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C’est sans doute l’information qui a fait l’actualité en fin de semaine dernière en Côte d’Ivoire, le ministre de la Défense Hamed Bakayoko, Premier Ministre par intérim, est mis en cause par le journal d’investigation québécois Vice dans une investigation sur le réseau de trafic de trop en Côte d’Ivoire. Dans un article publié le 05 juin signé par deux journalistes de cet organe, le ministre ivoirien est cité dans ce trafic illicite. Abondamment relayé sur les réseaux sociaux, le Ministre a finalement réagi sur sa page Facebook ce lundi pour apporter un démenti à cette information et dans le même temps signifié son intention de porter plainte contre les auteurs de cet article. Dans un contexte préélectoral qui laisse place à tous les calculs politiciens, cette affaire est un événement majeur à quelques mois de la présidentielle.
« Je n’ai pas pour habitude de réagir à des allégations portées contre moi sur les réseaux sociaux. Mais je me vois contraint de le faire aujourd’hui, suite à une publication sur une prétendue enquête de deux journalistes, Messieurs Ibekwe Nicholas et Daan Bauwens. Ces allégations vont à l’encontre de mes principes de vie et sont de nature à jeter le discrédit sur mon pays, en raison des fonctions que j’exerce » C’est en ces termes que le ministre de la défense de l’Etat ivoirien Hamed Bakayoko a réagi sur sa page Facebook suite à la publication d’un article du journal d’investigation québécois réputé pour les enquêtes sur le trafic de drogue.
Les journalistes Ibekwe Nicholas et Daan Bauwens, tous deux des journalistes d’investigation de renom, ont cité dans leur article le Premier Ministre intérimaire qui selon leurs enquêtes serait le cerveau du trafic de cocaïne qui est souvent en transit à travers le port d’Abidjan. Ils font état de plusieurs témoignages incriminant le ministre Bakayoko et disent avoir détenu des preuves en cas de plainte les visant devant un tribunal indépendant. Rejetant en bloc toutes ces accusations, le Premier Ministre intérimaire a pris la décision de porter plainte contre ces journalistes.
« Au regard de ces insinuations extrêmement graves et diffamatoires, j’ai décidé de porter plainte contre Messieurs Ibekwe Nicholas, Daan Bauwens et les relais » a-t-il annoncé sur sa page Facebook. Avant de poursuivre « Je dénonce cette orchestration grossière ourdie par des commanditaires dont le dessein n’échappe à personne. Cette énième cabale n’entamera pas notre détermination au service de la nation. En Côte d’Ivoire, dans mon pays, ma réputation est faite, elle est pure et sans tâche, n’en déplaise aux aigris et aux conspirateurs » faisant ainsi allusion à ses détracteurs. En effet, la situation politique dans la Côte d’Ivoire à cinq mois de la présidentielle est délicate. Le premier ministre par intérim de la Côte d’Ivoire n’est pas totalement mis hors-jeu de l’élection présidentielle de cette année. Dans la mesure où Gon Coulibaly ne pourrait pas être candidat du RHDP, il serait en bon pôle pour porter les flambeaux de son parti à cette élection.
D’autres grands figures de son parti ont également les mêmes ambitions et qui projetteraient même le remplacer dans son rôle. En réalité ce n’est pas nouveaux, les conflits de leadership font partie du quotidien des partis politiques en Afrique et surtout en Côte d’Ivoire. Dans cette situation tous les coups sont permis, les affaires montées de toutes pièces sont légion pour ternir l’image de ses compagnons de même parti afin de reprendre sa position. Aussi faut-il le rappeler, Hamed Bakayoko est un poids lourd dans l’électorat du RHDP et donc son inculpation dans une telle affaire pourrait certainement jouer en défaveur de son parti dans les urnes. L’hypothèse d’un coup venant de ses adversaires politiques n’est donc pas exclue.
Sans pour autant incriminer qui que ce soit, le déclenchement cette affaire dans ce moment précis, laisse planer des doutes et amène à poser plusieurs interrogations et à avancer plusieurs hypothèses connaissant la complexité de la politique ivoirienne. De toute façon cette affaire promet. Et le souhait des uns et des autres, est qu’elle aille jusqu’au bout afin que la vérité puisse éclater.
Amos DAYISSO
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