L’architecte Togolais, Bernard Walla, Président de l’équipe de football ASKO et son frère, homme d’affaires Réné Bodombossou sont engagés dans une procédure judiciaire depuis plus de trois ans déjà. Ils se disputent un héritage qui curieusement n’appartient à aucun d’entre eux. Les biens immobiliers sis à la cité OUA de l’ancien président centrafricain, mort en exil, Ange Félix Patassé. Les deux hommes qui ont mené des affaires bras dessus bras dessous aux côtés du Président, lorsque celui-ci était Chef d’Etat centrafricain, se livrent une bataille judiciaire. A qui profitera la justice dans cette affaire ? Sans doute aux vrais héritiers, fils de Patassé qui semblent protégés par l’un des protagonistes. Réné Bodombossou attend avoir naturellement sa part du gâteau. Impossible selon Bernard Walla qui présente une facture salée de prestations à Feu Patassé. Ce qui complique la situation.
Le 29 mars 2000, se signait a Bangui en République centrafricaine un protocole d’accord entre une société dénommée Kruger Brent, société écran de l’ancien président Patassé », le cabinet d’architecture IFFA de Bernard Edjaïdè Walla et le sieur Bodombossou beau frère et conseiller spécial de Ange Félix Patassé, mandaté pour représenter la délégation de Centrafrique. Le protocole portait sur la construction de trois villas dans la cité OUA 2000 à Lomé pour le Président et ses deux associés. Les villas devraient s’étaler sur 10 lots dans la cité OUA, le lot étant bradé à l’époque par le gouvernement togolais à 5 millions de FCFA. Le montant des travaux était évalué à 240 millions ajouté aux 50 millions de frais d’achat du terrain.
En 2003, lorsque le président centrafricain a été contraint à l’exil par un coup d’Etat, il avait maintenant le temps de s’occuper de ses affaires. C’est ainsi qu’il convoque l’architecte Walla pour faire avec lui le point de l’évolution du projet. Justement, comme on devait s’attendre, les travaux n’ont pas évolué, le sieur Walla évoquant un projet d’hôtel en Centrafrique dans lequel il avait engagé beaucoup d’argent. Le président a dû compléter la somme pour obtenir sa villa construite.
Le projet d’hôtel dont a parlé le président Patassé dans sa lettre adressée au juge d’instruction pour compléter le dossier souffre de deux versions contradictoires. Patassé affirme n’être mêlé à ce projet d’hôtel évalué à plus de 6 milliards et estime que c’est un business de Walla et son frère Réné Bodombossou, le sieur Walla soutenant que le marché de l’hôtel en question lui a été attribué en conseil des ministres. Ce qui fait dire au Président qu’il ne connaissait point Walla et que c’est son conseiller et beau frère qui l’a imposé in express. Bref, c’est dans la foulée des incompréhensions sur l’affaire des villas sur les dix lots à la cité OUA que le sieur Bodombossou a assigné l’architecte Walla en justice. Des rebondissements juridiques confus ne permettent pas de clarifier la situation. D’abord, le 11 aout 2011, une ordonnance à pied de requête N° 1814/2011 fut rendue par le président du tribunal de première instance de première classe de Lomé, laquelle ordonne au cabinet de Bernard walla la délivrance immédiate des titres fonciers correspondant aux parcelles de la cité OUA suivant mandat donné par le requérant, en d’autre termes, feu Patassé. Le mandataire étant donc Bodombossou.
Ensuite, l’ordonnance N° 0779 du 19 mars dernier rendu par le juge Awoulmère Nayo ordonne la cessation immédiate des travaux en cours sur certaines des parcelles et autorise la confiscation des outils de travail des ouvriers, au cas où ceux-ci ne s’exécutaient pas volontairement et du besoin avec assistance de la force publique.
Cette dernière et récente ordonnance n’est ni sue ni connue de Bernard Walla lorsque nous l’avons rencontré. Pour lui, le dossier était définitivement clos en sa faveur depuis qu’une nouvelle décision en appel avait débouté l’ordonnance 1814 de 2011. Ce fut une bonne surprise pour lui de voir cette nouvelle ordonnance qui ne lui a même pas été notifiée.
Pour lui, le clan Patassé, feu président, beau frère conseiller et associé lui doivent pour ses prestations. Sur la facture dont nous avons reçu copie, il réclame la somme de 4.48 Millions de Fcfa. La partie adverse crie au voleur et demande purement et simplement la restitution des biens qu’il aurait acquis frauduleusement. Pour le clan, il ne lui a jamais été demandé d’acheter les lots en son nom. Mais lui soutient que c’est grâce à son appui qu’on a pu obtenir ces lots qui étaient déjà en rupture.
Véritable cafouillage de tous ordres. Les ordonnances contradictoires du tribunal de Lomé, l’intention de Monsieur Bodombossou de se faire attribuer les titres fonciers des parcelles, le refus de Berbnard Walla de le faire.
Dans la foulée, c’est l’un des fils de Patassé, Abraham, que nous avons également contacté qui est révolté contre le refus de l’architecte de leur rendre le bien de leur papa. Le fils n’est pas le plaignant. Il reste dans l’ombre de son oncle, sieur Bodombossou qui partagera le butin, en cas de victoire, avec eux.
L’histoire de l’héritage de Ange Félix Patassé ressemble à celle des deux voleurs et l’âne. Le troisième larron étant le gouvernement centrafricain qui pourra s’approprier ce patrimoine au cas où il est mis au parfum et l’espoir de plusieurs groupes d’individus se sera envolé.
Cette affaire de bataille rangée entre Bernard Walla et Réné Bodombossou est sue au plus haut niveau de l’Etat. L’ex-chef, d’Etat feu Gnassingbé Eyadéma, ayant facilité l’acquisition des parcelles, Faure Gnassingbé ayant été mis au courant de l’évolution du dossier.
En marge de cette affaire, les vrais rôles joués par chaque acteur dans le sérail de Patassé lorsqu’il était Président en Centrafrique, les trafics de diamant, les sociétés fictives et les compte suisses qui sont détenus par les moins méritants sont autant de scandale.
Le rebondissement dans cette affaire vient à point nommé, le tombeur de Patassé étant en fuite et le pays étant entre les mains des rebelles qui ont pris le pouvoir. Sans doute que les choses vont se normaliser rapidement pour que les comptes soient faits à chacun. Les deux frères togolais pourraient témoigner ou répondre de rôles joués dans la politique et l’économie centrafricaine. A suivre
Carlos KETOHOU