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Après un mois d’expérience sur la dispensation des cours en ligne dans les universités publiques du Togo, le Syndicat de l’Enseignement Supérieur du Togo réagit et fustige cette méthode qui est loin de remplir pleinement les attentes. Pour cela le SEST appelle à la cessation de ce cafouillage et exige l’annulation des cours qui sont dispensés en ligne et propose des solutions au ministre de tutelle.
A travers un courrier adressé au Ministre de l’enseignement supérieur, le Syndicat de l’Enseignement supérieur du Togo fustige ce qui se fait actuellement dans les universités de Lomé et Kara comme des cours en ligne à l’endroit des étudiants surtout de grade Licence. Les enseignants du supérieur membres de ce syndicat désapprouvent cette méthode qui ne ressemble en rien à de véritables cours en ligne.
Pour ce syndicat, cette formation dite en ligne se résume à des discussions sur les réseaux sociaux particulièrement via WhatsApp et Telegram. «L’expérience de l’utilisation des plateformes digitales comme outils d’animation pédagogique dans le cadre d’une formation universitaire à distance qui semblait prendre corps dans les UPT, se résume actuellement à des échanges sur WhatsApp et Telegram » souligne le SEST dans sa lettre.
Les enseignants jugent cette pratique inefficace qui ne peut donc permettre d’atteindre les objectifs définis pour les différentes unités d’enseignement.
Afin d’éviter les effets néfastes qui pourraient découler de cette situation, les enseignants demandent de considérer comme nul et sans effet tout ce qui a été déjà fait dans le cadre des cours en ligne. Pour arriver à cette conclusion, le SEST s’est basé sur plusieurs manquements relatifs à la poursuite des activités pédagogiques en ligne.
Dans un premier temps, le SEST relève un faible taux de participation (sur plus 50 à 80% des étudiants enregistrés auprès de la DAAS, seuls, 0,01 à 8% suivent effectivement les formations en ligne ou qui sont connectés à l’heure des cours).
Il souligne également que les échanges sont quasiment inexistants entre enseignants et étudiants lors de la dispensation des cours (les enseignants constatent que seuls 2 à 3% des étudiants participeraient aux échanges avec les professeurs).
Le SEST est revenu sur les handicaps que l’on a toujours soulignés depuis le lancement de cette formation en ligne en l’occurrence l’accessibilité des appareils numériques (téléphones portables et ordinateurs) pour tous les apprenants, le coût prohibitif de la connexion, sa lenteur, et aussi la sensibilisation sur le nouveau mécanisme n’a pas touché tous les acteurs.
Tous ces éléments excluent donc une grande majorité des étudiants. Aujourd’hui le constat est clair. Le mécanisme mis en plein ne permet pas aux étudiants de s’approprier le contenu des cours et encore moins aux enseignants de transmettre leurs connaissances dans les règles de l’art aux étudiants.
Dans ces conditions où les cours peinent à se faire, envisager des évaluations en ligne serait suicidaire.
Envisager des évaluations en présentiel serait également inadéquat et inapproprié. Pour le SEST, continuer sur cette voie consisterait à sacrifier l’enseignement supérieur.
C’est pour mettre fin à ce quiproquo et pour mieux gérer l’impact de la Covid-19 que les enseignants membres du SEST proposent : d’Envisager en urgence la réouverture des universités publiques du Togo dans le respect des mesures barrières à la covid-19. Reprendre les activités en cours à la survenance de la fermeture des UPT avec une programmation des examens du semestre Harmattan en petit groupe école après école, puis faculté après école.
Ils demandent également de reprogrammer les cours du semestre mousson en petits groupes rotatifs pouvant respecter les mesures de distanciation suivant un chronogramme bien défini afin de rattraper l’année.
Engager en urgence des compétences et moyens indispensables pour la mise en place à très courts termes d’un dispositif complet et adéquat de formation à distance qui viendra compléter et renforcer le dispositif de formation en présentiel.
Depuis le mois de mai, les autorités universitaires ont lancé des plateformes de mise en ligne des cours pour sauver l’année universitaire.
Ceci intervient suite à la fermeture des institutions universitaires et les établissements scolaires le 20 mars dernier en mesure de riposte contre la Covid-19.
Après quelques semaines de pratique, pour le Syndicat de l’Enseignement supérieur du Togo, cette méthode est un échec.
Il rejoint donc bon nombre des étudiants qui depuis le début décrie l’inefficacité de la mise en ligne des cours dans des conditions peu orthodoxes.
Y-a-t-il une chance que les propositions on ne peut plus claires du SEST soient entendues ? Le temps nous le dira.
Le SEST est un syndicat reconnu comme peu favorable à travers ses positions aux autorités universitaires. Cette étiquette peut sans doute influer sur la portée des propositions du SEST bien qu’elles soient justes et logiques.
Amos DAYISSO
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