite.
Pas besoin de revenir ici sur les nombreuses violences orchestrées contre les leaders et militants du Parti National Panafricain PNP de Tikpi Atchadam depuis le 19 Aout jusqu’à ce jour, les bavures policières surtout lors de la période de couvre-feu. Des enquêtes s’ouvrent mais ne produisent rien.
Devant les nombreux cas de violences orchestrés ci et là, des analystes pensent que la justice dans un pays sérieux qui dit se battre pour la démocratie, devrait se saisir et agir. Mais au Togo rien, tout porte à croire comme si la justice est de mèche avec les auteurs des atrocités.
L’encombrant Atsoutsè AGBOLI…, La milice dans la place…, Le terrible incendie du grand marché de Lomé…, les bavures policières, trop de dossier sur lesquels les enquêtes sont ouverts mais que nenni.
Ces enquêtes abouties et ce courage de la CNDH doivent motiver et inciter les autres institutions de la république à faire de même puisque leur crédibilité et des responsables en dépendent pour un état de droit et démocratique où le citoyen peut avoir confiance aux instruments étatiques.
Richard AZIAGUE.