Les violences faites aux femmes en Afrique sont inquiétantes d’autant qu’elles représentent l’une des plus sérieuses menaces à la santé de la femme et à sa survie. En plus, des études ont prouvé qu’il y a un lien étroit entre les violences sur les femmes et le nombre de décès de femmes en couches. Malheureusement, le Togo n’est pas épargné par un tel phénomène. Et c’est justement dans la perspective de disposer de données sur la question qu’ONU Femme Togo a commandité une étude dont le résultat a été rendu public. Un résultat qui a montré que la femme est plus persécutée au nord qu’au sud.
Réalisé d’août à novembre 2012, l’étude a couvert l’ensemble des 17 districts sanitaires ou intervient ONU Femmes au Togo. Ont été touchées au total 520 femmes enceintes, 625 femmes ayant accouché au cours des douze derniers mois, 63 femmes ayant un enfant de moins d’un an ou n’ayant aucun enfant.
Des données issues de cette étude, il ressort que plusieurs types de violences persistent dans les districts couverts dont les violences physiques, les violences morales, et les violences économiques. Ces trois types sont les plus répandus.
Ainsi, en ce qui concerne les violences physiques que vivent les femmes enquêtées, elles sont majoritairement représentées par les gifles qui représentent 10% et le fait de frapper avec les mains qui représente également la même proportion. Quant au fait de frapper avec un objet, il ne représente que 2%.
Quant à la répartition physique de ces violences, les études ont montré que la violence physique est plus présente en milieu urbain qu’en milieu rural. La proportion est de 12% pour la gifle en milieu urbain contre 9% en milieu rural.
En prenant en compte les districts qui ont fait l’objet de cette étude, on remarque que la violence physique est plus présente dans les districts de Doufelgou (21% de femmes frappées avec les mains), de l’Oti (32% de femmes giflées, de Kpendjal (13% de femmes giflées, de Tandjouaré (12% de femmes giflées, de Tône (21% de femmes frappées avec les mains).
Pour sa part, l’étude sur les violences morales fait ressortir que près de 14% des femmes interrogées ont été victimes de restriction de contact avec leurs amis et 13% on vu leur partenaire fâché lorsqu’elles discutent avec un autre homme. Selon les régions, on remarque que la restriction de contact avec les amis est surtout subie par les femmes de la région des Savanes avec un taux de 31% et celles des plateaux avec 28%. Cette forme de violence est par contre moins subie par les femmes de la région Centrale.
L’étude sur les violences économiques a montré qu’elles ont plusieurs formes dont deux sont plus répandues. Il s’agit de la « privation de ressources financières » et « le refus à l’accès de ressources financières ».
Pour la première, environ 11% de femmes interrogés ont affirmé avoir été victimes. Et pour la seconde, le taux est largement moins élevé : 3%. Dans le district de Vo, 21,2% de femmes ont été privées de ressources financières. Cette proportion est de 25% dans le district de Blitta, 36% dans l’Oti et 34% dans le Tône. Dans le district de Doufelgou plus particulièrement, 29,2% de femmes ont été victimes du refus à l’accès aux ressources financières.
En dehors des types de violence précités, l’étude a aussi ressorti des violences sexuelles et institutionnalisées dont sont victimes les femmes. 12% de femmes ont été victimes de violences sexuelles au cours des 12 derniers mois, 4,8% en ont subi celle liée à la polygamie et 5,6% celle de tabous alimentaires.
Par ailleurs, l’étude a fait ressortir que les partenaires conjugaux sont les principaux auteurs des violences faites aux femmes.
Conséquences…
Ces formes de violence ne sont pas sans conséquences sur la santé reproductive des femmes et sur celle de leurs enfants. Ainsi 16% des femmes interrogées ont déclaré avoir eux des maux de bas ventre au cours des 12 derniers mois et 2,4% ont déclaré avoir eu de fausses couches. Quant aux décès de femmes liés à la violence, il ressort dans l’ensemble que 15% des femmes connaissent un cas de décès lié aux violences survenues au cours des 12 derniers mois. Les districts les plus touchés sont ceux de Dankpen, Doufelgou, Kéran, Kpendjal, Blitta, Tône et Tandjouaré où le pourcentage va au-delà de 15%. En conclusion, les décès des femmes suite aux violences sont alors plus récurrents dans les régions de la Kara et des Savanes.
Il ressort aussi de l’étude que plus l’âge d’entrée en union est précoce, plus la femme est exposée aux violences faites sur elle par son mari.
Outre le Togo, cette étude a aussi été réalisée dans d’autres pays comme la Guinée, Haïti, le Mali, le Niger, la République Démocratique du Congo, le Tchad.
C’est en juillet 2010 que l’Assemblée générale des Nations Unies a créé ONU Femmes, l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Ce faisant, les États Membres ont pris des dispositions historiques pour accélérer les objectifs de l’Organisation. La création d’ONU Femmes s’inscrit dans le cadre de l’agenda de la réforme de l’ONU qui vise à regrouper les ressources et les mandats pour en accentuer l’impact.
Rodolph TOMEGAH