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La crise politique au Mali reste entière. Comme à l’accoutumée, quand un président d’un pays de l’espace CEDEAO est en difficulté, ses pairs de la sous-région dépêchent une mission sous l’égide de la CEDEAO dans le pays pour tenter de désamorcer la situation. Dans plusieurs cas, elle a réussi à sauver beaucoup de présidents contestés par leurs peuples. Le peuple togolais en a été victime à plusieurs reprises. Aujourd’hui les maliens refusent de se faire berner. Le mouvement de contestation, le M5-RFP a tout simplement rejeté les propositions de sortie de crise des émissaires de la CEDEAO. Des leçons à tirer pour les autres peuples. La CEDEAO perd de plus en plus son influence.
Mission échouée pour les experts de la CEDEAO. La délégation de l’organisation ouest-africaine dépêchée au Mali, a quitté le territoire malien le dimanche dernier sans parvenir à concilier les positions. Les propositions qu’elle a mises sur la table ont été rejetées par le mouvement de la contestation. Le président Ibrahim Boubacar Keita reste en difficulté. Ses paires de la sous-région ont pour le moment essuyé un échec dans leur tentative de venir à son secours. La crise malienne est donc loin d’être résolue. Le mouvement contestataire dont la figure emblématique est l’Imam Dicko demeure intransigeant sur sa revendication fard, la démission du président IBK de la tête du pays.
Bien que la mission de la CEDEAO conduite par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan ait fait de grandes propositions, le M5-RFP juge ces dernières loin des aspirations des maliens. Les émissaires de la CEDEAO ont proposé entre autres la reconstitution rapide et consensuelle de la Cour constitutionnelle afin que les Sages puissent statuer à nouveau sur les résultats des dernières élections législatives, la formation d’un gouvernement d’union nationale, la mise en place d’une enquête pour faire la lumière sur les exactions qui ont été commises lors des manifestations de l’opposition.
La feuille de route proposée par la médiation recommande au-delà de tout, le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita, alors que la principale revendication de la contestation est justement la démission de ce dernier.
Cette dernière mesure donne donc raison aux analystes qui soutiennent qu’à chaque fois que la CEDEAO intervienne dans une crise, la première intention est de sauver le régime en place. Dans la foulée, le rejet du Mouvement du 5 juin ne s’est pas fait attendre. Il a appelé donc les maliens à poursuivre la désobéissance civile.
Dans chacun des pays de la CEDEAO, l’opposition a toujours observé de près la gestion que cette organisation faisait des crises politiques depuis belle lurette. A chaque fois qu’elle intervienne dans une crise, elle tue les aspirations les plus profondes du peuple et donne du temps au président contesté de reprendre le contrôle de la situation.
Les leaders politiques de certains pays ont compris tôt cette attitude de la CEDEAO que certains analystes politiques n’hésitent pas à qualifier de « Syndicat des chefs d’Etat ».
Le Pays des hommes intègres a servi d’exemple en disant Non à la CEDEAO. Si les leaders du mouvement de contestation qui avait chassé Blaise Compaoré du pouvoir avaient écouté la CEDEAO, Blaise Compaoré serait peut-être toujours au pouvoir contre la volonté populaire. Aujourd’hui le M5-RFP ne fait que suivre cet exemple.
On se rappelle au Togo où moult fois, l’intervention de émissaires de la CEDEAO dans les moments de crise a toujours permis au régime de reprendre la main, d’essouffler la contestation par son habileté à induire les leaders politiques de l’opposition en erreur ou encore les corrompre.
Aujourd’hui, la majorité des togolais déteste cette organisation sous-régionale qui a saboté leurs aspirations. Il revient donc aux opposants togolais de tirer des leçons et prendre l’exemple sur la stratégie des oppositions des autres pays. Le président de l’ANC, Jean Pierre Fabre l’aurait désormais compris.
Déçu par la gestion de la crise politique de 2017 par cette même institution, il affirma clairement que la prochaine fois que la CEDEAO pointera son nez, elle sera tout simplement récusée.
En ce qui concerne la CEDEAO dans son fonctionnement, elle perd à grande vitesse toute crédibilité devant les peuples de la sous-région qu’elle prétend incarner.
De nos jours, opposer un refus à une proposition ou décision de la CEDEAO est chose aisée, ce qui n’était toujours pas le cas il y a encore quelques années. Il y a donc nécessité de revoir le fonctionnement de cette institution sous-régionale pour sauvegarder son influence.
Amos DAYISSO
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