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Vie chère : même le prix du sodabi a augmenté

Le chien aboie, la caravane passe. Ce dicton populaire illustre bien le comportement du gouvernement togolais face à la vie chère qui sévit dans le pays. Depuis 2007, le peuple togolais subit de pleins fouets une augmentation des prix des produits de première nécessité. Il se serrait les ceintures pour subir cette situation sociale. Comme si le calvaire infligé depuis lors ne suffisait pas, les consommateurs togolais du gaz butane ont été surpris par une augmentation inédite du prix du gaz butane il y a un peu plus d’un mois. Même la boisson locale n’est pas épargnée. Le prix du sodabi a aussi augmenté. Cela fait sourire mais chez les consommateurs, c’est la déception.

Les bonbonnes du gaz de 12 Kg et de 6 Kg ont connu une augmentation vertigineuse de 36 % passant  respectivement de 4055 F CFA et 1945 F à 5500 F et 2640 F CFA. Un mois après cette augmentation surprise, aucune démarche ne vient de la part du gouvernement pour expliquer à la population les tenants et les aboutissants d’une telle décision impopulaire. Dans la foulée, l’alcool qui est la boisson prisée de beaucoup de Togolais en villes comme en campagnes vient d’emboîter le pas aux autres produits. Le prix du litre passe désormais de 1000 à 1200 FCFA.

Les amateurs de l’alcool communément appelé « sodabi »devront dorénavant augmenter leur allocation. Depuis une semaine, cette boisson a vu son prix grimper de 200 F sur le litre. Le prix du petit verre, le toast qui coûtait 50F a grimpé à 100F.  Et comme toujours le gouvernement reste indifférent. Devant l’inertie du gouvernement, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) en synergie avec les organisations syndicales comme la FTBC (Fédération des travailleurs du bois et de la construction) et la FESYTRAT (Fédération des syndicats des transporteurs du Togo) qui s’insurgent contre lez silence  du gouvernement, ont  appelé à un boycott  surtout du gaz butane et à un sit-in mercredi dernier devant le ministère du commerce et de la promotion du secteur privé. Objectif, réclamer l’annulation de la décision d’augmentation du prix du gaz butane, produit utilisé par beaucoup de ménages. Le sit-in a eu lieu mais le gouvernement reste insensible au cri d’alarme de la population.  Pour preuve, la cherté des denrées de premières nécessités comme le riz, sucre, huile, poissons, pâtes alimentaires, savon, farine de blé, lait est un secret de polichinelle.

Beaucoup de Togolais vivent au ralenti comme des escargots. Un ou difficilement deux repas par jour.  Mais cela laisse indifférents les gouvernants qui n’ont trouvé mieux que de corser l’existence des citoyens. La goutte d’eau qui suscite la colère de la population ces dernières semaines est l’augmentation unilatérale du prix du gaz butane, ce qui suscite l’indignation de l’Association des consommateurs togolais et les syndicats précités.

Les faits

Il y a près de trois ans que les mois de Juin à Août connaissent toujours des fluctuations cycliques du prix des produits pétroliers.  Mais souvent l’opinion publique est avisée par le biais de la presse des décrets pris par le gouvernement ou par les arrêtés interministériels. Cette fois-ci, l’augmentation du prix du gaz butane a été faite subrepticement par le Comité de Suivi des Fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP). L’information sur cette augmentation a été donnée le 24 Août dernier par un Fax simulé que le coordonnateur de ce Comité, Francis ADJAKLY, a adressé aux directeurs généraux de Total et Sodigaz, les opérateurs qui commercialisent le gaz  butane  au Togo. Dans le message, le coordonnateur notifiait à ces sociétés l’augmentation du prix du gaz butane à compter du 25 Août. Il leur demandait ensuite d’en faire large diffusion auprès de leurs partenaires en attendant que l’arrêté interministériel leur parvienne. Ces opérateurs n’ont pas hésité un seul instant à mettre à exécution une telle décision du Coordonnateur qui est loin d’être un acte administratif.

La décision du Comité s’exécute depuis plus d’un mois maintenant  mais l’arrêté interministériel tarde à parvenir à ces opérateurs. Les consommateurs quant à eux avalent la pilule aussi amère soit-elle.

