Braquage à ciel ouvert, la démission…
La sécurité de l’aéroport de Lomé telle que clamée est désormais mise à rude épreuve. Le braquage à ciel ouvert au nez et à la barbe des militaires et des policiers en pleine matinée de dimanche relève de l’incapacité du système défaillant de sécurité constamment camouflée par les autorités de l’aéroport. Pire, les responsables chargés de la protection de cet aéroport, nœud névralgique d’un pays se rabattent sur les civils pour justifier leur incapacité à poursuivre et à arrêter les malfrats. De l’incompétence, de la négligence ou de la complicité. L’Etat devrait prendre ses responsabilités face à cette démission…
Lorsque l’on traverse la frontière de Ségbé pour le Ghana, l’une des dernières frontières qui séparent le Togo de ce pays voisin, les usagers subissent le test obligatoire du passage devant la caméra thermique. C’est un dispositif anti Ebola que plusieurs pays ont adopté aux frontières et aux aéroports. Il permet de contrôler au passage le température de l’usager et lorsqu’elle est anormalement élevée, un contrôle approfondi s’effectue pour se rassurer qu’il ne s’agit pas de la fièvre hémorragique. Le test est subi par les usagers en direction du Ghana. Il n’existe pas en sens contraire. Cela veut dire que le Togo n’a pas de dispositif pour diagnostiquer au minimum un seul symptôme de la maladie Ebola. Et pourtant, il a été recommandé et proposé au Togo ces caméras thermiques qui n’existent même pas à l’aéroport de Lomé. La raison, l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) et la société aéroportuaire de Lomé se tirent les marrons du feu sur celui qui devrait décaisser les sous pour obtenir ce matériel. Preuve par deux que les autorités togolaises, du moins celles qui sont chargées de la sécurité ne prennent pas les choses au sérieux sur la gestion de l’aéroport et la protection des personnes et des biens ; le refus systématique de doter l’aéroport de moyens adéquats visant à crédibiliser cette institution stratégique.
Dimanche dernier, comme dans un tournage hollywoodien, des braqueurs ont opéré avec sérénité en toute tranquillité à l’aéroport de Lomé.
Après avoir réussi à filer des commerçants qui étaient en possession d’une importante somme d’argent qu’ils s’apprêtaient à convoyer pour acheter des produits, ils ont attaqué et maîtriser à mort un gendarme, blessé une dizaine de personnes. Dans la foulée, ils ont abattu un pasteur qui remplissait son réservoir de carburant dans une station d’essence à l’alentour avant de continuer tranquillement leur bonhomme de chemin sans visiblement faire l’objet de résistance.
La population a été atterrée, non armée, n’avait que de se mettre dans la formule de sauve qui peut.
Sur la piste de l’aéroport, les agents et les usagers s’étaient couchés au sol pour se protéger contre les balles des kalachnikovs qui crépitaient.
Peu avant 11h trente avant qu’ils n’opèrent dans le parking de l’aéroport, ils ont tenté de cambrioler l’agence Ecobank du marché de Hedzranawoé dans le même style de tirs à créer la panique.
On apprendra que le même groupe dans les mêmes conditions, avec les mêmes méthodes ont bouclé leur journée chez les commerçants de bétails à Adetikopé à une vingtaine de kilomètres de Lomé. Le dernier butin a été dans la raillerie des forces de l’ordre et de sécurité après avoir traversé plusieurs postes de gendarmerie, de police et de camps militaires sans être inquiétés. Ce qui pose une grande inquiétude face à la sécurité des citoyens et la responsabilité, mieux, la compétence des agents chargés de la sécurité des citoyens.
C’est donc, en l’espace de quelques mois seulement, le cinquième braquage dans la capitale togolaise, après celui qui a tué un consul libanais et l’employé de la boutique Fontana pour ne citer que ceux la. Ce qui devient très inquiétant.
Sorties amatrices des autorités de la sécurité
Le caractère solennel, spectaculaire et publicitaire du braquage par des personnes cagoulées a répandu comme une traînée de poudre l’information à travers les réseaux sociaux. Tout le monde attendait que le Ministre de la sécurité, le Colonel Yark Damehane vienne annoncer avoir fait poursuivre jusqu’à leur dernier retranchement les malfrats et avoir maîtrisé certains parmi eux. Quelle ne fut la surprise, l’officier de l’armée, ministre de surcroît chargé de veiller à la protection civile venir ressasser ce que tout le monde savait déjà. Et pour enfoncer le clou du ridicule, il appelle la population au secours en étalant une demi-dizaine de numéros verts, invitant la population à collaborer.
