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COTE D’IVOIRE : La CPI met Abidjan sous pression

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En réclamant le transfèrement de l’ex-Première dame Simone Gbagbo pour crimes contre l’humanité, la Cour pénale internationale (CPI) met dans une situation délicate le pouvoir ivoirien, pris entre obligations internationales et quête de réconciliation dans le pays.La CPI met le président Alassane Ouattara « dans l’embarras », titre vendredi le quotidien ivoirien L’Inter (indépendant).

Elle a rendu public jeudi un mandat d’arrêt visant l’épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo pour crimes contre l’humanité commis durant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait environ 3.000 morts. Le procureur de la Cour, la Gambienne Fatou Bensouda, a enfoncé le clou en exhortant Abidjan à livrer l’ex-« dame de fer » à La Haye.

Mais M. Ouattara n’est « pas très chaud » pour répondre favorablement à une telle demande, reconnaît l’un de ses proches, interrogé par l’AFP.

Après avoir ouvert les bras à la CPI et lui avoir remis il y a un an M. Gbagbo, soupçonné aussi de crimes contre l’humanité, le chef de l’Etat assure depuis plusieurs mois que la justice ivoirienne est désormais capable de traiter les dossiers liés à la crise. Et il dit préférer que soient « jugés tous les Ivoiriens en Côte d’Ivoire ».

Selon des sources proches du dossier à Abidjan, il s’est d’ailleurs opposé à ce que l’ancienne Première dame soit transférée à La Haye peu après que le mandat d’arrêt a été – dans la plus grande discrétion – communiqué aux autorités ivoiriennes en février-mars.

Dans l’immédiat, le nouveau gouvernement ivoirien réserve sa réponse, qu’il promet d’officialiser « au moment opportun ».

« Sentiment d’injustice »

Indépendamment de ce qui peut être reproché à Mme Gbagbo, « alter ego » politique de son mari selon la CPI, ce mandat d’arrêt « renforce le sentiment d’injustice dans le camp Gbagbo, y compris parmi les militants modérés », souligne Rinaldo Depagne, spécialiste de la Côte d’Ivoire au centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

« Cela rend difficile le dialogue politique et le retour du Front populaire ivoirien (FPI, parti du couple Gbagbo, ndlr) sur la scène politique », ajoute-t-il.

Malgré les assurances de M. Ouattara – « le processus de réconciliation est en marche », affirmait-il jeudi -, les retrouvailles entre les ennemis d’hier tardent encore à venir.

Le FPI s’est pour l’heure tenu à l’écart du « dialogue politique » engagé par le gouvernement avec de petites formations pro-Gbagbo, arguant notamment des poursuites judiciaires lancées contre les siens.

Une vingtaine de personnalités du camp Gbagbo sont détenues dans le nord du pays et inculpées par la justice ivoirienne en lien avec la crise, et les autorités ont promis d’accélérer la tenue de leurs procès.

Parmi ces inculpés figure Simone Gbagbo, accusée notamment de génocide: le fait que l’enquête de la CPI vienne s’ajouter à la procédure ivoirienne laisse dans tous les cas augurer d’une discussion serrée entre la Cour et Abidjan.

Mais l’annonce de la CPI concernant l’épouse de Laurent Gbagbo complique aussi la position du président Ouattara vis-à-vis des ex-rebelles nordistes qui ont combattu pour lui durant la crise. Certains sont soupçonnés de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.

Si Mme Gbagbo est remise à la Cour, « M. Ouattara sera obligé de livrer ensuite quelqu’un de son camp », avance une source militaire occidentale.

Or, si le chef de l’Etat clame régulièrement son refus de « l’impunité » et d’une « justice des vainqueurs », il n’a pas jusqu’à présent démontré son intention d’inquiéter ses soutiens: aucun d’entre eux n’est encore poursuivi par les juges ivoiriens.

« Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation! », expliquait à l’AFP un ministre il y a quelques jours.

En attendant, alors que la situation sécuritaire demeure précaire et que le régime accuse des pro-Gbagbo de visées déstabilisatrices, d’anciens chefs rebelles continuent d’être placés à des postes stratégiques dans l’armée.

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