BELGIQUE: le « tueur de la crèche » condamné à la perpétuité
Un Belge âgé de 24 ans surnommé le « tueur de la crèche » a été condamné vendredi à la réclusion à perpétuité pour quatre assassinats, dont ceux de deux bébés, le jury de la cour d’assises de Gand (ouest) ayant écarté la thèse de la maladie mentale défendue par son avocat.
Les douze jurés populaires et les trois magistrats ont suivi la demande du procureur, qui avait réclamé la peine « la plus sévère » prévue par le code pénal belge, ne trouvant « aucune circonstance atténuante » à Kim De Gelder.
Son avocat, Jaak Haentjens, qui avait plaidé en vain depuis quatre ans pour que son client soit considéré comme « irresponsable » et donc interné pour le restant de sa vie dans un établissement psychiatrique, n’avait pas sollicité la clémence de la cour juste avant qu’elle se retire pour décider de la peine.
« En âme et conscience, j’ai estimé jeudi que Kim De Gelder ne peut plus revenir dans la société. Je continue à le croire. Vous ne devez pas attendre de ma part que j’invoque une circonstance atténuante », a-t-il dit vendredi.
Kim De Gelder a alors présenté pour la première fois des excuses. « Si c’est la dernière fois que je peux m’exprimer, je voudrais dire que je présente mes excuses pour ce que j’ai fait aux victimes et à la société », a-t-il déclaré d’une voix hésitante. « Même si vous ne me croyez pas, je regrette », a-t-il ajouté.
Kim De Gelder avait été reconnu coupable en milieu d’après-midi de l’assassinat de deux bébés et d’une puéricultrice, poignardés dans une crèche de Termonde (nord) en janvier 2009, d’une vingtaine de tentatives d’assassinats sur les autres personnes présentes sur les lieux ce jour-là et de l’assassinat, une semaine plus tôt, d’une femme de 72 ans.
Quatre ans après le drame, les 12 jurés ont tranché la question cruciale de ce dossier hors norme, celui de l’état mental de l’accusé.
« Le jury a répondu +oui+ aux 54 questions » portant sur la culpabilité du jeune homme, a précisé le président de la cour d’assises. A une ultime question, « l’accusé se trouve-t-il actuellement dans un état de démence ou de trouble mental », les jurés ont répondu « non ».
Au cours des quatre semaines de procès, sans doute le plus suivi en Belgique depuis celui du violeur et tueur d’enfants Marc Dutroux en 2004, deux thèses radicalement opposées se sont affrontées.
D’un côté, cinq experts-psychiatres, le procureur et les nombreuses parties civiles, souvent très éprouvées lors des audiences, ont martelé que Kim De Gelder, qui avait minutieusement préparé son raid meurtrier, était un dangereux « psychopathe » mais qu’il était conscient de ses actes. Pour eux, ils devait donc être condamné à une lourde peine de prison.
A l’inverse, son avocat commis d’office, se fondant sur une contre-expertise psychiatrique, a plaidé la « maladie mentale » de son client, sa « schizophrénie » étant selon lui la seule explication aux actes commis par ce jeune homme devenu asocial à l’âge de 15 ans et dont les parents avaient en vain réclamé l’internement.
« C’est un homme malade. On ne place pas ceux-ci en prison. Il faut le déclarer irresponsable de ses actes. Il faut l’extraire de la société » pour toujours, avait tonné l’avocat, réclamant son internement dans un établissement psychiatrique pour une durée indéterminée.
Kim De Gelder, souvent déroutant tout au long du procès, s’est frontalement opposé à la thèse de son propre avocat, expliquant qu’il avait « joué » la folie et réclamant d’être reconnu responsable de ses actes.
Plusieurs victimes présentes au procès ont exprimé leur soulagement après la reconnaissance de la culpabilité de Kim De Gelder. « Le bon sens l’a emporté », a estimé l’un de leurs avocats les plus en vue, Jef Vermassen.