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TOGO : Sécurité maritime, le ministre et le préfet en dents de scie

La sécurité sur nos mers, les cotes togolaises notamment sont encore loin d’être une réalité. Les autorités togolaises, le Chef de l’Etat en tête,  ont multiplié des actions et des initiatives pour sécuriser les navires sur nos côtes, mais la réalité reste triste. Au-delà d’une infection des mers par des pirates, se trouve un vrai problème de cohésion au sein de l’administration maritime. Trop de conflits, trop de tendances à la vengeance, trop de combines rendent impossible une unité d’action contre les pirates. Résultat,  la piraterie a le vent en poupe, en témoigne l’attaque d’un navire hier lundi très tôt le matin par des pirates. On déplore blessés et otages. C’est la rançon de la mésentente entre le Préfet maritime et le conseiller ministre chargé de la question.

 

Des pirates ont attaqué hier à l’aube autour de 3h  un navire battant pavillon grec dans les eaux togolaises. Le bilan à la suite de l’attaque pirate sur le pétrolier Elka Aristotle fait état d’un blessé et de quatre membres de l’équipage enlevés par des pirates.

Les otages l’équipage comprennent deux philippins, un grec et un géorgien. Dans un communiqué de la  marine togolaise, le pétrolier Elka Aristotle a été attaqué à environ 18 kilomètres du port de Lomé par des individus armés.

La rédaction de l’Indépendant Express alerté au moment de l’attaque a tenté de joindre les premiers responsables chargés de la sécurité maritime. Leurs téléphones ne répondaient pas. Le Ministre conseiller à la mer le sieur Stanislas Baba Bamouni était injoignable, le Préfet maritime aussi, le Colonel Nèyo Takougnadi. Il semble qu’au-delà des divergences sur le leadership, les deux responsables s’entendent le mieux sur les missions. Et souvent, ils y vont ensemble laissant les prises de décision dans le vide. Ils devraient être ensemble tous les deux en France, d’après nos informations.

D’autres personnes que nous avons réussi difficilement  à avoir  sur place nous ont fait part de la difficulté à gérer la crise d’attaque des pirates, parce qu’aucun responsable n’était là pour orienter l’opération à mener pour venir à bout des pirates.

Cela reflète le manque de sérieux et d’organisation de ce secteur stratégique dans lequel l’Etat togolais s’est mobilisé avec des milliards pour organiser un sommet et vanter une économie bleue à sa hauteur, celle de l’excellence, mais qui dandine.

D’après les enquêtes, rien ne va dans le secteur de la mer. Les pirates opèrent parce que, les responsables s’entredéchirent et pour l’un ou l’autre et pour les deux, il y a beaucoup d’éléments encombrants qui puissent faciliter la mission.

Lorsque le Colonel Takougnadi Néyo, alors  chef d’état-major de la Marine, a été nommé préfet maritime en remplacement du  capitaine des vaisseaux, Adzoh Vinyo Kwassivi, jugé un peu trop sérieux, beaucoup de ceux qui connaissent le parcours sulfureux de cet officier des FAT ont souri.

Les uns, les plus ironiques ont lancé que Faure Gnassingbé a laissé le chat à côté du poisson, comme parce que tous les trafics illicites  qui s’opèrent en mer et en terre togolaise à un moment donné ont porté le nom du Colonel Takougnadi Nèyo.

Le nommer pour surveiller les pirates et les trafics en mer avait un double risque : Ou bien, maitrisant les réseaux maffieux auxquels il a appartenu, il pourrait faire conciliation pour éviter aux mers togolaises les trafics du genre. C’est le moindre risque. Le pire, qu’il récidive et officialise les soupçons de trafiquants qui lui collaient à la peau pour mener les opérations, cette fois-ci en toute tranquillité.

Dans tous les cas, la lutte contre les pirates a échoué au Togo malgré le rataplan des autorités sur la chose.

Dans notre dernière parution nous nous sommes interrogés sur l’avenir de la charte issue du sommet sur la sécurité maritime organisée au Togo il y a 3 ans. Les autorités togolaises, surtout celles compétentes sur la question n’ont levé le petit doigt.

