Côte d’Ivoire / Décès, démission et dissensions au RHDP : Le monde politique se rétrécit pour le Président Ouatarra
(@independantexpress.net)
Les plans politiques d’un parti peuvent être considérablement bouleversés par des événements imprévus. A trois mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire, le parti du président sortant Alassane Ouattara se retrouve en difficulté après le décès de l’actuel Premier Ministre et candidat du parti pour la présidentiel. Plus qu’un simple bouleversement, le décès d’Amadou Gon Coulibaly est un coup dur asséné au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) par mère nature. Un événement qui aura sans doute un impact considérable sur l’avenir politique du parti et de toute la côte d’Ivoire.
La douleur a sans doute été énorme pour Alassane Ouattara à l’annonce du décès d’amadou Gon Coulibaly. Le cador du RHDP qu’il présentait comme son allié et fils, son plus proche collaborateur depuis 30 longues années est mort après un malaise lors du conseil des ministres dans la journée du mercredi 08 juillet dernier. Une véritable perte pour le parti qui avait porté tout son espoir sur le désormais feu Amadou Gon Coulibaly affectueusement appelé AGC.
Pourtant, les soucis de santé d’Amadou Gon Coulibaly étaient connus de tous. L’on se rappelle que le 02 mai 2020, il avait été évacué en France malgré la crise sanitaire et la fermeture des frontières, la raison officiellement était celle d’un contrôle médical. Mais l’on se doutait bien que feu Premier Ministre, qui avait subi une lourde opération au cœur en 2012 n’était pas du tout bien portant. Les ennuis de santé d’Amadou Gon Coulibaly ont suscité des débats depuis des mois. Les détracteurs ont semble-t-il eu raison de dénoncer sa désignation pour porter le parti à la présidentielle d’octobre prochain.
Toutefois, il y a de cela quelques mois, le pari semblait gagné pour le RHDP d’Alassane Ouattara. Tout état fait pour mettre la chance de leur côté ; mais une succession d’évènements imprévu met aujourd’hui le parti dans une situation d’incertitude.
La crise sanitaire avait ébranlé le parti emblématique et l’obligeait à modifier ses plans ; à cela s’ajoutait les soupçons d’implication du président Alassane Ouattara dans l’affaire Guillaume Soro, homme politique complet et candidat déclaré à la présidentielle. Ces aléas ont bousculé sans doute le parti, mais le plus douloureux reste le décès brusque d’Amadou Gon Coulibaly.
A tout cela s’ajoute depuis 48 heures, un communiqué de la Présidence de la République qui semble donner une idée des désaccords grandissants au sein du parti.
Le Vice-Président de la République Daniel Kablan DUNCAN a remis au Président Alassane Ouattara sa démission au poste de Vice-président.
En effet, sa démission avait été remis il y a de cela plusieurs semaines. Ces fonctions n’ont pris fin qu’ hier lundi 13 juillet 2020, dans ce contexte particulier de deuil et d’incertitude. Cette démission intervient pour des raisons selon le communiqué de convenance personnelle. Mais pour les analystes politiques cela laisse penser à une dissension au sein du parti.
Aujourd’hui, les imprévus obligent le parti à revoir son programme politique ; même si pour certains, le nouveau dauphin est déjà bien connu.
Sans surprise, la mort du candidat du parti relance le débat sur une probable candidature d’Alassane Ouattara lui-même, qui avait pourtant déclaré qu’il ne se présentera plus pour briguer un 3è mandat. Est-il possible qu’il revienne sur sa décision ? L’opinion sera sans doute située dans les jours à venir.
Pour l’instant, Hamed Bakayoko, influent Ministre de la Défense, et autre produit d’ADO au sein du RHDP semble favori pour porter le flambeau des houphouëtistes.
Toujours aux côté de son mentor et allié Alassane Ouattara, il avait notamment assuré l’intérim lors de l’absence du premier Ministre pour des ennuis de santé.
De l’avis de nombreux citoyens ivoiriens, il est le candidat parfait pour affronter les leaders charismatiques de l’opposition et porter haut les couleurs du RHDP.
Qu’adviendra-t-il si ce second bras droit d’Alassane Ouattara, qui a visiblement aussi cette ambition de représenter le parti à la présidentielle d’octobre 2020, n’était pas désigné candidat ? Il pourrait en résulter une implosion du parti. La naissance de factions pro-Ouattara et pro-Bakayoko n’est pas improbable et ceci serait désastreux pour ce parti historique.
Eric G.
www.independantexpress.net