PARIS, France, 13 avril 2015/African Press Organization (APO)/ — Demain, cela fera un an que 276 lycéennes ont été enlevées à Chibok par le groupe armé Boko Haram. Alors que certaines ont pu s’échapper, des rumeurs sur l’éventuel meurtre de celles restées en captivité circulent dans la presse. Les nouvelles autorités du Nigeria et le chef de l’État récemment élu doivent impérativement localiser les jeunes filles, informer leur proches, protéger celles qui sont en vie et les rendre à leur famille.
Le 14 avril 2014, le groupe fondamentaliste Boko Haram enlevait 276 lycéennes à Chibok, dans l’État de Borno dans le Nord du Nigeria. Cet événement tragique a attiré l’attention de la communauté internationale sur les crimes commis depuis plus de dix ans par Boko Haram, dont les femmes constituent une cible privilégiée. « Ce n’est pas un hasard si Boko Haram s’est attaqué à des lycéennes. Comme les talibans en Afghanistan et au Pakistan, et les shebabs en Somalie, Boko Haram cible les femmes instruites », a déclaré Khadija Cherif, coordinatrice du Groupe d’action pour les droits des femmes de la FIDH. En enlevant des femmes et des filles, le groupe armé vise à priver les filles de leur droit à l’éducation. Après l’enlèvement des lycéennes, Boko Haram avait annoncé qu’elles seraient vendues, réduites en esclavage et mariées de force. Des viols ont été rapportés et nous craignons que les jeunes filles aient été tuées.
« Le gouvernement de Goodluck Jonathan a échoué à prévenir ces crimes, à poursuivre et punir les responsables et à protéger les victimes. Le nouveau président doit impérativement faire mieux, et vite », a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.
La FIDH exhorte les autorités du Nigeria à prendre toutes les mesures en leur pouvoir, conformément au droit international des droits humains, pour localiser les jeunes filles et assurer leur protection. Le Nigeria a l’obligation de garantir leur sécurité, leur intégrité physique et morale, ainsi que leur droit à la justice et à réparation. Et il doit urgemment informer les familles du sort de leurs filles car cette attente est insupportable.
La FIDH demande également à la force multinationale chargée de combattre Boko Haram de respecter strictement les normes établies en matière de droits humains lors de ses opérations. Le respect des droits humains dans le cadre de la lutte légitime contre le terrorisme constitue une obligation des Etats en vertu du droit international, et est nécessaire pour garantir le soutien de la population aux actions menées par les gouvernements contre le groupe armé.
La FIDH souligne que les crimes commis par Boko Haram relèvent de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI). Ils font actuellement l’objet d’un examen par le Bureau du Procureur. En l’absence de procédures effectives pour traduire les responsables devant la justice nigériane, la CPI devrait ouvrir une enquête.
Depuis 2009, environs 13 000 personnes auraient été tuées par Boko Haram, principalement au Nord, et approximativement 1,5 millions de personnes seraient réfugiés ou auraient été déplacées à l’intérieur du pays par le conflit.
Dans le seul État de Borno, depuis 2013, Boko Haram aurait enlevé entre 500 et 2000 femmes, ciblant en particulier les étudiantes et les enseignantes. En février 2015, la FIDH a publié un rapport : « Nigeria : les crimes de masse de Boko Haram » , qui documente les crimes commis par le groupe depuis sa création en 2002.