D’après les informations recueillies par une de nos journalistes qui était sur les lieux, confirmées par des éléments de l’enquête, le gendarme abattu a fait des tirs de sommation qui consistaient à demander gentiment aux braqueurs de se rendre ou de prendre la fuite. Mais ceux-ci n’étant pas en mesure de laisser tomber leur butin et de se rendre. Ils ont tiré directement sur le pauvre gendarme avant de terroriser l’alentour.
Des professionnels qui ont réussi à semer la terreur chez des hommes en treillis qui, pour certains se sont tout simplement couchés par terre avec leurs armes pour se protéger, leurs têtes et leurs familles.
La surprise est encore grande à la sortie médiatique du Directeur Général de l’ANAC, lui-même Ministre de la sécurité il y a quelques mois.
Il a rejoint son collègue dans la protection de l’image de l’aéroport en déclarant sèchement que le braquage ne visait pas l’aéroport mais le parking. Ce qui ressemble purement et simplement à une plaisanterie de mauvais goût infligée à l’opinion.
Un aéroport, c’est la porte d’entrée et la porte de sortie. Le parking ne sert pas seulement à garder les véhicules et à prendre à leurs propriétaires des pièces d’argent. Le parking est aussi important que la piste, le tarmac, les terminaux et les halls.
Dissocier le parking de l’aéroport serait faire preuve, ou de mauvaise foi, ou d’ignorance de son travail.
Ce qui revient à interpeller le ministre de la sécurité face à sa responsabilité dans le drame qui a causé la mort de l’agent, et sur la négligence dans la sécurité qui a permis à des voleurs d’opérer avec autant de zèle.
Ensuite, le colonel Gnamma LATTA, Directeur général de l’ANAC a une lourde responsabilité dans la gestion de la sécurité. Il partage cette responsabilité avec le Directeur Général de la Société Aéroportuaire de Lomé, la SALT.
Dans un pays normal, ces personnes en charge qui viennent de faillir à leurs obligations devraient êtres mises en examen pour répondre du niveau de responsabilité de chacun.
Mais comme au Togo, les responsables de ces structures sont nommés à vie, il leur est tout autorisé, de vivre en toute impunité.
Autopsie d’un braquage et les pistes d’enquête
Une enquête judiciaire et policière sérieuse devrait déjà interpeller des personnes suspectes dans ce drame qui affecte la Nation togolaise.
Dans les opérations de transport de gros sous par des commerçants, il existe des complicités et des coups bas. Puisque les sommes qui viennent de faire l’objet de braquage n’appartiennent pas à une seule personne. Ce sont des sous de plusieurs grands commerçants qui le remettent à un groupe de personnes pour les acheminer à des fournisseurs étrangers pour acheter des marchandises. D’après nos informations, cet argent aurait été déclaré aux services compétents du ministère des finances. Ce qui ouvre l’éventail des pistes. Les complices et les commanditaires peuvent appartenir aux groupes de commerçants qui ont fait convoyer l’argent à leurs collègues. Ils peuvent avoir des complices également aux différents départements de déclarations de devises. Si donc à ce niveau, il y a des fonctionnaires sulfureux experts à la vénalité extrême, ils sont les informateurs des opérateurs.
La troisième piste se situe au niveau du camp de grands bandits. Des voleurs assermentés qui sont des professionnels dans le braquage.
Une analyse balistique permet de situer la provenance des armes utilisées, de ces kalachnikovs qui sont des armes souvent utilisés par les braqueurs par leur capacité de rapidité et leur efficacité dans l’adresse à atteindre leurs cibles. Là également, il est possible de remonter à la source de fabrication et de suivre la traçabilité.
Bref, c’est un peu le travail de nos officiers de police ou de gendarmerie, encore plus nos Colonels de l’armée, qui viennent de surprendre avec une piètre sortie sur ce braquage à ciel ouvert. Ils sont présentés comme des soldats qui appellent au secours les civils démunis après que la forfaiture ait été commise. Alors qu’ils sont payés par ce contribuable pour assurer sa sécurité. Scandaleux n’est-ce pas ?
Oh Marie Conçue sans péchés, Priez pour Nous qui avons recours à Vous !!!
Carlos KETOHOU