Parce que naturellement le sommet sur la sécurité maritime a été un bluff. La charte n’a pas reçu l’adhésion des Etats,   donc n’a pas été signée par la plupart des pays, et l’organisation du système de la sécurité marine connaît de sérieux problèmes. C’est donc pourquoi, les attaques se multiplient sur les côtes togolaises parce que l’administration est défaillante et la mésentente règne, au plus haut niveau.

Au-delà des attaques des pirates, il existe également en pleine mer un sérieux trafic de carburant et qui sait si les ravisseurs et les pirates ne fonctionnent pas en complicité avec les chefs réseaux de la surveillance des bateaux.

Sur la question, les Latta opèrent assez tranquillement et sont souvent interpellés pour s’expliquer sur les différentes combines en haute mer. Les Latta donc, le père, ancien Ministre de la sécurité et Directeur général de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et le fils, Matthias, patron d’une société de gardiennage des navires.

 

Baba –Takougnadi, la Guéguerre historique

 

Le tandem Baba Stanislas et Nèyo Takougnadi aura du mal à faire avancer la sécurité maritime. C’est pourquoi, les deux hommes ne s’entendent que sur l’essentiel : les intérêts, liés aux missions et aux avantages. Le reste est sous-entendu.

Dans les années 2000, on se rappelle, au temps du Général Eyadéma, deux patronymes Baba ont dû fuir le Togo sous menace d’arrestation. D’abord, le commissaire Baba qui était Chef de la police judiciaire et le ministre Stanislas Baba de l’éducation. Les deux frères ont fui le Togo sous menace de mort au moment où le Colonel Takougnadi était le Directeur Général de la Police. Avec le Général Eyadéma, un officier de la trempe de Takougnadi, Directeur de la police était nanti d’une hyperpuissance à faire arrêter et emprisonner qui il voulait. Suffisait qu’il convainque le général de la menace que représentait le personnage pour le fauteuil de dictateur et le tour était joué.

C’est ce qu’ont connu les frères Baba qui ont longtemps vécu en exil avant de demander la grâce présidentielle sous Faure Gnassingbé.

Depuis lors, chacun d’eux devrait faire du zèle et resté soumis pour bénéficier de la confiance des caciques. C’est ainsi que Baba Stanislas s’est rompu à la tâche de la question de la mer pour obtenir la confiance du Président avec qui il a suivi le processus de la mise en place du haut conseil à la mer et l’organisation du sommet. Naturellement, il est nommé ministre conseiller à la mer. Le frère, commissaire de son état exercerait dans un cabinet d’avocats de la place.

Là où le bât blesse est donc la nomination du Colonel Takougnadi à la tête de la préfecture maritime.

Le Colonel Takougnadi d’après nos informations aurait joué un rôle dans la fuite des frères Baba, ceci dans une histoire de trafic de Drogue où un rapport du Général Zoumaro Gnofam avait fait des révélations fracassantes qui éclaboussait plusieurs officiers de l’armée, dont le Colonel Takougnadi, à l’époque DG de la Police nationale.

C’est l’histoire d’un bourreau qu’on met dans le même attelage que sa victime. Où bien le bourreau développe le sentiment de remords et de culpabilité vis-à-vis de la victime et est mal à l’aise, ou bien la victime nourrit un complexe de vengeance  étouffée vis-à-vis de son bourreau. Dans tous les cas, il regnera l’atmosphère de la méfiance, de la peur, ou encore de conflit qui serait un frein à la performance professionnelle.

C’est ce qui se passe donc dans le système maritime.

D’autres problèmes minent la préfecture maritime de la terre à la mer. Les fonctionnaires déployés qui s’ennuient à se ronger les ongles, parce que, sans sérieux travail à faire, ou la course à des combines avec les missions et les partenariats de la sécurité maritime.

Dans tous les cas, des incidents récurrents, non diffusés minent la sécurité maritime dans tous ses états. Mais la guéguerre entre les deux hauts responsables compromet la gestion de ces crises récurrentes et les conséquences découlent sur les interventions régulières des pirates, comme on en a connu hier.

Carlos KETOHOU

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