Violences sur les enfants, le drame qui affecte et qui tue…
Des enfants qui traînent dans la rue et qui deviennent des mendiants, des mineurs soumis à des violences de toute sorte, des enfants battus jusqu’au sang, on en rencontre malheureusement tous les jours, aussi bien au Togo que dans les autres pays sous-développés. Chaque jour, dans le monde, un nombre important d’enfants est victime de violences qui entraînent des problèmes physiques et psychologiques qui refont surface à l’adolescence et à l’âge adulte. Or, tout enfant a droit à la vie. Ce qu’ignorent ceux qui ont l’habitude de les maltraiter. Qu’appelle-t-on violence envers les enfants ? Sous quelles formes se présentent cette violence et qu’en est-il de l’ampleur de ce problème au Togo ? Dossier…
Ce que c’est que la violence envers les enfants
D’après les organisations de défense des droits des enfants, il est difficile aujourd’hui de donner une définition exacte de l’enfance maltraitée et négligée. Car, ce qui est perçu comme de l’abus par certains est considéré comme normal et acceptable par d’autres.
La plupart des acteurs de la protection de l’enfance s’entendent toutefois sur une définition commune de la « violence exercée envers les enfants ».Il s’agit : de mauvais traitements infligés à un enfant ou de la négligence des besoins liés au développement de ce dernier par un parent, un tuteur ou une autre personne qui a à sa charge un enfant. Les formes de violences et de négligence envers les enfants existent sous diverses formes.
La violence physique : Elle désigne le fait de frapper ou de battre un enfant, notamment de l’intoxiquer, le brûler, lui infliger des coups, lui donner des coups de pied, le mordre, le secouer, le jeter à terre, l’étrangler, ou exercer toute force ou forme de contrainte contre lui. On invoque souvent la discipline pour justifier la violence physique. Les recherches dans le domaine, indiquent cependant que la violence physique n’est pas une influence favorable sur le comportement de l’enfant. De plus, l’emploi de la force physique comme méthode de discipline peut dégénérer en coups beaucoup plus violents selon des experts.
La violence sexuelle : Elle s’identifie à une situation dans laquelle un adulte se sert d’un mineur pour se satisfaire sexuellement. L’enfant est exposé à un contact, à une activité ou à un comportement à caractère sexuel sous forme, par exemple, d’invitation à des attouchements, de rapports sexuels ou d’autres formes d’exploitation telles la pornographie ou la prostitution infantile. Il arrive que la violence sexuelle s’exerce entre les enfants eux-mêmes. La différence d’âge et de pouvoir, entre la victime et l’agresseur, est le facteur déterminant lorsqu’on tente d’établir s’il y a agression sexuelle, selon des spécialistes du droit de l’enfant à l’échelle planétaire.
La négligence : Elle peut se définir comme un manquement au devoir de satisfaire aux besoins physiques et psychologiques fondamentaux de l’enfant. On pourrait cependant citer comme exemples de négligence le fait de ne pas nourrir, vêtir ou loger convenablement un enfant ; d’ignorer systématiquement ses besoins et ses problèmes, ou de ne pas lui offrir une surveillance adaptée à son niveau de développement. La négligence peut aussi avoir, sur les enfants, plus d’effets dévastateurs que d’autres formes de mauvais traitements parce qu’elle n’est pas détectée dans bien des cas et qu’elle fait partie du mode d’éducation de certains enfants aux quatre coins de la planète.
La violence psychologique : Elle s’explique généralement par des actions ou omissions qui, selon les normes en vigueur dans une collectivité, pourraient avoir des effets néfastes. Comme la négligence, la violence psychologique est difficile à définir et détecter. Il ne s’agit pas d’un phénomène isolé, mais d’une forme de violence répétée et soutenue. Le rejet, l’humiliation, l’intimidation, l’isolement, la corruption, l’exploitation et le retrait de l’affectation sont assimilés à des formes de violence psychologique aux dires des défenseurs de la cause des enfants.
La violence familiale : Ce cas survient quand l’enfant, directement ou indirectement, est témoin de la violence en milieu familial. Il peut être physiquement présent et observer la violence, ou se trouver dans une autre pièce d’où il peut entendre les échanges violents. Ou encore, il peut, sans avoir observé ou entendu quoi que ce soit, constater les traces laissées par la violence, comme les meubles endommagés ou les contusions présentées par victime. La majorité des enfants qui sont témoins de violence familiale assistent à l’agression commise contre l’un de leurs parents, le plus souvent, leur mère. Il arrive aussi que la victime soit un frère ou une sœur, ou un autre membre de la famille.
La violence par les médias et les images : Le monde fait face de nos jours à l’omniprésence de l’audiovisuel qui produit des bouleversements majeurs qui jalonnent l’histoire de l’humanité. En quelques décennies, un flux sans cesse croissant d’images et de sons a envahi la vie quotidienne des ménages. Tour à tour accusés et encensés, le nouveaux moyens de communication, de plus en plus prégnant, bouleversent les comportements et les systèmes de référence des nouvelles générations et surtout des enfants. Malgré les dispositions prises par les défenseurs des droits de ces derniers, le suivi nécessaire reste en partie inadapté et cela menace sans cesse la vie de milliers de mineurs. Une disposition du Code pénale français stipule dans ce sens que « fabriquer, transporter, diffuser un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter atteinte à la dignité humaine susceptible d’être perçu par un mineur est une infraction ».
