Polémiques et malentendus. Ces deux concepts reviennent toujours dans toutes les phases de démarrage de travaux publics et communautaires. Mais les points de vue finissent par s’harmoniser si les deux parties se mettent dans la logique de la compréhension et de l’objectif de développement de la localité. Togblékopé, localité située à environ 15 kilomètres de Lomé sur la nationale N°1 sera dans un an un beau cadre, un beau village, éclairé sur une route de trois fois deux voies, décorée par un nouveau pont. Un projet qui sera rendu possible si et seulement si les habitants et les différents acteurs sur le site ne se dressent pas en obstacle. Un petit incident qui a failli perturber le démarrage des travaux a été clos depuis ce week-end. La démarche du Chef canton, la compréhension des responsables de SOGEA SATOM et l’esprit de compréhension des habitants du site ont permis de trouvé un accord. Le secrétaire Général du syndicat des opérateurs de gravier du Togo, Monsieur Dogbatsè John, nous l’a confié au téléphone hier : « l’incident est clos, je suis satisfait, nous allons sensibiliser les nôtres à accompagner le projet ».
Dans la plupart des projets de réalisation des infrastructures routières qui s’effectuent sur des espaces appartenant à l’Etat, les populations riveraines s’en sortent avec des grincements de dents. L’entreprise demande à l’Etat de prendre ses responsabilités avant le démarrage des travaux. S’en suivent des démolitions tous azimuts, des notifications de déguerpissement express et l’évacuation systématique des populations avec des gros engins.
Mais cela n’a pas été le cas sur le chantier qu’exécute actuellement l’entreprise SOGEA SATOM à Togblékopé. Le projet est une route de trois fois deux voies qui s’étendra sur une distance de 5,5 Km avec un nouveau pont qui viendra se greffer à un autre sur la route menant à Tsévié et avec un terre-plein éclairé qui séparera les deux ponts.
Le projet s’exécute donc du côté Ouest du pont existant, là où des opérateurs de graviers mènent leurs activités. Dans le but de ne point menacer ces activités, les responsables de l’entreprise SOGEA SATOM ont engagé des discussions avec eux en présence des autorités politiques, administratives et traditionnelles. Préfets, chefs canton et autres ont mené des discussions en vue de trouver la formule de délocalisation du site de traitement du gravier.
Le syndicat a naturellement exposé ses doléances à savoir, le remblayage du nouveau site situé de l’autre côté de la route en face de l’ancien site, l’achat de graviers pour les travaux, la compensation des hangars etc.
Ces doléances ont été prises en compte et satisfaites par SOGEA SATOM. Le remblayage avec près de 150 camions de gravats et la stabilisation du site ont déjà coûté près de 8 millions de FCFA à l’entreprise. Le gravier est actuellement en train d’être transporté de l’Ouest vers l’Est. Ce processus se poursuivait sereinement lorsque des personnes présentées aussi comme propriétaires de tas de graviers sont venues agresser les ouvriers. Un incident qui a obligé les responsables administratives à faire intervenir les forces de sécurité pour ramener le calme.
C’est donc dans cette situation de menace du projet de développement que le Chef canton de Togblékopé, Togbui Victor Kpodo Drah IV, a pris ses responsabilités en convoquant les manifestants qui ont reconnu les torts et sont revenus à la raison en présentant des excuses, en même temps que des doléances supplémentaires. Elles concernent entre autres l’achat d’un tuyau de refoulement pour les exploitants de gravier. Il était évalué à environ six millions. Les calculs précis avec marge en valeur supérieure favorable aux exploitants donnent un tuyau de 1500 mètres fourni par les entreprises de construction à environ 1,5 million de francs.
Les responsables de SOGEA SATOM ont encore accepté cette doléance en versant la somme de deux millions de francs CFA aux exploitants. Somme remise entre les mains de Monsieur Dogbatsè John, le 1er mars 2013 par le Chef canton en présence des commandants de brigade de Togblékopé et d’Adétikopé.
Lors de nos investigations, nous avons rencontré tous les acteurs et visité le site du chantier.
Le Chef canton de Togblékopé a regretté cet incident malheureux et a appelé à la responsabilité de l’Etat à préserver ses réserves et ses espaces pour éviter leur accaparement abusif par les populations : « la terre du chantier est le bassin d’un fleuve appelé Zio et depuis des générations, ce bassin n’appartient à personne, à aucun individu, c’est donc la propriété de l’Etat… les autorités de l’Etat doivent s’approcher des Chefs traditionnels pour découvrir les limites des espaces des propriétaires terriens et de l’Etat ; » nous-a-t-il confié avant de nous clarifier la démarche qui a permis de trouver l’accord entre les exploitants de gravier et la société SOGEA SATOM. « Je salue l’esprit de compréhension du patron de Satom dans cette affaire et le retour à la raison de mes administrés », a déclaré le chef avant d’appeler devant nous le Secrétaire général du Syndicat des exploitants de graviers du Togo qui a encore présenté ses excuses au Chef et regretté l’incident malheureux.
Pour lui, tout est réglé, l’incident est clos et les travaux devraient continuer normalement. Il nous a également rassuré au téléphone sur sa satisfaction et a promis de sensibiliser les siens à accompagner le projet qui relève plutôt de leur intérêt en tant que Togolais.
La crainte pour ces exploitants est la question de la vente de leur gravier. Sur ce plan, les responsables de SOGEA SATOM ont tenu à les rassurer, pourvu que leur laboratoire technique agrée la qualité de leur matériau, puisque, pour eux, il ne servira à rien d’aller acheter du gravier ailleurs alors que cela se trouve sur place, chez des partenaires potentiels. Cette crainte fait que certains exploitants sont réticents à faire évacuer ces graviers de la base d’exécutions de SATOM.
Une autre inquiétude qui aussi a déjà trouvé sa solution est la relocalisation des exploitants de gravier à l’Ouest après les travaux. Dans ce cas, le Chef Chantier principal, le Togolais Alex Ahonado, nous a confié qu’ils reviendront sur un site plus moderne et plus amélioré puisqu’ils ne démoliront pas les infrastructures, qu’ils installeront sur leur base pour les travaux avant de partir. Les hangars laisseront sans doute place aux installations plus modernes pour leurs travaux.
Alex Ahonado, l’ancien otage d’AQMI, nous a expliqué le plan d’exécution des travaux qui bénéficieront naturellement aux populations riveraines en matière de main d’œuvre et de renforcement des petites activités commerciales à court terme et à la modernisation du milieu à long terme.
Des répercussions positives font la fierté du Chef Canton Togbui Victor Drah IV qui est monté, pour la petite histoire, sur son âne pour le manifester après avoir réussi à concilier les points de vue et à faciliter le projet de développement de son village. Fin de la polémique et du malentendu, les travaux peuvent donc se poursuivre.
Présent depuis plus de 70 ans sur le continent africain, SOGEA SATOM est aujourd’hui un acteur incontournable du BTP en Afrique. La société française bénéficie d’un vaste réseau d’implantations enracinées localement en Afrique. Elle intervient dans 4 secteurs d’activité à savoir la route et le terrassement, l’hydraulique, le génie civil et le bâtiment.
Carlos KETOHOU