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La situation de l’agriculture au Togo n’est pas enviable. Tous les systèmes de promotion de ce secteur sont décapités, les fonds qui devraient servir à financer des filières charnières comme le coton sont détournés et dilapidés. Les décisions de gestions des ressources humaines, techniques et matérielles se prennent dans l’improvisation et en fonction des intérêts. Gestion et gouvernance de ce ministère, l’un des plus importants du gouvernement sont chaotiques. Si ce n’est de la trahison, c’est de l’ingratitude d’un ministre à qui l’autorité suprême a fait confiance en lui confiant cette responsabilité. A cette allure, la gestion de la chose publique relève au Togo d’un jeu d’enfants et les acteurs deviennent des businessmen qui en font des vaches à lait. Nous l’allons démontré.
2 milliards de FCFA sollicités et décaissés le même jour sans aucune forme de traçabilité dans les livres ni du trésor, ni du ministère de l’économie et des finances, ni du système de contrôle des passations des marchés est un scandale. Alors que le ministre Koutera Bataka se plie aux injonctions des autorités à expliquer cette procédure spéciale de décaissement, une floraison d’articles publicitaires inonde les réseaux sociaux pour le présenter comme un homme soucieux de l’agriculture togolaise.
La démarche à l’Indépendant express lors des investigations a subi une pédagogie régulière. Échanges de courriers avec le ministre, étude et décryptage des documents d’évaluation du ministères, échanges téléphoniques avec le ministres, discussions avec le sieur Nafame, Directeur général de la Nouvelle société cotonnière du Togo, descente sur le terrain, investigations dans les milieux du ministère de l’économie et des finances, etc.
Cette démarche nous amène à la conclusion que les milliards brassés par le ministre et ses complices au ministère de l’agriculture sont indus.
Au ministère de l’agriculture, demander le bilan saisonnier de la période 2019-2020 revient à faire le bilan des interventions de 2010 à 2020.
Visiblement, d’après nos enquêtes, monsieur le Ministre confond son passage à la tête du plus grand département du gouvernement Klassou (après celui des forces de défenses et de sécurité) de janvier 2019 à ce jour.
A son arrivée, il s’est adonné à un exercice rare de la décennie 2010 à 2020, à savoir : décomposer tous les dispositifs mis en place par ses prédécesseurs depuis lors. C’est ainsi que la direction sensée produire les prévisions tant de la campagne agricole que du bilan agricole, la détermination des produits intérieurs bruts (PIB) agricole et national a été l’un des premiers à subir son courroux.
C’est ainsi que non content de laisser les agents enquêteurs à leurs sorts sur le terrain, il a décapité toute la direction en affectant les responsables techniques de cette direction stratégique. Le Directeur sera poussé sur le projet des agropoles et remplacé à pied levé par un Ingénieur à la spécialité mécanique, un « tractorant », nous a-t-on dit.
Les autres responsables techniques poumon de la direction seront éparpillés qui, à la direction de la planification, qui à l’ICAT et d’autres carrément dans en régions loin des compétences dont ils disposent pour la plupart depuis près de 20 ans.
Conclusion de cette disposition, la direction des statistiques n’est pas en mesure de faire l’évaluation cohérente de la campagne agricole 2019-2020 et les prévisions de la campagne ouverte depuis février 2020. Difficile donc pour le Togo de déterminer du PIB tant agricole que national car ils ont subi le sort des extrapolations.
C’est dans ce décor que la croissance agricole, si elle a été régulièrement déterminée sur la période de 2010 à 2018 passant de 3.95% à 5.63% fera l’objet d’une simple prévision, pour un secteur constituant tout un axe de développement dans le fameux PND soit 6.05% ; de l’amateurisme pur.
Il s’en suit que les parts du secteur agricole dans le produit intérieur brut national ne pourra être connu avec exactitude en 2019 de même que l’incidence agricole sur la balance commerciale, le niveau de pauvreté en milieu rural et le bilan alimentaire du Togolais sur la période requise.
Les producteurs présents au forum national du paysan en janvier de cette année à Kara ont été servis de discours creux et vaseux orientés sur les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, un vrai verbiage en lieu et place des informations sur les superficies emblavées, les difficultés d’écoulements des produits agricoles, la pluviométrie et les dispositions pour la campagne agricole 2020.
Conclusion, pour sa 12ème édition, le forum sera clôturé sans que la campagne ne soit lancée. En lieu et place, il sera fabriqué des engagements au nom du Chef de l’Etat. Pas surprenant l’absence de Faure Gnassingbé à ce rendez-vous annuel du monde paysan.
En termes de résultats du secteur agricole, à travers les principales cultures, la copier-coller des résultats de mise en œuvre des projets du PNIASA fera l’affaire, au point de se demander, où sont les mille emplois générés ou à créer ?
Concrètement, en 2019, quelle zone agricole dans ce petit Togo mis à part celles qui existaient a été mise en valeur?
Le projet-phare, le projet agropole de Kara bat de l’aile, ce projet qui a subi des interventions intempestives du Ministre au nom de son profit, sera aux dernières nouvelles, le projet mis en œuvre sans le Spécialiste en gestion financière qui a quitté le navire depuis quelques temps.
Le tout repose sur les résultats des prédécesseurs, quoi de plus normal mais alors pourquoi disperser les équipes mises pour parvenir à ses résultats ?
Tout le résultat de la campagne se résume au fameux concept des camps du futur nés subitement en pleine campagne agricole et qui a accouché d’une souris. Sa mise en œuvre à la va-vite, avec f les ingrédients nécessaires fournis par le ministre pour fouler aux pieds les procédures tant dans les acquisitions que dans la commande des matériels agricoles a sacrifié le secteur de l’agriculture. Nous avons posé la question au ministre qui a préféré nous envoyer une pile de graphiques que nous avons heureusement décryptée.
Les résultats sont donc catastrophiques.
Rien d’étonnant quand on sait que la personne responsable des marchés publics a été la première personne débarquée une fois les valises déposées au ministère.
Il est triste aujourd’hui pour un pays essentiellement agricole, employant plus de 65 pourcent de la population active pour un Ministre en fin de mission de dire que les réalisations se résument entre autres à l’inauguration d’un port de pêche en lieux et places des tonnages de productions agricoles, des entreprises agricoles crées et des usines de transformations implantées et de la réhabilitation de quelques forages au nord du pays. C’est une insulte à l’autorité de l’Etat.
Le développement du pays passe en priorité par le développement du secteur et sa capacité à mettre en place des unités de transformations.
Ceci peut se faire avec une jeunesse dynamique et volontariste mais pas une jeunesse revancharde, pas une jeunesse de règlements de comptes en quête des comptes bien garnis.
Une jeunesse qui est pressée d’amasser des fortunes sur le dos du contribuable en toute impunité.
Le ministère de l’agriculture, c’est aussi le domaine des transhumances. Un véritable capharnaüm que Koutera Bataka gère au pifomètre. Nous nous sommes également intéressés à ce secteur qui permettra à nos lecteurs de comprendre comment l’Etat est bradé par des individus sans foi ni loi.
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Carlos KETOHOU