L’ampleur du problème au Togo
Il est difficile de connaître l’ampleur des violences faites aux enfants au Togo. Beaucoup d’analystes et de professionnelles du droit locale de l’enfance s’accordent à dire que les cas déclarés demeurent généralement en deçà de la réalité et beaucoup de cas portés au niveau de la justice sont généralement étouffés. Par ailleurs, la violence envers les gamins est un phénomène qui touche tous les types de famille et toutes les couches de la population, sans distinction de religion, d’appartenance ethnique, de catégorie sociale ou de sexe au Togo. Toutefois, ceux d’entre eux qui vivent dans un milieu défavorisé sur le plan économique sont beaucoup plus vulnérables que les plus privilégiés. La pauvreté et le chômage créent ainsi un stress excessif pour les familles et un climat qui incite à la violence et à la négligence.
Il y a des conditions qui, tout en favorisant des situations de violence, font des enfants des proies faciles pour leurs agresseurs. Ces facteurs sont entre autres le manque d’information des enfants ou encore leur dépendance vis-à-vis des adultes.
Les enfants sont peu ou mal informés au sujet des agressions ou encore moins sur leurs droits. Les adultes sont souvent mal à l’aise avec le sujet car eux-mêmes ne le maîtrisent pas et pour ceux d’entre eux qui en savent quelque chose, c’est un sujet tabou. Pourtant, une information bien encadrée fournit aux intéressés les outils pour reconnaître les situations dangereuses afin d’y résister. Il est naturel que les enfants dépendent des adultes pour être nourris, éduqués et pour apprendre à vivre en société. Toutefois, certains adultes profitent de la confiance des enfants et de leur condition de dépendance pour les violenter.
Les conséquences des violences faites aux enfants
D’aucuns ont tendance à considérer que la violence envers les enfants est moins grave lorsque ses effets semblent temporaires et disparaissent au cours du développement de ce dernier. Mais, qu’il s’agisse de la violence verbale, psychologique, physique ou d’agressions sexuelles, ces abus de pouvoir peuvent laisser des séquelles qui nuiront au développement et au bien-être de la victime. Les séquelles laissées par la violence varient d’un enfant à l’autre. Certains éprouveront des problèmes interpersonnels, des difficultés avec l’autorité, avec leur sexualité, des problèmes de toxicomanie, allant jusqu’au suicide. D’autres reproduiront les gestes qui les ont fait souffrir dans leur enfance. Toutes ces conséquences affectent directement la victime et son entourage. Les effets de la violence subie pendant l’enfance demeurent généralement irréversibles. La violence envers un enfant peut avoir des répercussions sur tous les aspects de sa vie. Outre les blessures physiques évidentes, les mauvais traitement entraînent une incidence durable sur la santé, sur leur développement ultérieur, des problèmes de poids, qui se présentent souvent sous forme de troubles alimentaires, du sommeil, des étourdissements à l’état d’éveil et d’autres symptômes liés au stress comme des problèmes gastro-intestinaux, des migraines, des problèmes respiratoires, de l’hypertension, des douleurs continues, des éruptions cutanées qui défient tout diagnosti ou traitement, bref un mauvais état de santé général.
L’une des conséquences les plus dévastatrices des violences exercées sur les enfants est sans doute leur incidence sur le rendement scolaire. Les analyses ont montré que les enfants maltraités ont un raisonnement intellectuel réduit et réussissent très mal dans leur étude. Or, un mauvais rendement scolaire peut avoir de graves conséquences à long terme : l’échec scolaire, la baisse de la productivité, la dépendance économique etc.
Il est compréhensible que les enfants maltraités réussissent mal à l’école. D’une part, ils doivent composer avec les difficultés évidentes associées à un milieu familial violent. D’autre part, les parents négligents et violents sont moins susceptibles d’offrir à l’enfant un milieu stimulant sur le plan intellectuel, de lui faire de la lecture, de superviser ses devoirs et de s’intéresser de façon générale à sa vie scolaire.
Sur le plan comportemental, la violence infligée aux enfants pour les empêcher d’avoir des relations satisfaisantes et adéquates avec autrui. Ils sont toujours perçus comme ayant un comportement socialement indésirable. Ces derniers ont souvent du mal à entretenir de saines relations avec les autres.
Enjeux et défis à relever
Un travail fondamental reste à faire que ce soit du côté des parents et des Etats en ce qui concerne la situation des enfants dans le monde. Car avant tout, il faut que la venue des enfants au monde soit d’abord préparée par les parents. Ce qui ne se fait pas le plus clair du temps. La responsabilité de l’État n’entrera en jeu que pour servir d’aide aux familles, aide que les organisations de défense de l’enfance viendront soutenir en cas de besoin.
Les adultes vivants dans l’entourage de l’enfant constituent un maillon essentiel de la prévention efficace de la violence. Il est très important que les parents, le personnel des milieux éducatifs et les professionnels du droit des mineurs soient aussi bien sensibilisés à ces différentes formes de violence pour mieux soutenir les enfants dans le processus de résolution des cas de violence. Une fois sensibilisés et bien informés, les adultes peuvent prendre la relève pour renforcer la stratégie de prévention. Les adultes qui se responsabilisent joueront donc un rôle déterminant pour reconnaître rapidement une situation d’abus pour pouvoir venir en aide à l’enfant qui en a besoin.
Au Togo, l’État a quelque peu pris ses responsabilités. Le Code de l’enfant a été lancé depuis 2010 et permet une meilleure protection de l’enfance. Même si beaucoup de choses restent encore à faire.
Rodolph TOMEGAH