Mais la question que le Togolais lambda se pose aujourd’hui est de savoir si le comité est habilité à opérer à un tel changement. Est-ce de ses prérogatives? Un simple message a-t-il autant de force que les mots contenus aient un effet immédiat sur le vécu des Togolais ? Les sociétés de distribution obéissent-elles aux ordres du Comité ou au gouvernement ? Autant d’inquiétudes qui suscitent la colère des consommateurs. D’ailleurs le sieur Francis Adjakli est un agent du ministère du commerce et de la promotion du secteur privé. Tout porte à croire qu’il a l’onction du gouvernement avant de poser son acte sinon comment pourrait-il prendre un tel risque. Il serait déjà sanctionné au lendemain de son acte. « Qui ne dit rien, consent » dit un adage du terroir. Et c’est parce que le gouvernement approuve cette augmentation qu’il a gardé d’ailleurs jusqu’alors le silence et de surcroît l’augmentation fait belle affaire pour la plupart des caciques du pouvoir qui sont soit actionnaires ou propriétaires des stations Total qui commercialisent le gaz butane.

En définitive, les consommateurs ne seraient pas blâmés s’ils concluaient que cette augmentation est une complicité entre les sociétés de distribution du gaz butane, le Comité de Suivi et le gouvernement pour augmenter leurs peines. Pour certains observateurs, c’est une véritable maffia qui s’organise autour des produits pétroliers pour rendre la vie dure au peuple togolais.

Une sourde oreille aux condamnations

A l’issue de l’augmentation du prix du gaz butane, les condamnations ne sont pas faites attendre. C’est le  Collectif Sauvons le Togo (CST) qui a donné le ton à ces condamnations. A travers un communiqué rendu public le 31 Août, il déplore cette mesure qu’il qualifie d’« injustifiée » et appelle les populations à «rester vigilantes pour faire échec, aux manœuvres du pouvoir, qui tendent à maintenir le pays dans le dénuement et la pauvreté ». S’en est suivie la réaction  de l’Association togolaise des consommateurs(ATC) qui demande « expressément au gouvernement d’annuler cette décision». Dans un communiqué  de presse signé par le Secrétaire général Aladjou Agouta, l’ATC accuse le gouvernement et les sociétés de distribution  de n’avoir pas respecté les procédures d’augmentation et de ne pas porter l’information au niveau de la Commission nationale de la vie chère (CNVC) et du Conseil national du dialogue social (CNDS).

L’ATC dénonce les augmentations répétées du prix du gaz butane : dans l’espace de moins de deux mois, ce produit a connu deux augmentations, ce qui fait que la bouteille de 12 Kg est passé de 3859 F à 4055 puis à 5500 F aujourd’hui pendant que celle de 6 Kg est allée de 1852 F à 2640F en passant par 1945F. Jamais ce produit n’a connu une  si grande augmentation. L’ATC appelle les consommateurs  à rester mobilisés pour des actions futures en vue d’amener le gouvernement à revoir sa copie. Un appel pour boycott de ce produit est d’ailleurs lancé depuis le 11 Septembre 2012. D’autres organisations de la société ont aussi ouvertement condamné cette augmentation. Mais devant cette pluie de  condamnation, le ministère du commerce a finalement sorti un arrêté pour entériner l’augmentation trois semaines après le coup de force du sieur Francis Adjakli du Comité de Suivi des Fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP). Quel anachronisme ?

En définitive, le Togo devrait emboîter les pas de ses pairs comme le Bénin, le Burkina Faso et le Ghana l’ont fait en diminuant les  prix de produits pétroliers et autres produits de grande consommation afin d’endiguer le phénomène de la vie chère. Un gouvernement qui n’a pas le courage d’informer et de communiquer sur une augmentation à hauteur de 20 %  ou encore de 36% est tout simplement irresponsable. C’est face à cette irresponsabilité que l’ATC, la  FTBC et la FESYTRAT ont appelé  la population à un sit-in  de dénonciation. Vivement que le cœur des gouvernants se tourne vers la misère et les cris de détresse d’une population aux abois.


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