Le décès en détention d’Etienne Yakanou, membre de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Les militants du Collectif Sauvons le Togo (CST) et de la Coalition Arc-en-ciel seront dans les rues de Lomé à compter de ce matin et ce, pour trois jours, afin de dénoncer ce qu’ils appellent « mort inutile de ce militant » et exiger la libération de tous ceux qui continuent de croupir dans les centres de détention ou à la gendarmerie dans l’affaire des incendies des marchés de Kara et de Lomé.
Les responsables du CST et de la Coalition estiment que la récréation est terminée et qu’il faille prendre le taureau par les cornes. En conséquence, ils convient la population togolaise à se lever pour dire non aux assassinats non élucidés, à la brimade au Togo, à l’impunité et aux violations massives des droits de l’homme. Pour ces responsables, c’est « regrettable que les auteurs des tueries sont connus mais ne soient pas inquiétés ». Il est temps que cette impunité cesse au Togo.
S’exprimant sur une radio de la place sur le décès de Yakanou, le Coordinateur du CST, Me Zeus Ajavon, a déclaré qu’« on ne peut accepter que des gens soient arrêtés pour ce qu’ils n’ont pas fait et qu’ils décèdent dans des conditions illégales à la gendarmerie et de surcroît que ces gens soient malades et qu’on ne soit pas en mesure de leur procurer le soin nécessaire pour qu’ils soient en vie ». « Lorsqu’on arrête quelqu’un, il faut que cette personne soit en vie pour que demain, elle soit jugée », a-t-il poursuivi. « Faire mourir des gens comme ils l’ont fait à la gendarmerie nous permet de dire que le gouvernement actuel a démérité. C’est pour cela que nous appelons les populations togolaises à crier leur ras-le-bol afin d’attirer l’attention de la communauté togolaise sur le cas du Togo, sur tout ce qui s’y passe pour que finalement on puisse faire en sorte que tout cela puisse cesser ».
Dr Kampatibe François de l’ADDI renchérit en disant que les Togolais ne sont pas des chiens. « Yakanou qui est mort dans des conditions que vous savez mérite que tous les Togolais épris de paix soient révoltés », dit-il.
Les femmes de ces deux regroupements qui ont manifesté leur colère samedi dernier à travers certaines rites comptent le réitérer durant les jours que vont durer les manifestations de rue. Elles invitent ainsi leurs collègues militantes d’être demi-nues, en pagne noir et rouge, lors de ces marches de trois jours.
A côté de ces manifestations de la classe politique pour exiger plus de dignité et de respect des droits de l’homme, ce sont les travailleurs de la fonction publique qui brandissent également leur menace. La Synergie des travailleurs du Togo (STT) appellent les siens à observer également deux jours de cessation d’activités afin de protester contre le refus du gouvernement d’ouvrir les vraies négociations devant conduire à passer au peigne fin les revendications des travailleurs formulées dans leur plate-forme. Devant les vieilles habitudes du gouvernement à dribbler les travailleurs dans leurs revendications, les responsables du STT comptent mobiliser la base en vue de le contraindre à ouvrir ces négociations qui sont au point mort depuis près de deux semaines que les commissions techniques ont rendu leurs rapports qui devraient donner le ton à l’ouverture de ces pourparlers.
Devant tous ces mouvements, le gouvernement devrait faire preuve de lucidité en conviant les acteurs politiques et sociaux à la table pour des discussions sincères au lieu de se verser dans le jeu du faux fuyant qui ne serait que préjudiciable pour le pays.
Jean-Baptiste ATTISSO